Économie
Financer une transition énergétique de territoires
La caisse régionale du Crédit Agricole Champagne-Bourgogne, associée à quatre autres caisses, vient de lancer CAREst, un fonds innovant dans le financement d’investissements liés à la transition énergétique. Le secteur agricole est concerné. Tristan Lamy, directeur des entreprises, de l’agriculture et de la banque privée au sein de la banque, revient sur ce dispositif.
Le fonds CAREst est présenté comme un outil de financement innovant. En quoi est-il nécessaire d’innover sur des projets de transition énergétique ?
Tristan Lamy : "Il faut innover parce que dans le domaine de la transition énergétique, on va voir de gros projets émerger. Jusqu’à présent, les outils de financement classiques suffisaient pour accompagner des projets photovoltaïques ou de méthanisation qui étaient à taille humaine. Là, le pas à franchir va être important. Lorsqu’on arrive sur des échelles de financement de plusieurs dizaines de millions d’euros, il faut des fonds propres conséquents. Notre objectif c’est d’atteindre la capacité de développer ce type de projet sur nos territoires. Si une banque comme la nôtre ne permet pas au territoire sur lequel elle opère de mettre en place de type de projet, elle passe à côté de quelque chose. Il fallait donc constituer un fonds d’un montant significatif, d’où la nécessité de s’allier entre cinq caisses régionales (1) pour apporter 75 millions d’euros, dans un premier temps".
La logique territoriale est-elle centrale dans ce dispositif ?
T.L. : "Oui, ces projets nécessitent une technicité importante et cette dimension est apportée par Amundi Transition énergétique, entité à laquelle les caisses régionales impliquées dans le fonds se sont associées. Amundi sera capable d’analyser très finement les aspects techniques des projets qui nous seront présentés. Si on ajoute à cela la très bonne connaissance de leur territoire par les caisses régionales, qui sauront sourcer les investissements, on peut aboutir à une traduction concrète de la transition énergétique, sur plusieurs parties du territoire, avec des projets favorisant l’autonomie énergétique, à partir d’une énergie « propre ». Cette logique se trouve déjà dans les projets d’agrivoltaïsme menés par Alliance BFC (constituée des coopératives Dijon Céréales, Bourgogne du Sud et Terre Comtoise) auxquels nous sommes associés".
Comment va fonctionner CAREst ?
T.L. : "Cinq caisses régionales sont impliquées pour une quinzaine de projets envisagés mais cela ne signifie pas qu’il y en aura obligatoirement trois par territoire de caisse : le but c’est que le fonds CAREst rencontre son marché et que, peu à peu, nous soyons amenés à l’abonder ou à en créer un autre. La preuve de son utilité aura été faite. Il faut comprendre que le Crédit Agricole s’inscrit dans la durée, alors que, souvent, sur des projets liés à la transition énergétique, le développeur et les investisseurs revendent leurs participations au bout de 4 ou 5 ans et d’autres fonds viennent dessus. Finalement, l’essentiel de la valeur générée ne profite pas au territoire. Les caisses régionales du Crédit Agricole peuvent se permettre, elles, d’investir sur le long terme. Ainsi, d’autres personnes de la région, parmi lesquels on pourra avoir des agriculteurs, qui seront rassurés par la présence d’une banque régionale, pourront investir à nos côtés. Cela confère de la constance au projet".
(1) Outre la caisse régionale Champagne-Bourgogne, les autres caisses impliquées sont : Franche-Comté, Alsace-Vosges, Lorraine et Nord-Est.