FCO
Un retour d'expérience des Pays Bas
La Fièvre catarrhale ovine (FCO) sérotype 3, se propage activement dans notre région, après avoir durement touché les Pays Bas en 2023. Les répercussions sur les élevages bovins laitiers sont alarmantes, comme le démontrent les analyses des conséquences zootechniques chez les éleveurs néerlandais.
La Fièvre catarrhale ovine (FCO), maladie virale transmise par des moucherons piqueurs, affecte actuellement les ruminants français, en particulier dans les régions du nord-est. La souche sérotype 3 (FCO3), arrivée récemment depuis la Belgique et les Pays Bas, est particulièrement virulente. Pour ce mois de septembre, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) a rapporté plus de 650 foyers de FCO3 en France, avec 300 nouveaux cas détectés et six départements supplémentaires touchés, dont la Haute-Saône, la Saône-et-Loire et l'Aube. Ce virus continue de se propager malgré les efforts de prévention, avec des répercussions particulièrement sévères pour les éleveurs laitiers.
Impact sur la production laitière
Les Pays Bas ont été frappés par la FCO3 en 2023, un an avant la France. L'impact sur les élevages bovins laitiers a été considérable. Plus de 70 % des déclarations de foyers provenaient de fermes laitières et d’élevages de jeunes bovins. Les élevages laitiers, même ceux n’ayant pas signalé de symptômes cliniques, ont observé une baisse de la production laitière, en particulier dans les zones fortement infectées. La baisse moyenne était de l’ordre d’1 kg de lait par vache et par jour dans les exploitations touchées, chiffre alarmant pour des producteurs habitués à des niveaux de production stables. Cette baisse s’est prolongée sur une période de neuf à dix semaines avant de lentement revenir à ses niveaux antérieurs. La situation était d’autant plus préoccupante que les élevages avaient observé une augmentation de la production en 2023 avant l’épidémie.
Surmortalité des bovins adultes
Outre la baisse de production, la FCO3 a entraîné une augmentation notable de la mortalité chez les bovins adultes. Aux Pays Bas, la mortalité des bovins de plus de deux ans a atteint jusqu’à 3,5 fois le niveau des années précédentes dans les fermes ayant déclaré des cas de FCO3. Même dans les exploitations où les cas n'étaient pas déclarés, la mortalité a été jusqu'à 1,5 fois plus élevée. Les bovins laitiers, en particulier, ont été les plus touchés. Cette mortalité accrue a persisté sur une période de dix semaines après la déclaration des foyers, démontrant la sévérité et la persistance des conséquences de la FCO3 sur la santé animale. Bien que les bovins laitiers soient au centre des préoccupations, les ovins et caprins ont eux aussi été durement touchés, notamment aux Pays Bas. Entre septembre et octobre 2023, plus de 37 000 moutons sont morts de la FCO3, le fléau touchant autant les petits que les grands élevages. Dans les exploitations ovines infectées depuis au moins six semaines, environ 25 % des animaux étaient morts à la fin de l’épidémie.
Conséquences concrètes pour un élevage de Haute-Saône
Touché depuis plus d’un mois par la FCO, William Chopard, éleveur laitier bio à Marast, en Haute-Saône, près de Vesoul, déplore la forte chute de production des vaches malades, qui peinent ensuite à se rétablir. « Nous avons pas mal de pâtures en zones humides, en bord de rivière, ce qui a pu favoriser les piqûres de culicoïdes », explique l'éleveur associé de cette exploitation familiale. Les symptômes de la FCO ont été constatés il y a un mois. « On avait des baisses de lait inexpliquées depuis un mois et demi. Les analyses du vétérinaire ont confirmé que c’était bien la FCO3. En quelques jours les vaches perdent les deux tiers de leur production et peuvent tomber dans les cas les plus sévères à des niveaux d’à peine cinq litres par jour ! Elles mettent plusieurs semaines à remonter péniblement la pente… » D’autres symptômes, très variables d’un animal à l’autre accompagnent la maladie « parfois des fortes fièvres – et des avortements tardifs, avec des démarrages de lactation très poussifs faute de préparation au vêlage – mais aussi des boiteries avec œdèmes de la patte. » Les pertes économiques sont conséquentes : « Rien que pour le déficit de production laitière on a perdu au moins 8 000 euros en un mois. À ça il faut ajouter les coûts des traitements (la tolphine), la supplémentation vitaminique et en oligoéléments qu’on a mis en place pour aider les vaches à se remettre, le manque à gagner sur les veaux positifs FCO qui n’ont pas d’acheteur ».