Du 2 septembre du 5 octobre, 18 étudiants de BTSA Acse deuxième année du lycée agricole d'Auxerre La Brosse étaient en Roumanie pour effectuer des stages dans des exploitations agricoles du pays.
Comme le rappelle David Pichon, professeur d'agroéquipement à La Brosse, « le voyage en Roumanie entre dans le cadre de la mobilité internationale pour le cursus des BTSA Acse. Ces voyages ont commencé en 1991, en Bulgarie. Les jeunes partaient pour 8 jours. Les premiers voyages en Roumanie datent de 2009. S'ils étaient également de 8 jours, au fur et à mesure du temps, la période s'est allongée jusqu'à arriver à 5 semaines aujourd'hui ».
Ces voyages sont composés de deux parties. « La première semaine, un voyage découverte est organisé, en Transylvanie (région du centre de la Roumanie) pour que les jeunes puissent avoir une approche culturelle, historique de la Roumanie, et découvrent en même temps l'agriculture du pays », détaille David Pichon. « Les étudiants sont ensuite répartis sur leurs lieux de stages respectifs le lundi matin suivant ».
Des exploitations de toutes tailles
Cette année, 18 étudiants de BTSA Acse en deuxième année sont partis en Roumanie. « Sur leurs lieux de stage, on essaye de fonctionner par binôme car la barrière de la langue est parfois compliquée. Ils vont dans les exploitations de leurs choix parmi la liste qu'on leur propose. Les productions ? Il y a des exploitations en grandes cultures et des élevages (vaches et moutons, allaitants ou laitiers) », poursuit le professeur.
Mais pourquoi ce choix d'aller vers les pays de l'Est ? « Historiquement, il y avait une volonté de la part des acteurs agricoles locaux d'aller voir ce qui se passait à l'Est sur le volet agricole après la chute du communisme, voir ce qui pouvait être mis en place. Le choix de la Roumanie, lui, se justifie car c'est un pays latin, comme la France, c'est alors beaucoup plus facile de comprendre leur langue et de se faire comprendre. C'est aussi un pays principalement rural où l'agriculture a une place importance. Une agriculture qui est d'ailleurs assez variée. Là-bas, on rencontre à la fois les plus petites exploitations d'Europe et les plus grandes. On avait par exemple des jeunes qui étaient chez un éleveur qui a 14 vaches à la traite et 30 ha de luzerne, ainsi qu'un peu de prairies. Et à côté de ça, d'autres jeunes étaient dans une exploitation de 27 000 ha en grandes cultures. Le but est de proposer différentes choses aux jeunes pour que tous trouvent leur compte. À travers cela, l'objectif initial est de découvrir un pays avec sa culture ».
À noter que les stages sont financés intégralement par deux bourses régionales. Et pour financer la première semaine de voyage, les jeunes réalisent des actions durant l'année scolaire pour qu'ils aient le moins possible à débourser de leurs poches. « Cette année, les jeunes sont partis 5 semaines pour moins de 200 € par personne. Ils ont pu financer le reste grâce à leurs actions. Celles-ci peuvent être différentes d'une année à l'autre. Cela peut être la vente de photos de classe, la vente de sapins, la participation aux vendanges du lycée, la vente de chocolats, etc. ».
Grâce à tout cela, une expérience très intéressante est ainsi proposée aux étudiants. Ce ne sont pas eux qui s'en plaindront.
Qu'en ont-ils pensé ?
Charles Dapvril :
« En Roumanie, certains agriculteurs produisent non pas pour vendre mais pour manger, pour vivre.
J'étais dans la plus petite exploitation de tous les étudiants, malgré cela, l'agriculteur était considéré comme le « riche » du coin, car il avait un tracteur. Les autres autour travaillent avec des chevaux.
Cette expérience m'a montré qu'en France on reste très bien équipé par rapport à d'autres pays. Dans certaines régions de la Roumanie, il y a peut-être 50 ans de retard par rapport à chez nous. Cependant, en Roumanie, ils sont heureux avec ce qu'ils ont, ils arrivent à gagner leur vie et ne cherchent pas forcément à exporter plus qu'ils ne le font déjà. Beaucoup sont très bien comme ils sont avec ce qu'ils ont ».
Jules Gaury :
« J'étais sur une grosse exploitation céréalière et en élevage (8 000 ha de culture et 2 100 vaches, dont 700 en production laitière, ainsi que 200 buffles).
Mon exploitation était très moderne, à l'image de ce qu'on peut voir en France. Mais à côté, on en voyait beaucoup travailler avec des chevaux, pour vivre. Il y a un vrai contraste d'une ferme à une autre.
C'était une belle expérience malgré une amplitude horaire de travail importante (de 7 heures à 21 heures, 6 jours sur 7) ».
Alexis Malezieux :
« J'ai fait deux exploitations différentes : 3 semaines dans une exploitation céréalière de 600 ha et 2 semaines dans une exploitation céréalière de 27 000 ha, une des plus grosses du pays, où des Qataries ont investi dans le foncier.
La première était dans le nord du pays, la seconde dans le Sud. Ce que j'ai pu observer c'est que le nord est beaucoup plus pauvre, le paysage est très vallonné, les parcelles et les exploitations sont plus petites. Alors que dans le Sud, on remarque plus de richesse avec de très grosses exploitations.
J'ai vraiment apprécié l'expérience, surtout en ayant la possibilité de découvrir deux exploitations complètement différentes ».