Il est encore bien trop tôt pour connaître les conséquences de la FCO en Côte-d'Or, mais certains échos ne sont pas très rassurants.
À la date du 11 octobre, la Côte-d'Or comptait 98 foyers de FCO : 88 en sérotype 3 et dix en sérotype 8 (quatre d'entre eux cumulaient les deux). « La 3 vient du nord et la majorité des foyers se trouvent en haut de Dijon. C'est l'inverse pour la 8, à quelques exceptions près », présente Gilles Rabu, technicien en GDS21. Celui-ci relaye plusieurs informations transmises par des éleveurs : « il semble y avoir de la casse sur le terrain, voire beaucoup de casse chez certains. Il faudra tout de même attendre encore un peu avant d'avoir un bilan chiffré et plus réaliste de la situation ».
Vaccinés, et pourtant…
Comme déjà évoqué dans nos précédentes éditions, les éleveurs ovins se sont montrés très réactifs pour vacciner. Flavio Py, éleveur à Ménétreux-le-Pitois près de Venarey-Les Laumes, a fait partie des tout premiers à commander des doses et les injecter à ses ovins : « Le 24 août, tout le monde y était passé mais malgré cela, 25 de mes animaux ont perdu la vie, y compris plusieurs brebis ». Questionné sur cette problématique, Gilles Rabu rappelle qu'aucun vaccin n'est malheureusement efficace à 100 % : « il y a aussi un tas d'autres paramètres à prendre en compte, notamment le délai nécessaire pour que l'immunité se mette en place. L'ATU (autorisation temporaire d'utilisation) mentionne une protection à partir de trois semaines / un mois, pour une pleine efficacité à 39 jours. Le vaccin a peut-être été administré trop tard, même si l'éleveur ne pouvait pas faire autrement… La maladie était peut-être aussi déjà là, lors de la vaccination, c'est une autre éventualité ».
Craintes pour la suite
Falvio Py s'interroge sur les dégâts aujourd'hui invisibles dans sa troupe, en lien avec la reproduction : « j'en saurai davantage dans quelque temps avec le résultat des échographies, mais d'après mes observations, les femelles remplissent très mal et je crains de ne pas atteindre les 20 % de remplissage. Si tel est le cas, j'aurai un manque à gagner d'environ 20 000 euros sur mes agnelages de décembre-janvier : c'est juste énorme pour un jeune en deuxième année d'installation ! Et même si les brebis sont pleines, rien ne dit qu'elles feront assez de lait… Et dans quel état naîtront les agneaux ? Il y a beaucoup d'interrogations à ce jour ». Yannick Thibert, éleveur à Villerberny, a perdu six brebis, deux béliers et quatre agneaux à cause de la FCO-3 : « Les adultes en question étaient pourtant vaccinés, mais seulement depuis deux à trois semaines. Le vaccin n'était peut-être pas encore pleinement efficace ? Le virus avait-il déjà été contracté par ces animaux et l'effet du vaccin les a-t-il achevés ? La mortalité s'est visiblement calmée, le pic est intervenu chez moi à la mi-septembre ». Le temps pluvieux des derniers jours serait-il en mesure de freiner la propagation de la maladie ? « Rien n'est moins sûr », commente Gilles Rabu, rappelant que seule une température inférieure à 8 °C pendant une longue période serait en mesure de limiter la prolifération des insectes vecteurs de la FCO.
Mauvais souvenirs
Troisième éleveur Côte-d'orien interrogé dans cet article, Germain Cadouot, de Bussy-la-Pesle près de Sombernon, n'a volontairement pas vacciné ses ovins : « Les mauvais souvenirs étaient bien trop nombreux, suite aux derniers épisodes de FCO à l'issue desquels j'avais perdu de nombreuses bêtes. Dès le lendemain des injections, je ramassais entre 8 et 10 brebis mortes chaque jour, pendant une semaine… Je m'en souviens très bien, même trop bien : je n'osais même plus entrer dans la bergerie le matin. Ces mauvais souvenirs m’ont dissuadé de vacciner cette fois-ci. Entre fin juin et début septembre, j'ai perdu une trentaine d'animaux. Quelque part, je me dis que c'est sans regret : j'aurais vacciné au mieux fin août mais la maladie était déjà là depuis un petit moment ».