Service de remplacement
Remplacer sans éluder

Chloé Monget
-

Le 7 juin, le service de remplacement de la Nièvre (SR 58) tenait son assemblée générale à Lormes. L'occasion de faire le point sur le SR 58 avec un éclairage national.

Remplacer sans éluder
De gauche à droite : Ludovic Guyard, président du SR 58, Daphnée Thenadey, animatrice du SR 58, Laurent Ducray, vice-président du SR France, Florian Guyard, vice-président du SR 58, et Didier Ramet, trésorier du SR 58.

La mairie de Lormes accueillait l’assemblée générale du Service de remplacement de la Nièvre (SR 58) le 7 juin. À cette occasion, Ludovic Guyard, président du SR 58, rappelle : « nous changeons de lieu tous les ans afin de nous rapprocher de nos adhérents » et regrette « que peu aient fait le déplacement pour cette édition ».

Malgré tout, il pointe que : « nous les remercions de leur engagement au SR, en espérant que nos services leur conviennent ». Sur ces paroles, le bilan 2023 fut effectué, en présence de Laurent Ducray, vice-président du SR France et Karim Cheurfa Molinier, conseiller SR France ; offrant un éclairage global.

Équilibre et amélioration

C’est avec des comptes à l’équilibre que la réunion débute pour le SR 58, avec un excédant de 4 545 euros (avant impôts). Plus en détail, Ludovic Guyard revient sur l’enveloppe Casdar : « D’un montant d’environ 16 000 euros, elle est indispensable. Même si le nombre d’exploitants est en baisse, le besoin de formation et de réunion en lien avec le développement agricole lui augmente – justement car ils sont de plus en plus seuls. Pour la Nièvre, cette enveloppe est consommée tous les ans et nous la complétons afin de répondre aux besoins des agriculteurs, pour tenter de leur offrir des clefs de travail notamment face aux enjeux du changement climatique ». Néanmoins, au niveau national, cela ne se vérifie pas, comme le souligne Laurent Ducray : « nous avons des disparités. Mais la formation reste indispensable dans la métamorphose de nos métiers. Il faut aussi travailler sur la communication auprès de tous afin que cette aide soit connue ». Pour lui, cela passe également par la continuité de reconnaissance des SR partout en France : « Nous devons défendre d’une seule voix notre utilité, car force est de constater que nos services fonctionnent et sont sollicités de plus en plus ; preuve de cette réussite, l’accord de renouvellement du soutien financier de la Région (d’environ 400 000 euros) pour le SR Bourgogne-Franche-Comté. Pour que cela perdure, nous devons nous structurer via des outils efficaces et communs afin de fluidifier certains points, et ce tout en gardant notre ancrage dans le terrain ». Parmi ces outils, Demeter (logiciel et application) fut présenté, comme un moyen de faciliter les transmissions de fiches d’heures des salariés et les paies (en version dématérialisée), notamment, tout en permettant un suivi des dossiers en cas d’absence d’un collaborateur du SR. Ludovic Guyard détaille : « Avec Demeter, toutes les informations sont désormais en réseaux, et la BFC peut reprendre la main dans la gestion en cas d’arrêt maladie par exemple. De plus, les relances de paiement sont réalisées automatiquement ; dégageant du temps à nos agents pour d’autres tâches ».

Crédit d’impôts

Parmi les autres sujets abordés, Ludovic Guyard évoque le crédit d’impôts : « Nous sommes passés de 40 à 60 % d’aides et de 14 à 17 jours. C’est une aide intéressante qu’il est nécessaire de faire connaître, car pour ceux qui payent des impôts, ce crédit permet une diminution de ces derniers ; pour les autres, c’est un remboursement ». Malgré tout Laurent Ducray annonce : « Nous ne sommes pas satisfaits car le crédit d’impôts est étendu aux accidents et aux maladies. Prendre un congé c’est justement, dans certains cas, pour prévenir les accidents de la vie. Et, si tout est mélangé, quid de l’avenir du contrat groupe ? Quid des maladies durant plus de 17 jours ? Ce point pose de nombreuses questions ». Karim Cheurfa Molinier pointe : « au niveau national, avec l’élargissement aux maladies, nous avons constaté que de moins en moins de contrats groupe sont passés… ». Ludovic Guyard réagit : « C’est dommageable pour les exploitants, car le contrat groupe couvre mieux que le crédit d’impôts… mais je conçois que les tarifs peuvent en dissuader certains ». Afin de faire baisser le montant du contrat groupe, Laurent Ducray, Karim Cheurfa Molinier et Ludovic Guyard s’accordent : « il faut de nouveaux adhérents ».

Attraction indispensable

Pour les attirer, Ludovic Guyard pointe : « le nouveau système d’installation au niveau de la Région, invite fortement les jeunes à adhérer au SR. Ce point peut être décisif pour les banques, car même en cas d’arrêt pour l’exploitant, l’activité économique de son entreprise pourra continuer grâce au remplacement ». Mais, il met en évidence un frein : « nous n’avons pas le droit de vendre, au nom du SR, le contrat de groupe. Nous pouvons uniquement en faire la promotion ce qui réduit un peu notre champ d’action. Peut-être serait-il bon d’intervenir auprès de Groupama (qui en a l’exclusivité) afin de bien détailler ce contrat, qui est somme toute complexe ». Pour rappel, en 2023, le SR 58 compte 380 adhérents, contre 402 en 2022. Ludovic Guyard explique ce chiffre : « nous avons eu de nombreux départs en retraite, des résiliations en cas d’arrêt d’activité ou encore des décès… En parallèle, pour les congés maternités et paternités, cela n’est pris qu’une année si les concernés jugent ne plus en avoir besoin ensuite. Et, malheureusement, parfois, ils résilient par la même occasion tout le contrat. Nous comptons de nouveaux adhérents, mais ils ne compensent pas la perte ».

À revoir

Après ce tour d’horizon, Ludovic Guyard pointe, pour conclure, le travail effectué avec la Direction départementale des territoires sur le dossier du mal-être : « Nous essayons d’identifier par ce biais les exploitants qui sont en grandes difficultés et qui passent sous les radars. Nous constatons que les langues se délient sur ce sujet très préoccupant, mais il est nécessaire de mettre en place des leviers, notamment juridique pour que le SR puisse agir dans les situations d’urgences, lorsqu’un exploitant est dans l’incapacité de prendre des actes légaux (internement, accident, etc.) ». Il ajoute : « nous devons pouvoir le remplacer afin que son exploitation continue de fonctionner normalement durant son absence et préparer son retour. Malheureusement, actuellement, nous sommes obligés d’invoquer le bien-être animal pour que cela soit possible… Cela me semble ahurissant. Si une exploitation existe c’est qu’il y a un humain derrière. Je profite de la présence des élus dans la salle pour insister sur cela afin qu’ils fassent remonter ce problème aux parlementaires. L’humain doit être remis au centre du cadre juridique afin que le SR puisse intervenir sereinement ; c’est indispensable pour toutes les parties. Faut-il rappeler à tous que sans exploitants, pas d’agriculture ? ».

Le SR 58 en chiffres

Pour 2023, le Service de remplacement compte 380 adhérents, avec 87 agents de remplacement en CDD et six agents en CDI. Ludovic Guyard stipule : « nous voudrions embaucher plus de CDI, mais pour cela il faut que leur temps de travail soit assuré, notamment durant les périodes creuses. De ce fait, il faudra davantage d’engagement de la part des adhérents pour les embaucher pendant ces temps plus calmes ». L’activité du SR 58 a augmenté entre 2022 et 2023, en passant de 3 093,5 journées de remplacement à 3 152,40. Les motifs engendrant cette hausse sont la formation Casdar et celle sur le développement agricole (respectivement de + 100 % et + 50 % par rapport à 2022). Dans la même veine, plus de journées de remplacement ont été faites sur le mandat syndical (+ 45 %) et le crédit d’Impôts (+ 19 %).