Énergies
Dijon Céréales scelle un accord avec TotalEnergies Renouvelables
TotalEnergies Renouvelables et la coopérative Dijon Céréales ont officialisé un accord de partenariat avec l'objectif de développer l'agrivoltaïsme. Il devrait se traduire par des investissements compris entre 200 et 400 millions d'euros.
Redistribuer les cartes de la résilience agricole : c'est l'objectif que se fixe Dijon Céréales. La coopérative a, depuis plusieurs années, pris acte du fait que les exploitations agricoles de ses adhérents devaient impérativement trouver des voies leur permettant d'amortir le choc du dérèglement climatique et des aléas de récoltes qui en découlent. Ces dernières années ont parfaitement illustré cette incertitude qui devient la norme, entre sécheresse et excès d'eau, mais aussi avec la disparition de certains intrants chimiques. Il faut donc trouver d'autres pistes de croissance et de résilience économique. L'accord officialisé le 16 décembre à Longvic, près de Dijon, entre Dijon Céréales et TotalEnergies Renouvelables en est une des traductions, et pas des moindres : il devrait se concrétiser, dans les années qui viennent, par des investissements conjoints compris entre 200 et 400 millions d'euros. L'énergéticien et la coopérative ne sont pas des inconnus l'un pour l'autre : ils sont déjà partenaires sur le démonstrateur agrivoltaïque de Channay, dans le nord de la Côte-d'Or, établi depuis 2022, et qui allie production d'électricité et cultures.
Un panel de solutions
Pour Dijon Céréales, le choix d'aller plus loin avec Total s'appuie d'abord sur la nécessité d'être crédible : « Total est une société solide et pérenne qui nous sécurise pour l'avenir et sur ces dossiers nous devons être le tiers de confiance de nos agriculteurs, auxquels le monde des énergéticiens fait parfois peur » précise Christophe Richardot, le directeur général de la coopérative. Sécuriser, c'est le maître-mot pour caractériser cette approche partenariale : « Nous évoluons, poursuit-il, dans un monde complexe, qui entraîne de nombreuses inquiétudes pour le monde agricole, en lien avec le climat ou avec des décisions européennes. Le climat impacte directement nos productions végétales : l'an dernier, en France, la production de céréales a connu une baisse de 30 %. Il y a un vrai risque d'affaiblissement des exploitations et des coopératives… » Dans ce contexte, les agroénergies font partie du panel de solutions résilientes à proposer aux adhérents de Dijon Céréales, au même titre que les récentes diversifications de la coopérative dans l'agroalimentaire (biscuits Mistral, marque Nous Autrement) ou les essais de nouvelles cultures en lien avec le changement climatique. « Notre objectif, insiste Christophe Richardot, c'est d'appuyer 30 à 40 % du chiffre d'affaires des exploitations sur ces pistes de résilience, alors qu'aujourd'hui, cette part est quasiment nulle. Il s'agit aussi de participer au renouvellement des générations agricoles en redonnant de l'attractivité aux activités agricoles. »
Une approche stratégique
Les agroénergies comme relais de croissance sont déjà une réalité pour Dijon Céréales, notamment avec la méthanisation : à Cérilly, dans le nord de la Côte-d'Or, le méthaniseur géant alimente en biogaz 15 % du département et 25 % de la métropole dijonnaise, et trois autres projets de méthanisation sont en cours sur le département. L'agrivoltaïsme est un autre aspect de cette volonté. C'est une technologie qui permet de préserver des productions alimentaires tout en apportant un retour financier aux exploitations sur des contrats qui peuvent aller jusqu'à 50 ans : « on donne de la visibilité dans un métier où il y en a de moins en moins. En parallèle, on apporte de la résilience à un système aujourd'hui déstabilisé par le climat, tout en répondant à des attentes sociétales en matière d'énergies durables et de souveraineté alimentaire. En interne chez Dijon Céréales, des équipes travaillent aujourd'hui au développement de ces sujets. C'est devenu pour nous aussi stratégique que notre métier historique de collecteur de récoltes » souligne le directeur général. Du côté de TotalEnergies Renouvelables France, le directeur général, Marin de Montbel, insiste sur le fait que l'agrivoltaïsme est un complément de rémunération et que l'entreprise n'a pas vocation à changer le métier des agriculteurs : « On s'engage avec le monde agricole sur des contrats qui peuvent aller jusqu'à 40 ans. Nos projets doivent être porteurs de valeur pour les exploitations agricoles concernées et pour la terre. Dijon Céréales et nous, on se connaît : on travaille ensemble depuis 4 ans. Ce partenariat est un aboutissement. Les investissements communs prévus sont un gage de sérieux vis-à-vis du monde agricole et nous sommes une partie de la réponse à la trop grande exposition des agriculteurs aux aléas climatiques, surtout en productions végétales. » Marin de Montbel souligne par ailleurs que, contractuellement, TotalEnergies Renouvelables doit suivre l'évolution des cultures, par rapport aux technologies qu'il installe, et a l'obligation d'apporter des bienfaits aux plantes, d'en améliorer le rendement. Dans le cadre du partenariat conclu le 16 décembre, une dizaine de projets agrivoltaïques sont pour l'instant à l'étude en Côte-d'Or : le premier pourrait entrer en exploitation en 2028, en prenant en compte les délais administratifs d'instruction.
Les objectifs
Le partenariat Dijon Céréales - TotalEnergies Renouvelables se fixe bien évidemment des objectifs : à court terme, dans les deux à trois ans qui viennent, le but est de sécuriser 600 ha pour une production de 200 MGWc afin de parvenir à alimenter 100 000 habitants de Côte-d'Or. « Cet objectif, précise Christophe Richardot, c'est moins de 1 % des surfaces agricoles de nos adhérents, bien répartis sur le territoire. » À plus long terme, 1 500 ha devraient être concernés, dans un horizon de 10 ans.