Cerfrance Alliance Centre
Résultats et projection

Chloé Monget
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Le 4 octobre à Nevers, le Cerfrance Alliance Centre présentait les références économiques agricoles de la Nièvre avec un panorama pour certaines exploitations agricoles concernant les résultats 2022 et prévisions 2023.

Résultats et projection
Le 4 octobre à Nevers, le Cerfrance a tenu sa restitution des résultats 2022 avec projection 2023.

Comme tous les ans, le Cerfrance Alliance Centre organisait une présentation des références économiques agricoles de la Nièvre. Cette rencontre avait lieu à Nevers le 4 octobre et proposait une analyse des données 2022, et une projection pour 2023. Pour cela, Arnaud Bertrand (trésorier et administrateur référent de la Nièvre), Mélissa Zennaf (chargée d’études et références), Jean-François Le Pironnec (directeur doctrine, méthodes conseil et références) et Éric Carteron (directeur déontologie et représentant auprès des instances Nivernaises) se sont relayés. Arnaud Bertrand stipule : « Les années se suivent mais ne se ressemblent pas et cela est d’autant plus vrai pour les chiffres 2022 et ceux à venir ».

Vision globale

Pour rappel, la banque de données utilisée regroupe 953 exploitations. Seules 535 exploitations dont les résultats sont dits représentatifs pour 2022 ont été véritablement présentées. Pour cet échantillon, et de manière générale, le Cerfrance souligne une diminution des exploitations avec une activité mixte. De son côté la SAU est stable avec 185 ha pour les exploitations de la Nièvre. Côté statut, les installations individuelles sont en recul depuis 2010 au profit des formes sociétaires. L’organisme établit la moyenne d’âge des exploitants adhérents nivernais à 49 ans, et ajoute que, pour la Nièvre, près de 33 % des associés ont entre 50 et 59 ans et 18 % 60 ans et plus, imposant, pour l’avenir, la question du renouvellement comme problématique majeure.

Grandes Cultures

Pour les grandes cultures, l’année 2022 est marquée par un pic inflationniste des prix de vente avec la tonne de colza qui a dépassé 1 000 euros/t suivi par une baisse nette fin 2022 et en 2023. Le Cerfrance pointe la même dynamique pour les prix d’achat de certains intrants avant de mettre en avant un effet ciseau sur les résultats, lié au décalage entre les prix de vente et les prix d’achat. Pour les assolements, une tendance se retrouve en 2022 et 2023, avec une augmentation des parts de blé tendre ou encore des orges d’hiver au détriment des orges de printemps ou encore du tournesol. Pour les rendements, ils sont dans la moyenne de ces 10 dernières années, avec une plus faible dispersion (ou écarts entre les exploitations) qu’en 2022. Le produit entre 2022 et 2023 est pénalisé par la baisse des prix des cultures (- 15 % soit – 202 €/ha). Les charges de leur côté augmentent de 18 % soit + 222 €/ ha. En prévision cela engendrera un résultat négatif, très en dessous de la moyenne décennale, et avec un nombre d’exploitations avec un résultat négatif plus important en 2023. Le Cerfrance évoque d’ailleurs une moyenne du résultat courant proche de – 5 000 euros / UTAF pour 2023. La dispersion de produits et charges est très importante entre les entreprises et la moyenne cache des situations très différentes. Pour ceux dont les produits sont élevés, cela ne veut pas dire que leurs résultats le sont aussi – il faut donc regarder l’efficience des charges.

Bovins

Du côté des élevages en bovins viande, le Cerfrance met en avant une accélération de la décapitalisation, qui se retrouve plus notablement pour les vaches allaitantes dont les Charolaises. Les causes ne sont pas spécifiquement ciblées, même si le Cerfrance suppute un lien avec les départs en retraite. Les prix pour le maigre et le gras restent à un niveau élevé et sont convergents tout en étant à des échelles différentes. Si le produit final de l’estimation 2023 est en progression (+ 3 % soit + 30 euros / ha), le Cerfrance indique que les élevages bovins viande peuvent être pénalisés en 2023 par la baisse des produits des cultures. L’organisme stipule également que les charges sont en augmentation (+ 6 % soit + 55 euros / ha), mais nettement inférieures à celles relevées en grandes cultures. Ainsi, le résultat pour ces exploitations connaît donc une baisse modérée en 2023 (moyenne du résultat courant de 32 718 euros / UTAF en 2022 contre 29 279 en 2023 – pour le moment), tout en restant bien supérieur à la moyenne décennale.

Au final

Au vu de ce panorama, le Cerfrance détaille que les résultats 2021 et 2022 ont permis de solidifier des situations financières. La trésorerie dégagée a permis de supporter en partie la hausse des charges pour 2023. Les investissements ont progressé en 2022 comparé à 2021 en grandes cultures (+14 %) et en bovins viande (+30 %). Et la perspective de résultats 2023 est en forte baisse en grandes cultures et en stabilise en bovins. Avec ces mises en lumière le Cerfrance alerte que plus de 25 % des entreprises restent en situation de risque financier élevé. Le Cerfrance préconise, notamment, de piloter les investissements en cohérence avec les besoins de l’entreprise, de privilégier une épargne de précaution et de calculer ses coûts de production. À plus long terme, le Cerfrance invite les exploitants à clarifier leur stratégie avec des actions posées vers la constance et la sécurisation tout en prenant en compte les risques (climatiques et marchés) et les mutations à venir (carbone, signes de qualité, gestion de l’eau etc.). Enfin, Éric Carteron a rappelé l’importance de collecter les données d’entreprises permettant ainsi « d’établir un portrait plus précis et plus représentatif des entreprises ». Pour conclure, il a évoqué la mise en place, depuis le 1er octobre, d’une nouvelle organisation intégrant des territoires afin de « se rapprocher localement des adhérents ». Ainsi le « Territoire Sud-Est », sera sous la responsabilité de Fabienne Brossard, avec en appui les managers d’équipes : Noémie Lanier (pour les secteurs de Châtillon-en-Bazois, Decize et Luzy), Cyril Millot (Corbigny, Prémery), et Damien Cardot (Nevers). Le site de Cosne a pour manager Étienne Villemont et est rattaché au « Territoire viticole » sous la responsabilité de Thierry Tuloup.