Filière avicole
Relancer la production régionale
Louis Accary, ancien éleveur en Saône-et-Loire et président du Comité d'orientation régional de l'élevage (Corel), section avicole, de Bourgogne-Franche-Comté, interpelle la présidente de Région, Marie-Guite Dufay, dans une lettre ouverte.
« Madame, pourquoi nous parler de protection de la planète, d’écologie, de favoriser l’alimentation locale si, en même temps, vous favorisez les importations de volailles venant de différents points de notre planète ? Pourquoi nous avoir demandé de réfléchir à ce que sera l’agriculture en 2040, si en même temps vous massacrez notre filière avicole régionale qui, aujourd’hui, emploie 3 000 salariés ? Depuis bientôt deux ans que le nouveau plan Bâtiment a été mis en place, le bilan est catastrophique : zéro dossier avicole déposé, soit deux années blanches, malgré nos interventions pour vous demander de rendre ce plan accessible. Lorsque l’on regarde l’âge de nos producteurs, il est urgent de favoriser l’installation de nos jeunes qui sont volontaires pour produire l’alimentation demandée par nos consommateurs. Vous nous dites que vous voulez favoriser les produits d’excellence, très bien ! Mais regardez le marché : on observe une baisse de 20 % des ventes de nos labels, AOP, productions bio : ces productions ne correspondent plus au pouvoir d’achat de la plupart des ménages et très certainement pas à la totalité de la viande de volaille servis dans les cantines de nos lycées, hôpitaux ou encore Ehpad. En revanche, on remarque une augmentation forte du marché des volailles dites conventionnelles qui répondent aux normes de biosécurité animale et alimentaire, autant qu’au bien-être Animal (ECC, BCC, Nature d’éleveur…) le seul « reproche » que l'on peut leur faire c'est ne pas avoir un parcours plein air qui est, avec l’épidémie de grippe aviaire, régulièrement diminué en surface, voire interdit. En conséquence : que pensez-vous de l’élevage de souches qui doivent avoir accès à un parcours, élever en claustration : où est le bien-être animal ? La Bourgogne-Franche-Comté est déficitaire en production avicole alors que nous avons sur place les céréales, les abattoirs et les éleveurs qui ne demandent qu’un petit coup de pouce pour s’engager dans la production. Avec des augmentations de 30 % des coûts des matériaux de construction, des prêts bancaires, des coûts de la main-d’œuvre, nous avons besoin de l’accès aux fonds européens afin de nous aider à construire du neuf pour remplacer les bâtiments qui vont s’arrêter, ou rénover ce qui existe pour les mettre aux normes des nouvelles demandes sociétales (bien-être animal, économie d’énergie, sécurité sanitaire). Si vous regardez le monde qui nous entoure et avec tous ces conflits, il est urgent de protéger notre indépendance alimentaire, afin de protéger nos populations du risque de crise alimentaire. De plus, notre filière participe à l’économie régionale par ses productions de qualité et avec toute la traçabilité sanitaire demandée par nos consommateurs. La filière volaille de chair française, autrefois leader en Europe, est aujourd'hui confrontée à une forte concurrence, notamment en raison de coûts de production plus élevés et d'une difficulté à répondre aux besoins du marché. La croissance de la consommation intérieure est principalement tirée par la restauration hors domicile, un segment où les importations, souvent moins chères, sont privilégiées. Les importations de volaille de chair en France entraînent des conséquences multiples et complexes sur le marché intérieur. Elles offrent aux consommateurs des prix plus bas mais réduisent la compétitivité des producteurs français, mettent en péril l'emploi dans les zones rurales et rendent plus difficile la mise en œuvre de politiques de qualité. Les stratégies de montée en gamme, axées sur les produits de qualité, peinent à compenser cette situation. Malgré des aides publiques, la filière reste fragile face aux enjeux sanitaires (influenza aviaire) et aux évolutions réglementaires. La Cour des comptes préconise une clarification des objectifs et une meilleure coordination des acteurs pour définir une stratégie de développement durable et compétitive. En juillet, vous nous aviez promis de revoir cette grille de sélection, ainsi que les plafonds et aussi de la simplification afin d’être plus efficace, nous attendons toujours cette rencontre, si l’on veut être cohérent pour le 1er appel à projet 2025 il ne faut pas attendre, il est urgent de se mettre au travail afin que les agriculteurs puissent se positionner sur ce nouvel appel à projet. Nous avons dans notre région, une richesse extraordinaire de variété de produits, ne la massacrez pas, aidez-nous à la protéger et à la transmettre à nos jeunes ».
Exergue : « on observe une baisse de 20 % des ventes de nos labels, AOP, productions bio : ces productions ne correspondent plus au pouvoir d’achat de la plupart des ménages et très certainement pas à la totalité de la viande de volaille servis dans les cantines de nos lycées, hôpitaux ou encore Ehpad ».