Élevage et climat
Des liens à valoriser

Chloé Monget
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Le 17 janvier, une rencontre dédiée à l'élevage dans le cadre des rendez-vous du syndicat et des JA 58 pour les élections Chambre, fut organisée à Cercy-la-Tour. 

Des liens à valoriser
Christine Valentin, à gauche, était présente lors de la rencontre du 17 janvier, organisée par la FDSEA 58 et les JA 58.

C'est en présence de Christine Valentin, présidente de la Chambre d'agriculture de Lozère et vice-présidente de la Chambre d'agriculture de France, que se déroula la rencontre proposée le 17 janvier par la FDSEA 58 et les JA 58 dans le cadre des cycles d'événements pour les élections Chambre. Ce rendez-vous avait lieu à Cercy-la-Tour, dans l'exploitation d'Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58, et fut axé sur l'élevage et le climat.

Emmanuel Bernard introduit les échanges : « En voyant les années passées, nous constatons que l'élevage a été attaqué sur de nombreux sujets, notamment pour son impact sur l'environnement. Malgré tout, il faut reconnaître que par l'engagement syndical, à tous les niveaux, des avancées ont été faites afin de remettre certains points dans le bon sens que ce soit auprès des pouvoirs publics ou du grand public. Je pense que nous avons réussi à mettre en lumière l'importance économique et sociale des exploitations dans notre territoire. En parallèle, il a aussi été montré que la consommation de viande ne baisse pas mais que la problématique émergente est celle de l'apport de l'élevage français car la perte de vaches se poursuit et bientôt nous ne pourrons plus fournir… ».

À exposer

Afin de mettre en évidence quelques clefs de travail, les échanges furent allés bon train autour de différents sujets. Parmi eux, il fut question du lien entre élevage, ou agriculture au sens large, comme un moyen de préserver l'environnement. Christine Valentin martèle : « Il a souvent été mis en contradiction l'élevage et les prairies, alors qu'une passerelle entre les deux existe, et est même logique : les éleveurs ont besoin des prairies, et donc les préservent… cela est souvent oublié par les pouvoirs publics. Aujourd'hui, il est nécessaire de faire reconnaître l'engagement des exploitants dans ce domaine. Et, cela passe par la valorisation de leurs pratiques (via l'octroie de labels spécifiques par exemple) mais aussi par une valorisation économique (au travers d'aides ciblées). Pour ce dernier point, il faut que l'existant soit reconnu en premier lieu, car actuellement ce n'est pas le cas. L’élevage, c’est la production de matières organiques et donc l’enrichissement des sols alors que les territoires où les cultures ont remplacé l’élevage constatent des baisses de rendements ». Emmanuel Bernard, rappelle : « La prime à l'herbe, mise en place par Pierre Bérégovoy, fut un début de réponse mais il faut que le combat continue. Pour arriver à définir ce que nous voulons, une collaboration entre la Chambre et les syndicats est indispensable ».

Faire entendre sa voix

De manière fluide, le soutien de l'État fut ensuite au cœur des débats. Christine Valentin pointe : « Il faut épauler les exploitants souhaitant aller encore plus loin dans la valorisation de leur production, à l'image de l'engraissement. Celui-ci s'inscrit parfaitement dans la volonté de souveraineté alimentaire dont nous entendons beaucoup parler. Mais, ce système demande là encore un accompagnement, des Chambres d'agriculture bien évidemment pour le volet technique, mais aussi de l'État et de l'Europe pour le volet financier ». Emmanuel Bernard rebondit : « Mon exploitation engraisse depuis environ 40 ans. Cette direction ne s'est pas faite en un jour car elle demande de nombreux ajustements. Cela étant dit, je pense qu'il est grand temps de nous donner les moyens de prendre en main cette souveraineté, car depuis la suppression de la prime à la vache, soyons clairs, ici tout le monde a été perdant. Ces décisions de financer ou non notre profession ne tombent pas du ciel et d'où l'importance de la représentativité de la profession, par les syndicats ou les Chambres, dans les instances décisionnaires ». Sur cette question des décisions, un autre problème fut mis en exergue par les éleveurs présents : le peu de moyens médicaux à leur disposition – ou celle des vétérinaires. Une personne dans l'assemblée martèle : « On nous retire des médicaments sans nous proposer d'alternatives, en nous laissant seuls face à la perte de nos animaux ». Emmanuel Bernard réagit : « les vétérinaires aussi doivent faire entendre leurs voix, avec des retours de terrain. Sans cela, les avancées seront compliquées pour ce pan ».

Des transmissions à faire

La salle continua de réagir : « Comment transmettre nos exploitations lorsque toutes ces contraintes s'accumulent et que les revenus s'amenuisent ? ». Naturellement, la question du renouvellement des générations fut donc mise sur la table et Emmanuel Bernard martela : « nous avons des gens intéressés pour s'installer – heureusement – mais il faut leur donner les moyens de le faire ! ». Christine Valentin compléta : « je suis persuadée que par une valorisation rémunératrice des prairies, cela permettra d'apporter de la plus-value dans les exploitations et donc de sécuriser des installations. On nous parle de décarbonation, à nous de positionner l'agriculture comme l'une des solutions les plus viables et efficaces pour l'avenir. En sus, il faut revaloriser les retraites avec 85 % du smic et appliquer le système des 25 meilleures années de cotisation ». Emmanuel Bernard conclut : « la guerre n'est pas encore gagnée, mais le réseau FDSEA est à pied d'œuvre, de même que les Chambre d'agriculture, pour gagner les batailles ». Sur ces mots, il orchestra la visite de son exploitation pour, à l'issue, terminer sur un déjeuner convivial.

Image supplémentaire
L'exploitation d'Emmanuel Bernard est engagée depuis environ 40 ans dans un système engraisseur.