Le salissement des parcelles a été important et très problématique cette année en agriculture biologique. Un jeune Côte-d'orien témoigne.
Zéro intervention ou presque. « Aucun créneau n'a permis de désherber le moindre champ, c'est bien la première fois que cela arrive depuis notre passage en bio il y a huit ans », relève Thomas Fagotet, exploitant à Thoisy-le-Désert près de Pouilly-en-Auxois. D'ordinaire, un désherbage mécanique est au minimum possible et assuré. Mais là, non. « C'était vraiment trop humide, il n'y avait rien à faire », insiste le jeune agriculteur, qui a vu le salissement de ses parcelles « empirer » au fil des semaines. À l'heure de la moisson, les résultats sont logiquement altérés : « oui, les rendements sont décevants, bien que les maladies soient restées assez rares. À l'issue d'une année correcte, je vends généralement entre 15 et 30 tonnes de grains, principalement du blé, mais cette année, ce sera probablement aux alentours de 10 tonnes… Le reste sera intégralement conservé pour l'alimentation des bovins. Le blé, justement, donne entre 12 et 13 q/ha, alors que la moyenne historique de la ferme se situe entre 20 et 25 q/ha. Les belles années, nous sommes déjà montés à 35-40 q/ha ». Le son de cloche est à peu près le même pour le triticale, qui termine la campagne entre 13 et 14 q/ha, pour des rendements plus habituels de 20 à 25 q/ha, « il y a aussi du méteil, avec du triticale, de l'avoine et du pois. De la vesce sauvage a même poussé : elle aura le mérite d'apporter de la protéine aux rations ! La moyenne des deux champs ne dépasse pas 17-18 q/ha alors que nous visons d'ordinaire 25-30 q/ha. C'est dommage ».
Au rendez-vous
La seule culture qui répond présent cette année est le grand épeautre avec ses 15 q/ha. « Nous sommes exactement dans notre moyenne, qui varie entre 10 et 20 q/ha selon les années. Cette culture présente une certaine régularité en résistant assez bien au sec, à l'excès d'eau et aux maladies. C'est un bon compromis », affiche Thomas Fagotet. Cette céréale est cultivée sur 7 à 10 hectares tous les ans : « les graines se destinent exclusivement aux veaux, de la naissance au sevrage. Les plus jeunes reçoivent de l'argile en même temps, pour éviter les ulcères, notamment. Les animaux se développent bien et sont en bonne santé, je suis persuadé que le grand épeautre y est pour quelque chose. Les enveloppes du grain sont riches en cellulose, l'épeautre facilite aussi la mise en place de la rumination. Après le sevrage, le méteil prend systématiquement la relève. Concernant la paille, le grand épeautre équivaut facilement à un blé. Cette culture volumineuse et très légère est peu exigeante au niveau cultural ».