Elvea 21-89
Prix de revient et prix de vente au cœur de l'AG d'Elvea 21-89
Le milieu agricole le dit depuis plusieurs mois mais la dernière assemblée générale d’Elvea 21-89 l'a démontré de manière chiffrée : si les cours de la viande bovine ont connu en 2022 de belles progressions, la hausse parallèle des prix de revient douche un peu l’enthousiasme.
Lors de son assemblée générale, organisée à Nan-sous-Thil le 14 septembre, l’organisation de producteurs Elvea 21-89 (qui rassemble 189 élevages bovins, très majoritairement sur la Côte-d’Or mais également sur l’Yonne, ainsi que 24 acheteurs), a présenté une étude économique intéressante. Elle a été réalisée en comparant les prix de revient calculés par l’Institut de l’élevage (Idele) et les prix de vente pratiqués en ferme chez les adhérents d’Elvea. Ses résultats (voir encadré) révèlent que, malgré l’augmentation des prix de vente des animaux, les prix de revient ne sont pas encore atteints : il manque, en moyenne 20 %. François Deroye, président d’Elvea 21-89, en concluait que « s’il y a bien un rattrapage qui s’est effectué, on est loin d’une situation idéale et la décapitalisation se poursuit ». Le fait est que l’on constate une baisse régulière du nombre de vaches allaitantes y compris en Côte-d’Or : entre 2019 et 2023, le cheptel est passé de 73 015 vaches à 68 823. En parallèle, entre 2012 et 2023, le nombre de naissances de veaux viande a baissé de plus de 8 %.
Inquiétude sur les importations
Dans son rapport moral, François Deroye a redit la préoccupation générale face au manque d’eau et l’importance, pour les élevages, de progresser sur l’autonomie alimentaire. La décapitalisation et la hausse des charges lui font craindre une hausse des importations de viande : « A ce jour, insistait-il, le prix des animaux n’est toujours pas satisfaisant. On peut craindre que se répète le schéma observé pour le mouton avec 50 % de la viande consommée en France, importée. On nous parle de souveraineté alimentaire mais on a l’impression que nos politiques ne se rendent pas compte de la situation ». « Avec une telle tendance, remarquait un participant dans la salle, on peut sérieusement se demander où en sera l’élevage allaitant dans le Morvan, dans vingt ans… » Il n’en reste pas moins qu’en 2022, globalement, les prix se sont bien comportés, dans toutes les catégories :
– en broutards charolais, le prix moyen a été de 1 270 euros (991 euros en 2021)
– en laitonnes charolaises, là aussi, la hausse a été constante avec un prix moyen de 1 017 euros (870 euros en 2021)
– en vaches maigres charolaises, prix moyen de 1 670 euros (1 449 euros en 2021)
– en taurillons gras charolais, un prix moyen/kg de 4,99 euros (3,87 en 2021)
– en génisses grasses charolaises, un prix moyen/kg de 5,19 euros (4,39 en 2021)
– en vaches grasses charolaises, un prix moyen de 4,83 euros/kg (3,90 en 2021)
– en taureaux gras charolais, un prix moyen de 4,26 euros/kg (3,05 en 2021)
Pour conclure, les cotisations à Elvea 21-89 vont augmenter. Elles n’avaient pas bougé depuis 2016. Cette augmentation se traduit par une hausse du forfait qui passe de 80 à 85 euros, accompagnée d’une hausse de 20 centimes de la part, à la vache, pour chaque tranche (pour les naisseurs : jusqu’à 60 vaches, 1,20 euro / vache vêlée. De la 61e à la 100e : 80 centimes. À partir de la 101e : 60 centimes. Pour les engraisseurs : jusqu’à 60 achats, 40 centimes / achat. Du 61e au 100e : 30 centimes. Du 101e au 150e : 20 centimes).
Jusqu'à 40 % de différence !
Dans l’étude comparative menée par Elvea 21-89, entre prix de revient calculé par l’Idele et prix de vente dans les fermes des adhérents, trois catégories d’animaux sont représentées : les vaches, les génisses et les broutards avec, pour chacune, une analyse comparative par semestre, entre juin 2020 et décembre 2022.
– Pour les vaches, l’écart entre prix de revient et prix de vente est monté jusqu’à 32 % au 2e semestre 2021 : prix de revient 5,34 euros / prix de vente moyen au kg 4,06 (soit une différence de 1,28 euro). Au 2e semestre 2022, l’écart était encore de 19 % (6,12 euros / 5,15 euros) soit une différence de 97 centimes.
– Pour les génisses, l’écart entre prix de revient et prix de vente est monté jusqu’à 30 % au 1er et au 2e semestre 2021 : prix de revient au 1er semestre de 5,58 euros / prix de vente moyen au kg de 4,30 euros (différence de 1,28 euro), puis, au 2e semestre, prix de revient de 5,84 euros / pris de vente 4,49 euros (différence de 1,35 euro). Au 2e semestre 2022, l’écart était encore de 23 % (6,69 euros / 5,44 euros soit une différence de 1,25 euro).
– Pour les broutards, l’écart entre prix de revient et prix de vente est monté jusqu’à 40 % au 1er semestre 2021 : prix de revient 3,38 euros / prix de vente moyen au kg 2,42 euros (soit une différence de 96 centimes). Au 2e semestre 2022, l’écart était encore de 21 % (4,05 euros / 3,34 euros soit une différence de 71 centimes).