Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, Yosr Kbairi, sous-préfète de Château-Chinon, s’est rendue le 8 mars au cabinet vétérinaire Diderot pour rencontrer Sonia Inghels, vétérinaire et coassociée du lieu.
Le 8 mars, afin de célébrer la journée internationale des droits des femmes, Yosr Kbairi, sous préfète de l’arrondissement de Château-Chinon a visité le cabinet vétérinaire Diderot (rue Diderot, 58120 Château-Chinon – Ville) afin de s’entretenir avec Sonia Inghels, vétérinaire et coassociée du cabinet avec Frédéric Campion. Madame la sous-préfète précise : « Il est nécessaire de mettre en lumière une femme au parcours d’excellence, avec des études scientifiques et techniques. Le but étant de promouvoir ces filières auprès des jeunes filles via des personnalités fortes afin qu’elles s’identifient à ces personnes et puissent envisager leur orientation vers ces métiers » avant d’ajouter : « si le Salon de l’agriculture met à l’honneur les éleveurs et éleveuses, il faut aussi valoriser l’écosystème gravitant autour ».
Je t’aime moi non plus
Pour elle, être vétérinaire ne se résume pas aux soins apportés aux animaux : « ils/elles sont également chefs d’entreprise, ce que l’on peut parfois oublier ». Durant les échanges avec Sonia Inghels, cette dernière ajoute : « nous sommes aussi manager, psychologue, comptable, secrétaire, femme de ménage, etc. ; tout cela s’apprend sur le terrain ». Ainsi, la complexité de la profession, a été évoquée par Sonia Inghels, Anna Hoareau, salariée du cabinet et Océanne Brossut, salariée remplaçante du cabinet : « Il faut gérer les urgences, les gardes de nuit (car nous avons une obligation de continuité de soins), la responsabilité que notre métier impose (notamment pour les euthanasies), la fatigue (psychologique et physique), la vie personnelle, etc. Tout ceci mis bout à bout rend notre quotidien compliqué et parfois lourd à porter ». Cela étant, toutes s’accordent : « Sans un amour démesuré pour notre métier, nous ferions autre chose ».
Difficultés
Outre cela, être une femme vétérinaire dans un milieu rural a été abordé. Sonia Inghels, Anna Hoareau et Océanne Brossut insistent : « nous ne rencontrons pas de difficultés à ce niveau. La seule différence notable par rapport à certains collègues masculins est que nous prenons moins de risques. Malgré tout, un incident peut être un coup de malchance ». Sonia Inghels précise : « mon associé est en convalescence suite à un accident de travail, cela arrive, mais force est de constater que trouver une personne en remplacement est quasi impossible, par faute de services proposés dans le territoire (médecins, restaurants, cinémas, etc.) mais aussi car la médecine vétérinaire rurale n’attire pas ». Elle poursuit : « Les seuls vétérinaires travaillant en rural sont soit des gens issus des campagnes, soit des passionnés. Dans les deux cas, ils se font rares ».
À changer ?
Pour pallier cette situation, différents leviers sont à mettre en place selon Sonia, Anna et Océanne : « il faudrait investir dans l’attractivité du territoire pour proposer des activités ludiques mais aussi des services de base (dentistes, médecins généralistes, maternité, etc.). En parallèle, il serait intéressant de revoir l’accessibilité au diplôme de vétérinaire. En effet, il y a une prolifération des écoles privées, et un engouement de plus en plus prononcé pour les filières passerelles (BTS notamment) considérées comme plus simples que les prépas et surtout offrant, à l’issue un diplôme. Or, tout ce système privilégie les meilleurs scolairement ou les plus avantagés financièrement ». Sonia Inghels rappelle : « mauvaise élève, le BTS était pour moi la seule solution pour prétendre à ce métier. Aujourd’hui, mon parcours serait impossible ». Même si le système a des failles, pour Sonia Inghels certains éléments sont indispensables pour devenir vétérinaire : « il faut avoir du caractère, accepter ses émotions et apprendre à dire stop. Plus on est empathique, plus on sera doué, mais cette empathie peut rendre ce métier dur. De ce fait, il faut savoir s’arrêter pour prendre soin de soi afin de mieux aider les autres, et leurs animaux ». Elle conclut : « nous sommes vétérinaires, mais humains avant tout ; il ne faut pas l’oublier ».