Terres de Bourgogne a fait écho, ces derniers mois, d’importants problèmes rencontrés dans un élevage près d’Arnay-le-Duc, suite à un changement de fréquence d’une antenne-relais. Un cas présentant plusieurs similitudes est à déplorer du côté de Vitteaux.
Pas de vacances au Gaec de Granges de Vesvres. Les récoltes ont beau être terminées, les agriculteurs n’ont pas l’occasion de lever la tête du guidon. Et pour cause, un problème inédit et particulièrement complexe se présente à eux. « Vivement qu’il soit réglé au plus vite. Celui-là, nous nous en serions bien passé », s’impatiente Luc Dupaquier, les yeux rivés sur une antenne-relais de 30 voire 40 mètres de haut, visible depuis ses bâtiments d’élevage. Cette tour métallique est vraisemblablement à l’origine de bien des maux : « sa fréquence a été modifiée, elle est passée, je cite, en 4 ++… Les faits se sont déroulés à l’abri des regards, une nuit de fin mars-début avril. Nous avions trouvé bizarre qu’une société agisse de la sorte, sans prévenir… Dès le lendemain, notre caméra de surveillance des vêlages ne fonctionnait plus, ni même notre télé… Des échanges avec un électricien nous ont vite aiguillés vers cette fameuse antenne ». Dans les jours, semaines et mois qui ont suivi, les éleveurs ont perdu une dizaine de veaux, une jument, un poulain et ce n’était pas toujours « la grande forme » chez les autres animaux de l’année : une chose totalement inhabituelle au Gaec des Granges de Vesvres. Et ce n’est pas tout : aussi incroyable que cela puisse paraître, les batteries des tracteurs se déchargeaient à une vitesse grand V.
Impact confirmé
« En parlant de tous ces problèmes autour de nous, les services d’un géobiologue se sont rapidement imposés », retrace Luc Dupaquier, « ce professionnel, ou plutôt cette professionnelle puisqu’il s’agit d’une femme, a confirmé l’impact très négatif de cette antenne-relais. Pour l’anecdote, Edwige Raillard était déjà intervenue dans la ferme de Guy Drouhin, à Lacanche, elle sait de quoi elle parle ». La mort des veaux du Gaec des Granges de Vesvres était intervenue à la mise à l’herbe, en plein milieu des prés, à une distance d’environ 500 mètres de l’antenne : « tout s’est déroulé subitement en l’espace de 14 jours. La géobiologue nous a expliqué que l’endroit en question était le plus chargé en électricité. Pour elle, l’antenne est un peu comme le manche d’un parapluie, les ondes se diffusent tout autour dans un rayon d’environ 500 m, justement. Pour ne rien arranger, une ligne électrique traverse notre ferme : cela permet à cette électricité de se propager davantage ». Luc Dupaquier ajoute un nouvel exemple : « deux étalons étaient récemment en service sur l’exploitation : le premier se trouvait dans ce fameux cercle électrique, l’autre était nettement en dehors. Le cheval le plus proche de l’antenne n’a sailli qu’une seule des sept juments qui l’accompagnaient. Le second, bien plus loin et en dehors de ce cercle, en a sailli sept sur huit… ».
Déjà des soucis
Selon la géobiologue, le changement de fréquence de l’antenne a eu un double impact : celui-ci a créé des problèmes, mais aussi amplifié des maux déjà existants. En 2019, les éleveurs observaient déjà des anomalies dans un de leurs bâtiments, en plein dans l’axe de la ligne électrique : « nos objectifs de croissance n’étaient pas toujours atteints dans cette stabulation mise en service depuis 2009. Il y avait de grandes différences par rapport à d’autres bovins qui se trouvaient non loin de là, sous un autre toit. Au fil du temps, rien n’a changé malgré toute l’attention que nous portions à l’hygiène et à l’alimentation. Nous mettions toutes les chances de notre côté, je pense notamment aux analyses de fourrages que nous réalisions, aux rations équilibrées que nous leur proposions, mais aussi à la minéralisation ou encore à l’apport d’huile de foie de morue ». De récentes analyses ont démontré que ce bâtiment est mal relié à la terre : « il y avait déjà un problème à l’origine. Nos premiers travaux vont forcément s’intéresser à cet aspect technique très néfaste. Tout ce que nous avons connu comme problèmes ces dernières années trouve aujourd’hui un sens : par exemple, en 2021, des problèmes de boiterie ont commencé à se multiplier chez nous. Nous entendions parler de plus en plus de Mortellaro, alors nous avons fait appel à un pareur pour soigner tout ça. Après coup, après en avoir parlé à la géobiologue, nous avons compris que ces boiteries étaient la cause de décharges électriques au niveau des cornadis : les bovins n’étaient jamais bien sur leurs quatre pattes. Et ils n’étaient sans doute pas très tranquilles pour manger… Avec ce changement d’antenne, le comportement des animaux n’a fait qu’empirer : les animaux sont nerveux, et à côté, leurs homologues restent très calmes. La différence est flagrante ».
Aussi dans la maison
Luc, Colette et Clément Dupaquier sont d’autant plus inquiets que l’impact des ondes ne doit pas s’arrêter aux seuls animaux : « elles doivent agir sur notre système nerveux, il ne faut pas se voiler la face. La géobiologue envisage d’organiser une réunion publique pour sensibiliser un maximum de monde sur cette problématique. Les mesures électriques réalisées dans notre maison et dans notre bâtiment mal isolé ne nous rassurent pas du tout ».