Horticulture
Un projet de ferme florale sur la métropole dijonnaise
Le projet d’une ferme florale est en train de se concrétiser à Longvic, sur la métropole dijonnaise. Porté par l’association Le Champ des Sourires, il vise un objectif économique, environnemental et social en permettant l’insertion professionnelle tout en réhabilitant la culture de fleurs françaises. Rencontre avec Flore Geillon, son initiatrice.
Il faut faire un petit effort d’imagination mais, si tout va bien, sur cette parcelle d’un hectare coincée entre le gymnase Pecqueux-Rolland et la voie ferrée, à Longvic, sur la métropole dijonnaise, des fleurs devraient commencer à être cultivées, à partir de cet automne. Et vendues au printemps 2024 ! On est ici sur le site qui va être investi par la ferme florale du Champ des Sourires. Un nom qui fait du bien et qui est celui de l’association, fondée en mars 2022 et porteuse de ce projet. Présidée par Amandine Chauvin, elle a comme vice-présidente Flore Geillon et c’est elle que nous rencontrons pour découvrir comment et pourquoi est né ce projet aux ambitions à la fois environnementales, économiques et sociales. Originaire du Jura, Flore Geillon s’est installée à Dijon il y a quelques années pour y terminer une thèse en biologie. Devenue docteure en biologie et biochimie, elle a commencé à travailler dans la recherche clinique, en cancérologie. « En parallèle, précise-t-elle, autour de moi, j’avais beaucoup d’amis qui se lançaient dans l’aventure de l’entreprise. Ça a créé une sorte d’émulation et j’ai compris que j’avais aussi cette envie. Je voulais concrétiser un projet professionnel qui porterait des valeurs qui me sont propres ».
En veille sur les cultures florales
Une volonté qui ne venait pas de nulle part : lorsqu’elle avait terminé son doctorat, Flore avait déjà songé à se lancer dans la fleuristerie. « Nous étions en 2015 et j’avoue qu’alors, l’idée de vendre des fleurs qui étaient cultivées à l’étranger, très standardisées, ne me plaisait pas ». Elle laisse donc à l’époque ce projet de côté, sans l’abandonner tout à fait. En restant en veille sur cette thématique, elle constate que les choses bougent, en France, autour de la culture de fleurs. « L’idée, poursuit-elle, de réfléchir sérieusement à une production de fleurs sur le territoire de la Côte-d’Or a alors fait son chemin dans mon esprit. Depuis quelques années, la floriculture française se développe bien, en Bretagne, dans le bassin parisien ou le Var. En Bourgogne Franche-Comté, il n’y a pas encore beaucoup d’acteurs ». En mûrissant son projet, Flore Geillon fait aussi le choix d’ajouter un volet social. Une orientation encouragée par l’accompagnement dont elle a bénéficié, pendant neuf mois, au sein du « T », un incubateur d’entreprises local spécialisé dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, et l’insertion par l’activité économique. La jeune femme a quitté son travail en décembre 2021 afin de se consacrer à plein temps au montage de son projet. Début 2022, avec son dossier sous le bras, elle frappe à la porte de cinq communes de la métropole dijonnaise dans le but de trouver un terrain où implanter la ferme florale. « Mon critère, c’était que chacune de ces communes avait, sur son territoire, un quartier relevant de ce qu’on nomme la Politique de la ville (QPV). Le choix s’est arrêté sur Longvic en raison de la proximité d’un QPV avec la future exploitation, et aussi parce que la zone est bien desservie en matière de transports en commun ». Une condition importante lorsqu’on veut intégrer en chantier d’insertion des personnes qui, pour la plupart, n’ont pas de moyen de locomotion. Le projet de Flore Geillon a aussi reçu un accueil positif de la part de la municipalité de Longvic qui songeait justement à utiliser la surface concernée pour y créer un espace dédié à la préservation de l’environnement, avec une approche pédagogique.
Chantiers d’insertion
Désormais sur la rampe de lancement, la ferme du Champ des Sourires fonctionnera selon le statut des Ateliers et chantiers d’insertion (ACI). Elle a obtenu un agrément en octobre 2022. Les salariés seront recrutés, à partir de novembre, dans le cadre de CDD d’insertion (CDDI). La structure devrait en accueillir une quinzaine (hommes ou femmes). Certains seront employés sur la floriculture, d’autres sur la fleuristerie et d’autres encore sur la vente-distribution. À Longvic, il est prévu de cultiver des fleurs vivaces et des fleurs annuelles. « En Côte-d’Or, précise Flore Geillon, on peut avoir de la fleur fraîche entre mi-mars et mi-octobre. La culture des fleurs vivaces démarrerait, au mieux, cet automne, ou sinon, au printemps 2024. Elles donneront leurs premières fleurs dans trois ans. De ce fait, pour les trois premières années d’exercice, nous vendrons des fleurs annuelles, avant de pouvoir commercialiser des vivaces ». À terme, l’objectif est de parvenir à 6 000 m2 de cultures (0,6 ha), avec une montée en puissance progressive. « Nous respecterons la saisonnalité. Nous aurons une serre mais qui ne sera pas chauffée ». On trouvera là des cosmos, mufliers, pois de senteur, dahlia, aster, achillée, graminées, arbustes… L’objectif revendiqué est de travailler selon une pratique bio, sans pour autant avoir le label. L’offre en plants de vivaces en bio est très restreinte et cela pourrait handicaper le fonctionnement de la ferme. Le bio est donc une volonté mais pas une condition absolue. « Nous travaillerons sans pesticides, mais la question de la labellisation bio devra faire l’objet d’une discussion » souligne Flore Geillon. Une partie des ventes se fera auprès de particuliers, en bouquets, sur le site de la ferme mais, à terme, avec la montée en puissance de la production, des ventes en bottes se feront auprès des fleuristes. La commercialisation aura aussi lieu sur des marchés, en circuit court. Si la ferme florale du Champ des Sourires répond aux attentes et espoirs placés en elle, Flore Geillon pourrait peut-être concrétiser un second projet du même type mais qui, cette fois-ci, serait implanté en zone rurale. À suivre donc.
En quête d'un ou d'une chef(fe) de culture
La ferme florale du Champ des Sourires est en recherche d’un ou d’une chef (fe) de culture, qui officiera aussi en tant qu’encadrant technique. La personne accueillera les salariés en insertion, elle les formera aux différentes missions à remplir sur la ferme et assurera leur suivi technique. Ce poste sera à temps plein et il est à pourvoir pour le mois d’octobre. L’idéal serait une personne ayant un profil agricole et formée en horticulture. Un second poste est aussi en cours de recrutement, cette fois-ci en tant qu’accompagnateur (trice) socioprofessionnel, qui recevra régulièrement les salariés en insertion sur la structure, discutera de leur projet professionnel, de son évolution, travaillera avec eux sur la levée de certains freins (pas de permis de conduire, problèmes financiers…). Si vous êtes intéressé par ces recrutements, envoyez un CV et une lettre de motivation à l’attention de Flore Geillon, la directrice, sur l’adresse suivante : lechampdessourires@gmail.com
L'atout de la fleur française
Dans la construction de son projet, Flore Geillon s’est inspirée d’autres expériences d’insertion par le biais de la culture florale, ailleurs en France. Elle a aussi bénéficié de l’expérience du Collectif de la fleur française, une association née en 2017, qui œuvre à faire progresser les pratiques culturales et de consommation. La communication autour de la fleur française se développe chez les professionnels pour lesquels elle devient un argument de vente mis en avant. Sur la métropole dijonnaise, la ferme du Champ des Sourires dispose d’un gros potentiel de fleuristes qui pourraient être intéressés par cette approche. D’après Flore Geillon, l’offre en matière de fleurs françaises est aujourd’hui moins importante que la demande. Un débouché à cultiver.