Charolais
En quête du compromis entre vitesse de croissance et qualité
Dans le cadre du Sommet de l'Élevage, Sicarev Coop et l'Institut de l'élevage ont présenté une étude qui porte sur l'évaluation des poids économiques des critères de sélection en race charolaise. Où la vitesse de développement d'un animal devient un enjeu majeur…
Face à une évolution de la demande de viande bovine française pour des formats de carcasse adaptés aux piècés et à l'Unité de vente consommateurs industrielles (UVCI, mode de conditionnement), Sicarev Coop et l'Institut de l'Élevage (Idele) ont réalisé un travail d’évaluation des poids économiques des critères de sélection en race charolaise. La recherche de précocité par une amélioration de l’index de vitesse de développement constitue une piste de travail intéressante pour les éleveurs charolais de demain. Elle faisait en tout cas l'objet d'une conférence, le 4 octobre dans le cadre du Sommet de l'Élevage, à Cournon d'Auvergne. Si, en l'espèce, le travail n'a porté que sur des bovins charolais, les questions liées à la vitesse de développement ne touchent pas que cette race. Beaucoup d'autres y songent et y travaillent également.
Bonne valeur génétique
Didier Touillon, éleveur de Saône-et-Loire et adhérent à Sicarev Coop rappelait quelques éléments de contexte : on dispose, en France, d'un troupeau charolais de bonne valeur génétique mais il y a aujourd'hui la volonté d'orienter cette génétique et, plus largement, la conduite d'élevage dans le but de favoriser une production de viande adaptée au marché, avec des itinéraires de conduite favorisant la qualité. Ce cadre étant posé, les travaux avec l'Idele ont été conduits selon plusieurs scenarii de production. La conférence du Sommet de l'Élevage s'intéressait plus particulièrement à une action destinée à adapter la gestion des reproducteurs en lien avec les poids de carcasse et la précocité en monte naturelle et en insémination artificielle. « Une réflexion stratégique a été mise en place avec Sicarev, soulignait Anne-Sophie Passemard (Idele), en se posant la question des objectifs de sélection économique pour un système avec production de génisses précoces ». Le but était de mesurer le gain économique découlant de l'amélioration du troupeau. Cette expérimentation a débouché sur des génisses vendues un peu plus jeunes, mais pour un même poids qu'auparavant, et à plus de génisses valorisées petites carcasses. « Les génisses rajeunies, précisait Anne-Sophie Passemard, ont une plus-value d'environ 30 centimes au kg, mais la croissance plus importante entraîne aussi plus de dépenses en alimentation ». Le gain final se montait à 17 euros de plus par vache et par an.
Stratégie d'entreprise
À l'échelle du troupeau de 112 femelles qui a servi de base à l'expérimentation, et en prenant en compte quatre critères (naissance, mortinatalité, vitesse de développement et poids réforme) les bénéfices attendus sont les suivants :
- Naissance : pour un progrès de + 8 points IFNAIS (facilité de naissance) sur la moyenne troupeau, le bénéfice attendu est de +1 288 euros.
- Mortinatalité : pour un progrès de -1 % de veaux morts entre 0 et 48 heures, le bénéfice attendu est de + 880 euros.
- Vitesse de développement : pour un progrès de -1,3 mois pour atteindre 50 % du poids adulte, le bénéfice attendu est de +2 930 euros.
- Poids réforme : pour un progrès de + 10 kg en poids de réforme, le bénéfice attendu est de +750 euros.
Ces travaux montrent l'intérêt de recherche la précocité en élevage allaitant mais d'autres devront permettre d'évaluer le lien entre précocité et persillé de la viande. Pour Sicarev, ces travaux sont le préambule d'une stratégie d'entreprise pour garantir une viande de qualité. Elle peut aussi s'intégrer dans une démarche plus large sur le bas-carbone, par une diminution du rapport animaux improductifs-animaux productifs. La génétique est un levier d'amélioration, mais ce n'est pas le seul, il y a aussi les itinéraires techniques. Est-il préférable de s'orienter vers des vêlages à 2 ans plutôt qu'à 3 ans comme traditionnellement pratiqué en Charolaise ? C'est toute la question qui est soulevée.
Un œil sur les index
Dans cette expérimentation, le poids économique des index a aussi été intégré. Ceux pris en compte étaient les suivants :
- CRsev (capacité de croissance avant sevrage)
- CRpsf (potentiel de croissance)
- Cnd (évaluation du poids à la naissance)
- AVeL (aptitude au vêlage)
- Vtdvlp (vitesse de développement)
Index par index, les gains obtenus sont les suivants :
- CRsev : +1,27 euros/vache/an
- CRpsf : +6,17 euros/vache/an
- Cnd : +9,44 euros/vache/an
- AveL : +7,31/vache/an
- Vtdvlp : +49,40 euros/vache/an
Le poids économique relatif de ces index est le suivant : la vitesse de développement compte pour 52 %, devant l'évaluation du poids à la naissance (19 %), le potentiel de croissance (12 %), la capacité de croissance avant sevrage (3%).