Conjoncture
Selon la FNB, l'embellie des cours en viande bovine reste "plombée" par les niveaux de charges
Le contexte économique de l’élevage bovin pour ces dernières semaines se caractérise par une poursuite de la décapitalisation en élevage allaitant, mais aussi par un coup d’arrêt porté à la lente baisse des charges sur les matières premières agricoles. Les prix de revient restent donc encore à des niveaux élevés.
Après des mois d’inflation, bien que les prix des matières premières aient commencé leur lente diminution (chiffres de fin juin 2023 source : Ipampa viande bovine, RICA 2015, traitement Institut de l’élevage : aliments achetés : -6,5 % ; engrais et amendements : -61,2 % ; énergie et lubrifiants : -15,5 %), les indicateurs de prix de revient en viande bovine (calculés selon l’accord interprofessionnel en date du 22 mai 2019) augmentent de 1 % sur le 1er semestre 2023. Cette hausse est la conséquence d’une revalorisation du SMIC sur la période concernée, qui impacte à la fois le poste rémunération éleveur mais aussi les postes « Biens et services de consommations intermédiaires », « Produits et services vétérinaires », « Entretien et réparation des véhicules » et « Frais généraux » calculés au sein du prix de revient interprofessionnel.
Les coûts énergétiques pèsent
Sur le mois d’août, les tendances sur l’Indice des prix d’achat des moyens de production agricole (Ipampa) viande bovine ne sont plus à la diminution, comme constatés sur le printemps et le début de l’été : il s’élève alors à 133,7 points (VS 132,4 en juillet, soit une augmentation de 1,3 point). Cette augmentation est due principalement à la hausse, sur un mois, du poste « Énergie et lubrifiants » (+17,8 points). L’estimation FNB du coût de production sur le mois d’août, reste à des niveaux élevés (voir tableau 1). La décapitalisation du cheptel bovin allaitant enclenchée depuis 2016, s’est accélérée sur l’année passée. (Baisse de 112 000 têtes sur la campagne 2022-2023). Alors que la consommation par bilan se tient globalement (-1 % /2022 sur les 6 premiers mois de l’année), cette décapitalisation toujours marquée (-2,8 % en août par rapport à la campagne précédente) se traduit par la poursuite de la tendance à la baisse des abattages poursuivie. Fin août, les chiffres le prouvent : -4,3 % d’abattages sur les 33 premières semaines de 2023 VS 2022 (Source : Normabev). La décapitalisation se traduit également par une baisse des naissances d’au moins 140 000 animaux sur la campagne 2022-2023. Cette baisse implique une réduction des effectifs d’animaux mis sur le marché d’environ 10 % ! Aussi, alors que la part de l’Italie dans nos exportations sert souvent d’alibi, il ne faut pas oublier la dépendance réciproque des Italiens à l’approvisionnement français qui oscille entre 85 et 90 %.
L’embellie se poursuit sur les cours
Dans ce contexte, avec une telle réduction de l’offre, et alors que la demande est dynamique, il ne peut y avoir qu’un effet favorable sur les cours. Les cotations étaient orientées à la hausse pour toutes les catégories animales sur l’année 2022, et ce devrait encore être le cas en 2023. Malheureusement, cette embellie est à relativiser au regard de la hausse des coûts de production interprofessionnels. Bien que les cotations aient augmenté de 25 % sur 2022, toutes catégories animales confondues (hausse de 1,04 €/kg sur le Prix moyen pondéré), le constat est là : cette embellie des cotations ne permet toujours pas de couvrir la hausse des charges subie par les éleveurs sur l’année écoulée. L’écart entre coût de production interprofessionnel et cotation ne diminue que très légèrement sur les diverses catégories animales, par rapport à celui de 2018 ! Les signes d’une amélioration de la rémunération des éleveurs bovins restent à la marge…