Les champs de sorgho fourrager ne sont plus si rares en Côte-d'Or. Les épisodes de sécheresse des années passées ont motivé des éleveurs à « tenter le coup ».
Originaire d'Afrique de l'Est, le sorgho pointe son nez dans plusieurs exploitations du département. Il faut dire qu’après les sécheresses des dernières années, l'urgence était de s'adapter. Jean-Marc Girard a choisi de tester cette plante connue pour sa tolérance au stress hydrique : « Cela fait sept ou huit ans que nous en avons, mon fils Benjamin et moi, dans l'idée de sécuriser nos stocks fourragers, sachant que nous ne faisons pas de maïs. Nous lui dédions généralement six ou sept hectares. Cette année, nous n'en avons exceptionnellement que trois ». À Thoisy-le-Désert, fief du Gaec Girard, les rendements de sorgho varient entre 5 et 8 tonnes brutes : « nous l'implantons fin mai, juste derrière un méteil. Les plantes sont récoltées à la mi-septembre, idéalement au début de la floraison pour viser le maximum de qualité. Il faut un peu d'eau au début : si le sorgho a un bon démarrage, il se défendra très bien par la suite. Il y a deux ans, pour l'anecdote, nous avions tenté le coup dans le sec mais cela n'avait absolument rien donné ».
« Un foin moyen »
La hauteur des plantes varie entre 1 et 2,5 m. « La culture semble apprécier les bonnes terres, mais l'objectif n'est pas de le mettre là où il y a un peu de potentiel… », poursuit le chef d'exploitation, « il faut trouver le bon compromis à chaque fois. Il est également conseillé d'apporter 30 à 40 unités d'azote mais nous ne le faisons pas, par soucis d'économie. Il n'y a aucune intervention pendant le cycle. Le sorgho, c'est juste un foin moyen. Il sera bien meilleur que certaines bottes que nous avons récoltées cette année. Un hiver, nous avions nourri nos trente génisses à la reproduction avec de l'enrubannage à volonté de sorgho : elles avaient apprécié, tout avait été mangé, y compris le pied de la plante qui est énorme ».
Vers 5 tonnes brutes ?
La récolte de 2024 ne devrait pas donner de très bons résultats sur le plan quantitatif : « c'est difficile à dire mais serons probablement sur une moyenne basse, autour des 5 tonnes brutes à l'hectare. La culture est très irrégulière cette année, certaines plantes ont bien poussé, d'autres beaucoup moins. Elles semblent avoir souffert elles aussi du trop d'eau. Lors de cette campagne très arrosée, cultiver du sorgho n'était pas pleinement justifié car nos stocks fourragers devraient être suffisants pour passer l'hiver, malgré leur piètre qualité. Le sorgho peut être utile lors d'une année sèche, pour ceux qui ne sont pas autonomes en fourrages… Comme nous ! ».