Déjà impactés par un gros orage le 1er mai, Vitteaux et ses alentours ont été victimes de nouveaux grêlons le soir du 9 juillet. Des milliers d'hectares de cultures seraient touchés.
Quand on n’a pas de chance, on n’a pas de chance… Le territoire vittelien, et même ses environs, ont été touchés une nouvelle fois par la grêle. « Le couloir s’étend sur plus de 30 km, vraisemblablement de Pouilly-en-Auxois jusqu’à Villaines-en-Duesmois », déplore Jacques de Loisy, président de la FDSEA de Côte-d’Or, qui s’est rendu sur place dès le lendemain du sinistre avec des représentants des JA, de la Chambre d’agriculture et de la coopération. Le rendez-vous était donné chez Clément Pechinot, l’un des nombreux agriculteurs concernés : « C’est incroyable, tout est touché. Aussi bien les grandes cultures, les prairies, que les bâtiments, sans oublier les panneaux photovoltaïques. Cette année était déjà difficile à cause de ces pluies incessantes et de l’excès d’eau, cette grêle n’est vraiment pas la bienvenue ». Olivier Mouillon, vice-président de Dijon Céréales, signalait d’importants dégâts dans les bâtiments de la coopérative à Vitteaux : « Des toits sont perforés et des grains ont pris l’humidité. Nous attendons la venue de l’expert. Selon le taux d’humidité, nous pourrons peut-être sécher et sauver la production. Dans le cas contraire, ce sera fichu et rien ne pourra être travaillé… L’urgence est aussi et surtout à la réparation des toits pour accueillir les récoltes… Cette moisson était déjà tardive et très compliquée, cela n’arrange rien. C’est encore plus problématique pour les éleveurs car ce sinistre va engendrer des complications pour l’alimentation de leurs troupeaux ».
Ah oui, quand même
La visite de plusieurs parcelles a permis de se donner une idée assez précise de l’ampleur des dégâts. Jacques de Loisy abordait plusieurs sujets syndicaux à cette occasion : « des fourrages non récoltés ou récoltés avec une très mauvaise qualité posent problème pour les indemnisations. Nous allons alerter la DDT. Le préfet est déjà au courant, nous étions en réunion avec lui cet après-midi. Le sujet de l’excès d’eau est aussi au centre de nos préoccupations. L’hiver dernier, nous demandions davantage de souplesse pour entretenir le territoire. Aujourd’hui, force est de constater que de nombreux fossés ne sont pas nettoyés, de nombreuses buses sont encombrées et nous en voyons le résultat. Toute cette eau encombre les parcelles, traverse les routes et termine parfois dans les villages, tout cela pour soi-disant préserver l’environnement ! ». Le président de la FDSEA de Côte-d’Or appelle à la solidarité nationale et à un minimum de bon sens : « il va de soi qu’aucun contrôle ne devra avoir lieu sur les exploitations sinistrées. Ce n’est vraiment pas le moment, les agriculteurs n’auront pas le temps d’accueillir des contrôleurs avec tous ces dégâts et tout ce retard pris dans les travaux dans leurs parcelles ». Bernard Paut, maire de Vitteaux, participait lui aussi à cette visite. Une demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle sera bien sûre demandée.
Pas de foot, ni de colza
Ils avaient prévu de regarder tous ensemble le match France-Espagne. Les Jeunes agriculteurs de Vitteaux n’ont finalement pas passé la soirée qu’ils espéraient, comme l’explique Guillaume Rousselet, exploitant à Dampierre-en-Montagne : « Nous étions en train de démonter notre fresque créée à l’occasion du Tour de France. En rentrant ces bottes de paille, nous nous sommes retrouvés sous de gros grêlons et coincés dans Vitteaux avec beaucoup de voitures ». Les JA cantonaux ont finalement passé leur soirée à dégager les routes bloquées par des chutes d’arbres, des coulées de boue et même des fils électriques. « On ne voyait plus rien… c’était le déluge », souligne le jeune homme de 25 ans. Celui-ci est allé voir ses animaux dans ses prés et, fort heureusement, aucune « casse apparente » n’a été constatée. « J’ai continué avec les productions végétales et là, c’était tout autre chose », poursuit le Côte-d’orien. Ses huit hectares de colza, déjà grêlés le 1er mai, étaient « tout blancs » : « toutes les siliques sont ouvertes, il n’y a plus rien… L’orage du 1er mai avait déjà fait du mal mais la culture s’était bien refaite. Là, c’est beaucoup plus violent. Nous avons eu trois orages consécutifs dans cette même soirée du 9 juillet, le deuxième n’a rien pardonné avec des grêlons plus gros que des balles de golf, sous le coup des 19 h 30-20 heures ». Dix-neuf hectares d’orges d’hiver sont également très mal en point : « les 100 % de dégâts ne sont pas loin non plus, même s’il reste encore de rares épis… Il y a beaucoup de grains par terre, les tiges sont sectionnées, tout est plaqué au sol et cela devient déjà tout noir. Cela va être problématique pour mon troupeau bovin : en effet, je garde la quasi-totalité de la production pour nourrir les animaux. Y compris la paille, bien entendu… ». Seul le blé de Guillaume Rousselet semble « plus ou moins » préservé : « il est situé sur trois communes. Les champs d’Arnay-sous-Vitteaux n’ont pas grand-chose, mais mes parcelles ici à Dampierre et à Jailly-les-Moulins sont très impactées. Je pense qu’il y a 60 % de pertes, l’expert me le dira ». De nombreux agriculteurs locaux se retrouvent dans la même situation que Guillaume Rousselet, qui s’apprêtait à commencer la moisson : « c’est forcément rageant, si près du but… Il n’y a vraiment aucun moyen de protection contre la grêle, on se sent démuni. La météo est folle cette année, nous sommes à 1 282 mm de précipitations depuis un an. Il ne manquait que les grêlons… Je suis persuadé qu’il y a des dégâts que l’on n’imagine pas aujourd’hui : une telle pluviométrie impacte forcément la vie souterraine des sols… ».