Sicarev Coop
Maintenir et adapter la production
Avec un nombre d’animaux commercialisés en hausse malgré la décapitalisation, Sicarev Coop maintient ses activités en poussant les contrats et l’engraissement. Une stratégie nécessaire pour ses outils aval malmenés par l’explosion des coûts difficiles à répercuter.
Fruit de l’alliance de plusieurs groupements de producteurs du bassin charolais, Sicarev Coop compte aujourd’hui 8 000 adhérents en régions Auvergne Rhône-Alpes, Limousin, Champagne-Ardenne, Bourgogne, Centre Val de Loire et Hauts-de-France. La coopérative est connue pour sa volonté de maîtriser toute la filière, de l’élevage jusqu’à la fabrication de produits, ce qui lui vaut de détenir un certain nombre d’outils d’abattage et de transformation sous l’entité Tradival (2 000 salariés).
Jusqu’alors, le groupe était organisé en sections territoriales dont les contours étaient hérités des groupements d’origine. C’était le cas de la section Charolais Horizon en Saône-et-Loire. Désormais, un pôle Bourgogne s’est substitué aux anciennes sections de la région. Didier Touillon, éleveur à Palinges, en est le président, en même temps qu'il est membre du bureau de Sicarev Coop pour la Bourgogne. François Chaintron assume quant à lui la direction des quatre sites bourguignons : Vitry-en-Charollais (71), Bellenot-sous-Pouilly (21), Billy-Chevannes (58) et Migennes (89). Cette nouvelle structuration va « dans l’intérêt de la force commerciale tout en visant à ne pas alourdir les charges », confie François Chaintron. Autrement dit, les animaux produits par les adhérents seront dirigés vers leur meilleur débouché, sans frontière départementale.
Progression du nombre d’animaux commercialisés
En 2023, Sicarev Coop est parvenue à maintenir ses activités avec même une progression du nombre d’animaux (bovins et ovins) collectés et commercialisés dépassant 600 000 têtes. Cette performance, qui se confirme sur 2024, est une fierté pour la coopérative car elle est accomplie dans un contexte de décapitalisation des élevages. Le groupe coopératif parvient à le compenser en gagnant de nouveaux adhérents et en améliorant leur taux de vente par élevage, confie François Chaintron.
C’est aussi l’effet du développement de la contractualisation et de l’engraissement. Une activité dont la force, au sein de la coopérative, est de disposer d’un gisement de maigre. Une ressource que Sicarev laisse de moins en moins partir à l’export puisque « plus de 40 % des broutards sont aujourd’hui replacés dans des ateliers d’engraissement français », fait valoir le directeur.
Développer l’engraissement
Concernant l’engraissement, la coopérative va pouvoir renforcer encore ses efforts dans les semaines à venir grâce à une nouvelle aide du Conseil régional en faveur de cette activité. C’est « le fruit d’un travail remarquable réalisé par les coopératives de la région avec l’appui de la chambre régionale d’agriculture », se félicite François Chaintron. Une dynamique régionale s’est mise en place, laquelle « conforte la stratégie des coopératives », salue-t-il. La Région va soutenir ceux qui veulent développer l’engraissement sur leurs exploitations. Elle apportera aussi une aide à l’appui technique de sorte à optimiser les performances technico-économiques des engraisseurs, fait valoir François Chaintron.
Ce volet technico-économique est défendu de longue date par Sicarev. « L’éleveur allaitant a besoin d’une stratégie de revenu. Il faut rapidement travailler l’économique des exploitations pour faire face à la hausse de charges, la valeur importante du capital, les investissements… ». Une mission qu’assume Sicarev en renforçant ses services techniques pour une approche globale des exploitations. Depuis le printemps dernier, elle dispose d’un outil de suivi économique et technique des exploitations qui intègre les données de comptabilité.
L’aval souffre, la consommation change…
Pour Sicarev Coop, le déploiement de l’engraissement et la contractualisation ont aussi pour but de maintenir les volumes au sein des outils de transformation du groupe. Car l’aval (abattage, transformation) souffre en ce moment. Ce maillon doit faire face à une baisse d’activité. Elle doit aussi affronter « une explosion des coûts industriels : transport, emballage, énergie, taux d’intérêt », expliquait le président de Sicarev Philippe Dumas lors de la dernière assemblée générale du groupe. En résulte « un enchérissement important de nos prix de revient, nécessitant une augmentation significative des tarifs à l’ensemble de nos clients ». Mais ces hausses légitimes n’ont été que partiellement répercutées, se désolent les responsables de la coopérative. Sous prétexte de préserver le pouvoir d’achat, les grandes enseignes se sont une nouvelle fois livrées à « leur guerre du toujours moins cher : une stratégie suicidaire », s’agace Didier Touillon.
Il faut aussi composer avec une érosion de la consommation et surtout une consommation qui change avec davantage de viandes hachées, de produits élaborés et de repas pris hors domicile. Tout cela, Sicarev Coop et Tradival le prennent en compte en adaptant leurs outils, en investissant tant en process industriel qu’en « moyens humains », confie Didier Touillon qui compte sur des techniciens pour « accompagner les élevages à produire ce dont la filière aura besoin demain ».
Des opportunités à saisir
Parmi les sources de soutien à la production, le thème de l’environnement tient une place de plus en plus importante dans les filières. « Après le non OGM, le bien-être animal, les démarches environnementales sont une préoccupation croissante chez nos clients. Beaucoup d’appels à projet concernent la réduction des émissions de carbone en agriculture et des enseignes de distribution, des banques sont prêtes à soutenir les producteurs souhaitant s’engager dans des démarches vertueuses ». Pour François Chaintron, ce sont autant d’opportunités de maintenir, voire développer certaines filières tout en l’accompagnant d’une communication positive. Le lien entre l’engagement dans une démarche environnementale et une meilleure efficience économique vaut autant pour les adhérents que pour le groupe coopératif lui-même, souligne Didier Touillon. Sur le site d’abattage de porcs de La Palisse dans l’Allier, des ombrières photovoltaïques permettent de produire 10 % de l’électricité nécessaire à l’outil.
Un nouveau directeur à Charolais Viandes
Actionnaire majoritaire de l’abattoir de Paray-le-Monial Charolais Viandes, Sicarev Coop vient de vivre un évènement à la direction de cet outil de proximité. Jean-Luc Nelly vient en effet de faire valoir ses droits à la retraite et c’est Fabien Gateau qui a la lourde tâche de lui succéder. Originaire de La Clayette et connaissant bien la filière viande, il est le nouveau chef d’orchestre de cet abattoir. Un outil « indispensable dans la stratégie du groupe qui tient à pouvoir répondre à tous les types de débouchés », explique François Chaintron.