Bilan des moissons
De la frustration

AG
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La Chambre d'agriculture et la FDSEA de Côte-d'Or ont organisé une réunion d’échanges sur la moisson en présence d'Arvalis, Terres Inovia, l'APGMB, la Draaf, CER France et les organismes stockeurs.

De la frustration
Le rendez-vous à la Maison de l'agriculture, le 6 septembre.

Comme tous les ans à la même période, la Chambre d'agriculture et la FDSEA de Côte-d'Or ont réuni différents acteurs pour tirer les enseignements de la dernière moisson. « C'est bien un sentiment de frustration qui domine chez les uns comme chez les autres », observe Vincent Lavier, président de la Chambre, en rappelant que de meilleurs résultats sont généralement obtenus lors d'une année « arrosée ». Le responsable professionnel illustre ses propos en citant ses propres résultats : « chez moi, du côté d'Is-sur-Tille, 2013 et 2016 sont les années de référence, au cours desquelles nous avions obtenu respectivement 75 et 70 q/ha en blé après beaucoup de pluies. Au terme des dernières moissons, le rendement n'affiche que 60 q/ha. C'est beaucoup mieux que les 41 q/ha de l'an passé, mais nous aurions pu espérer un peu plus, c'est certain ». Vincent Lavier déplore de très faibles PMG dans ses tas de blé : « nous sommes à peine à 30 grammes dans certains cas, c'est extrêmement bas. D'ordinaire, ce type de résultat est obtenu quand le remplissage du grain se fait dans le sec le plus total… ». Plus loin que la quantité, c'est bien l'aspect qualitatif qui « pêche » le plus en grandes cultures : « le blé est de loin l'espèce la plus impactée notamment avec des poids spécifiques très faibles. Des taux de protéines sont très faibles eux aussi, un gros problème d'assimilation de l'azote en fin de cycle est à déplorer. Celui-ci a d'ailleurs été parfaitement identifié par Arvalis ». Le président de la Chambre cite tout de même une « bonne surprise » : « les cultures de pois de printemps et de lentilles ont donné des résultats corrects, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps ».

Et maintenant ?

Vincent Lavier propose une piste pour gagner en résilience : « nos systèmes de production doivent être mieux armés face à ces aléas de plus en plus violents et fréquents. Au-delà du constat et des mesures de court terme nécessaires pour accompagner certaines fermes, nous devons trouver des solutions pour rendre plus résilientes nos exploitations. Cela peut passer par la contractualisation et ce n'est pas utopique de le penser. Rappelez-vous ce qui a été fait avec la moutarde, qui rencontrait son lot de difficultés avec des résultats très aléatoires… Aujourd'hui, beaucoup d'agriculteurs cultivent à nouveau de la moutarde car les industriels ont accepté de payer un peu plus. Implicitement, ils ont acté le fait qu'ils prenaient en charge une partie des risques liés aux aléas. Il faut tenter de dupliquer le même schéma pour d'autres graines vendues en France, je pense notamment au blé. Cela se fait déjà un peu mais les volumes en question doivent pouvoir augmenter de manière significative. Il y va de la survie de nos territoires et de l'attractivité de nos métiers ».