En Namibie
Une ferme pas comme les autres
La Namibie est un pays situé au sud-ouest de l'Afrique. Indépendant depuis 1990, c'est une terre d'opportunités. Ysaline, jeune femme dijonnaise, y vit depuis plus de dix ans. Son compagnon, Namibien, travaille pour une ONG. Il structure un projet de maraîchage et d'élevage de poules pondeuses qui redonne vie à tout un village.

En 2013, Ysaline, 18 ans et son Bac en poche, quitte Dijon pour une année sabbatique. Sa soif de découvrir le monde l’amène en Namibie, en Afrique australe. 11 ans plus tard, elle vit toujours à Windhoek, la capitale du pays, travaille dans le tourisme et vit aux côtés de son compagnon, Peacemaker Imanga, avec qui elle a fondé une famille. Namibien né l’année de l’indépendance du pays en 1990, Peacemaker travaille pour une Organisation non gouvernementale (ONG) baptisée Home of Good Hope (La Maison du bon espoir), fondée par sa mère Monica. L'objectif est de venir en aide aux enfants de Katutura, le township (quartier populaire) de Windhoek. Chaque jour depuis plus de 15 ans, l'ONG apporte un soutien aux couches les plus défavorisées de la population en proposant une soupe populaire. L'initiative permet d'apporter un repas équilibré à plus de 500 enfants. L’ONG fonctionne grâce à des bienfaiteurs néerlandais, canadiens et suédois et de nombreux donateurs et bénévoles. En octobre 2023, un bienfaiteur allemand, par le biais de son relais en Afrique, a pris contact avec Peacemaker. Cet homme d’affaires ayant réussi, monte des projets sur le continent africain pour améliorer les conditions des plus démunis. Il connaît Home of Good Hope. Pour permettre à l'ONG de rester autonome et indépendante des autorités locales, il a souhaité créer une exploitation maraîchère et de production d’œufs, dont les bénéfices seront reversés à Home of Good Hope.
Un projet vertueux
Peacemaker a accepté le projet. L’ONG Home of Good Hope Farm Project voit le jour. Première étape : trouver un terrain propice avec une terre adaptée au maraîchage et de l’eau, indispensable évidemment. La municipalité de Groot Aub, une petite ville très étendue de 3 900 habitants à 60 km au sud de la capitale, accueille le projet. Groot Aub a un terrain à vendre, avec de l’eau en souterrain… à condition de la trouver ! La municipalité voit l’opportunité pour ses habitants de se nourrir en légumes et œufs frais. L’ONG acquiert donc 1,5 hectare, une surface atypique dans ce pays grand comme 1,5 fois la France et où la taille des fermes d’élevage et de chasse atteint souvent plusieurs milliers d’ha ! Les premiers travaux démarrent et s’enchaînent rapidement. Une clôture de protection de la parcelle est posée pour éviter les intrusions d’animaux et prédateurs, deux bâtiments d’élevage et de stockage sont construits. Le terrain est nettoyé, il a fallu enlever les détritus, les souches et les arbres morts, cribler le sol sableux et profond pour retirer les pierres. Une première serre est construite, couverte de filets brise-vent qui protègent surtout du soleil, largement suffisant dans cette région où il gèle très rarement.
Un sourcier à la rescousse
Puis est venue la recherche de l’eau ! Elle était présente sous ce terrain, c’est sûr. Les anciens du village l’affirmaient et les parcelles voisines ont leur puits. Peacemaker fait appel à une société de forage qui détermine deux points de captage sur la parcelle. La première tentative de forage à 130 m est sans succès, la seconde aussi. Finalement, c’est un sourcier du village qui va trouver la veine d’eau. Les porteurs du projet en ont été quittes pour une belle frayeur ! Entretemps, il aura fallu acheter et faire acheminer des citernes d’eau pour arroser les premiers semis de carottes, betteraves rouges, oignons, poivrons et épinards. La seconde serre a ensuite été montée et le réseau hydraulique installé pour l’irrigation en goutte-à-goutte. L’eau est puisée entre 50 et 130 m selon les saisons puis acheminée vers des cuves placées en hauteur. L’arrosage se fait par simple gravité. La pompe de forage, comme le reste des installations, est alimentée par l’électricité produite par 20 panneaux solaires. Le surplus non consommé est stocké dans des batteries.
Trois emplois créés
Pour mener à bien sa mission, Home of Good Hope Farm Project emploie trois salariés, tous logés sur place dans la maison construite à cet effet. David, maraîcher de formation, pilote les productions de légumes, aidé par Georges et Jérôme. D’autres légumes sont aussi cultivés au fil des mois : différentes sortes de tomates (allongées, violettes, rondes…), des butternuts, pastèques, melons… Fin mai 2024, la ferme a pu commercialiser ses premières productions. Une fierté pour Peacemaker Imanga, d’autant plus que le bouche-à-oreille est favorable, les voisins viennent nombreux s’approvisionner en légumes du village. Quant aux légumes « moches », ils sont donnés à Home of Good Hope pour les repas des enfants. Le mois de mai a également été marqué par le démarrage de l’atelier poules pondeuses. Les poules, de variété Lohmann Brown, arrivent à 18 semaines, prêtes à pondre et sont nourries à base de céréales. Démarrée avec 200 poules, la production a rapidement trouvé sa clientèle : voisins, restaurants et associations de Windhoek. Pour répondre à cette demande, le bâtiment qui abrite les poules en cages a été agrandi et leur nombre va prochainement passer de 200 à 850. Peacemaker Imanga ne pouvait rêver d’un meilleur démarrage, une belle récompense pour lui qui cherche en permanence à améliorer les conditions de ses concitoyens.