Betteraves
Quels impacts depuis la guerre en Ukraine ?
La guerre en Ukraine a occasionné d’importantes modifications pour le marché du sucre, issu de la production betteravière, en France et en Europe. En 2022-2023, 20 fois plus de sucre ukrainien a été importé dans l’UE par rapport à la campagne précédente, avec pour conséquence une chute libre des prix du sucre. Cependant, le Parlement européen vient d’adopter le règlement encadrant les flux commerciaux de sucre entre l’Ukraine et l’Union européenne, qui entrera en vigueur à partir de juin.
Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, la filière betteravière française (et européenne) a connu d’importants impacts sur le marché. Il faut dire, comme le rappelle la CGB Champagne-Bourgogne, qu’avant la guerre, seulement 20 070 tonnes de sucre (par campagne) en provenance de l’Ukraine étaient autorisées à entrer l’UE. Mais depuis mai 2022, en réponse à l’invasion russe, l’UE a levé les droits de douane sur les produits importés en provenance d’Ukraine. Sur la campagne 2022-2023, près de 400 000 tonnes de sucre ukrainien ont été importées dans l’UE, soit 20 fois plus que lors de la précédente campagne.
Encore, l’Ukraine, sur la campagne 2023-2024, a augmenté ses surfaces d’environ 30 %, ce qui se traduit par un flux potentiel vers l’UE d’au moins 750 000 tonnes cette année. Pour la campagne prochaine, l’Ukraine a déjà annoncé poursuivre la même tendance avec une ambition de volume à l’export d’un million de tonnes.
Cependant, le Parlement européen vient d’adopter le règlement encadrant les flux commerciaux de sucre entre l’Ukraine et l’Union européenne, qui entrera en vigueur à partir de juin, ce que félicite la CGB. Si les filières agricoles européennes n’ont jamais remis en cause le soutien de l’UE à l’Ukraine, elles n’ont pas pour autant les moyens de financer le prix d’une telle libéralisation sur la durée. Comme le rappelle le syndicat, une vraie concurrence déloyale était dénoncée, d’autant plus que le sucre ukrainien n’est pas soumis aux mêmes normes que le sucre français et européen. En effet, 29 substances actives (fongicides, insecticides, herbicides) sont utilisables en Ukraine alors qu’elles sont interdites dans l’Union Européenne. Aussi, 20 % de la SAU est, au sein de structure, supérieure à 25 000 ha, contre une moyenne de 137 ha, dont 16 ha de betteraves, pour la France betteravière.
L’érosion des prix stoppée
La CGB, aux côtés de la CIBE et du COPA, se félicite d’avoir convaincu le Parlement européen et le gouvernement français d’inclure le sucre dans la liste des produits soumis à contingentement et de réduire les importations annuelles en provenance d’Ukraine à 260 000 tonnes (chiffre provisoire, basée sur l’estimation de la moyenne mensuelle des flux entre juin 2021 et décembre 2023).
Aussi, cette décision du Parlement européen devrait stopper l’érosion des prix. Jusqu’alors, l’afflux de sucre ukrainien sur l’UE entraînait une baisse de prix dans l’UE et cassait la dynamique de reprise du secteur. Le prix moyen du sucre en UE était passé de 1 000 €/t en septembre 2023 à 700-800 €/t début janvier 2024, puis à 600-650 €/t début mars.
D’autant plus que l’Ukraine laissait ses débouchés traditionnels (Ouzbékistan, Tadjikistan) à la Russie et livrait notamment en Roumanie, en Pologne, en Bulgarie et en Italie. Il faut savoir que pour la France, la perte du marché italien représenterait une absence de débouchés pour 300 000 tonnes de sucre français, soit l’équivalent d’une sucrerie française. La CGB Champagne-Bourgogne craignait, une nouvelle fois, que cela ait pour conséquence une délocalisation vers l’Ukraine des investisseurs européens.
La CGB espère désormais, à la suite de ces décisions, que le marché français de la betterave sucrière ne s’en porte que mieux.