Économie
Un EBE en hausse sur dix ans

Berty Robert, avec Agreste
-

L’organisme de statistiques agricoles Agreste a réalisé une étude analysant l’évolution de l’Excédent brut d’exploitation (EBE) des fermes agricoles de Bourgogne-Franche-Comté, entre 2010 et 2020. Si l’EBE est globalement en hausse, les performances des exploitations sont plus hétérogènes.

Un EBE en hausse sur dix ans
La charge d'alimentation des bovins augmente entre 2010 et 2020 (source RA-RICA 2010-2020)

C’est en combinant plusieurs données émanant du recensement agricole de 2020 et du Réseau d’informations comptables agricoles (Rica) qu’Agreste, organisme de statistiques agricoles, a pu réaliser une étude sur l’évolution de l’Excédent brut d’exploitation (EBE) portant sur un échantillon de 232 exploitations de Bourgogne-Franche-Comté (BFC), durant une décennie, de 2010 à 2020. Le premier constat est que si, sur ces dix ans, l’EBE a progressé, les performances des exploitations, elles, sont en baisse. L’indicateur de performance est l’EBE ramené à la Production brute standard (PBS), exprimé en pourcentage. Ainsi, cet indicateur de performance est passé, en dix ans de 58 % à 46 %. Une baisse plus marquée dans les exploitations de grande culture, puisqu’elle atteint 52 % (de 79 % à 38 %). Dans les exploitations d’élevage, la dégradation se limite à 20 %. En revanche, l’indicateur progresse fortement en viticulture, passant de 30 % à 43 %, soit une hausse de 44 %.

Baisse en grandes cultures

En agriculture biologique, le ratio est plus élevé dans les exploitations en conversion (50 %) que pour celles passées en bio (47 %). En 2010, pour l’ensemble de l’échantillon pris en compte, l’EBE était en moyenne de 52 780 euros par actif non salarié. En 2020, il a atteint 73 510 euros, en progression de 39 %. Seules les exploitations de grandes cultures ont connu une baisse marquée de 40 %. En viticulture, la hausse est très prononcée (de 70 260 euros à 135 400 euros). Pour les éleveurs de bovins viande et les polyculteurs, les résultats se sont maintenus entre 2010 et 2020. Autre fait marquant sur cette décennie : la taille des exploitations a eu tendance à augmenter, en moyenne de 14 %. C’est particulièrement marqué en bovins lait. La SAU des polyculteurs-éleveurs a augmenté de 36 ha, là où le nombre d’Unités gros bovins (UGB) est passé de 136 à 167 têtes en moyenne en élevage laitier. Sur l’échantillon de 232 fermes examinées, en 2020, 31 ont plus d’ateliers qu’en 2010, 39 en ont moins et pour les 162 restantes, le nombre est resté constant. En 2020, 40 % des exploitations ont au moins deux ateliers animaux. Sur la décennie, on a assisté à une diminution du nombre d’ateliers animaux. En cumulant l’ensemble des productions on s’aperçoit que 73 exploitations ont moins d’ateliers, 37 en ont plus et 122 n’ont pas varié. La performance et le résultat diminuent quand le nombre d’ateliers est en augmentation. En effet, dans ce cas de figure, l’EBE diminue car les consommations intermédiaires et les charges salariales progressent plus vite que la production et les subventions d’exploitation.

Hausse des intrants

Quand le nombre d’ateliers diminue, la performance diminue et le résultat progresse. Enfin, quand le nombre d’ateliers reste stable, la performance et le résultat augmentent grâce à la hausse de l’EBE. Du côté des productions végétales, le fait marquant de la décennie 2010-2020 est la hausse du poids économique des intrants dans la production. Pour les exploitations enquêtées, il fallait 503 euros en 2010 pour générer 1 000 euros de production. En 2020, ce montant était passé à 519 euros, en hausse de 3 %. Ce ratio s’améliore pour les viticulteurs de BFC, puisqu’il est en baisse de 16 %. Pour les autres orientations techno-économiques, ce ratio se dégrade : +31 % en grandes cultures, +25 % en polyculture-élevage, + 8 % en élevage laitier. Pour ce dernier point, la hausse constante du prix du lait pour les producteurs en AOP du massif du Jura, majoritaires dans l’échantillon pris en compte, compense en partie la hausse des consommations intermédiaires. La charge d’alimentation dans les élevages bovins de BFC a, elle aussi augmenté, entre 2010 et 2020. En 2010, l’ensemble des élevages de l’échantillon utilisait en moyenne 43 euros de production végétale par UGB pour nourrir l’atelier et achetait 156 euros d’aliments par UGB. En 2020, ces charges sont respectivement passées à 54 euros et 247 euros, en hausses respectives de 26 % et 58 %. C’est sur les exploitations laitières que la charge d’achats d’aliments est la plus élevée et elle a progressé de 48 % sur la période. En revanche, l’autoconsommation interne est en baisse de 50 à 47 euros/UGB. L’élevage bovin viande a la charge d’aliments la plus faible. Ils ont majoritairement une conduite extensive et la plupart des élevages produisent des animaux maigres, à l’exception des vaches de réforme. Le degré d’autonomie alimentaire est variable. 89 % des éleveurs déclarent une autonomie supérieure à 90 %. Pour les concentrés, c’est différent : seules 11 % des exploitations déclarent une autonomie supérieure à 90 %.