Chambre d'agriculture
Une session très économique
Budget rectificatif, bilan des moissons et conséquences sur les trésoreries, aide à l'engraissement : ces questions auront structuré la dernière session de la Chambre d'agriculture de la Nièvre, le 19 septembre au Marault.
Économique, la session de la Chambre d'agriculture de la Nièvre, le 19 septembre à la ferme du Marault, le fut incontestablement. Entre l'adoption d'un second budget rectificatif (voir encadré), le bilan des moissons prolongé des résultats économiques qui pourraient en découler, et l'évocation d'une aide financière à l'engraissement mise en place par le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (BFC), les yeux étaient tournés vers les compteurs de la santé financière. Le bilan des récoltes, présenté par Cédric Zambotto, responsable technique Productions végétales à la Chambre n'a pas surpris : dans la Nièvre comme ailleurs, les attentes, en matière de rendements et de qualités, ont été déçues. « En 2023, soulignait le technicien, les semis ont été compliqués en céréales. On croyait à un record de précocité et, finalement, ce fut un record de retard. Au final, on constate des problèmes de qualité en céréales (PS), et l'année aura été très marquée par la montée en puissance de certaines maladies ». L'origine de cette situation se trouve en grande partie dans une pluviométrie excessive : sur certains secteurs du département, de 200 à 350 mm de plus que la normale ont été enregistrés ! Cela a aussi entraîné des soucis d'implantation de maïs ou de tournesol en raison de parcelles inondées.
Vigilance pour l'avenir
Autre corollaire à ces conditions : des montées en puissance de maladies que Cédric Zambotto avoue n'avoir jamais constatée auparavant. Sur les rendements, la sanction a été immédiate : « en comparant les récoltes de blé tendre d'hiver 2023 et 2024, les rendements dans le département se sont établis, en moyenne, à 56 q/ha, contre 73 q habituellement, avec une particularité : les sols traditionnellement les plus favorables ont été les plus impactés ». En orges d'hiver, des différences du même ordre sont observées avec 48 q de rendement moyen contre 73 q habituellement. Les colzas ont subi une baisse moins prononcée avec 29 q contre 35 en temps normal. Face à ce contexte, Cédric Zambotto appelle les agriculteurs à la vigilance s'ils utilisent pour la prochaine campagne des semences de ferme qui pourraient être porteuses de germes de maladie mettant en péril la récolte 2025. Dans un autre domaine, la soixantaine de maraîchers du département a aussi subi les effets de ces mauvaises conditions climatiques. Ils espèrent du soutien de la part des banques, de la MSA, du Conseil départemental et des assurances. Le besoin d'une aide financière spécifique à leur niveau est réel. Cédric Zambotto constate enfin que « ce qui nous permettra, demain, de nous adapter au changement climatique et aux résistances à certaines matières actives, ou à la suppression d'autres matières actives, ce sont les variétés en conventionnel comme en bio ». Face à cette situation, Didier Ramet, le président de la Chambre, a soumis au vote de l'assemblée l'idée d'allouer une aide de 200 euros à 200 clients de la Chambre pour soutenir le monde végétal, pour un total de 40 000 euros.
Des baisses d'EBE
Dans le prolongement de ces constats, des projections sur les situations économiques des exploitations ont été présentées. En résumé, en prenant l'exemple d'une exploitation de grandes cultures de 200 ha, le manque à gagner se monterait à 32 000 euros et représenterait une diminution de l'Excédent brut d'exploitation (EBE) comprise entre 35 et 45 %. Pour une exploitation de même surface mais en polyculture-élevage, les projections de la Chambre révèlent un manque à gagner de 20 000 euros et une baisse de l'EBE entre 20 et 25 %. Dans ce cas précis, toutefois, les pertes dues aux qualités de fourrages médiocres et les besoins en complémentation n'ont pas été pris en compte. Ce qui a incité Cyril Fourest à insister sur la nécessité pour les éleveurs d'établir rapidement des analyses de fourrage afin de calculer les rations au plus juste. En regard de ce contexte, de forts questionnements s'expriment sur les capacités de trésorerie à tenir et l'on constate déjà des difficultés de finition sur certains animaux, et des ventes anticipées, notamment face au risque sanitaire (FCO, MHE) mais qui se font sur des animaux moins lourds. C'est aussi dans ce cadre que se dessine l'aide financière à l'engraissement, construite par le Conseil régional de BFC avec le soutien de la Chambre régionale d'agriculture. Didier Ramet a prévu de rencontrer les responsables des marchés au cadran de la Nièvre afin de s'appuyer sur eux pour communiquer sur l'intérêt d'une telle mesure auprès des éleveurs. Enfin, en conclusion de cette session, le président de Chambre a délivré un message rassurant sur la santé de Jocelyn Kerleaux, directeur de la Chambre, absent depuis plusieurs mois et qui pourrait reprendre ses fonctions en ce mois d'octobre.