Edwige Bornot, vétérinaire à la clinique d'Alésia à Venarey-les-Laumes, dresse un état des lieux de la fièvre catarrhale ovine dans le département.

Ce n'est pas un scoop, la FCO-3 a laissé beaucoup de « traces » dans les élevages depuis son passage cet été. Il y a quelques jours, nous avons contacté Edwige Bornot pour un témoignage sur ce sujet. La vétérinaire Venarey-les-Laumes fait remarquer, en premier lieu, que les dégâts sont beaucoup plus marqués au nord du département : « Le sérotype 3 est arrivé par cette direction et a moins circulé dans le Sud qui, lui, a été davantage été touché par la FCO-8. Dans les zones concernées, les élevages ovins et bovins présentent plus ou moins de dégâts, leur ampleur a été fonction de plusieurs facteurs ».
Un mauvais « cocktail »
Les charges virales étaient, par exemple, d'autant plus importantes si les animaux ont pâturé à proximité de zones humides et/ou d'eaux stagnantes, propices au développement des insectes vecteurs. « Le statut immunitaire des troupeaux a également joué un rôle très important. Sur ce point, il faut dire que la plupart des animaux ne partaient pas très bien armés… », souligne Edwige Bornot, qui se justifie : « en effet, la qualité de l'alimentation n'est pas bonne à cause du temps et des mauvaises récoltes. L'alimentation, faut-il le rappeler, est la base de l’immunité. Comme chez l'Homme, la santé est dans l'assiette ! Un système immunitaire ne peut pas être performant s'il y a une malnutrition ». Pour ne rien arranger, le parasitisme a été exceptionnellement élevé en 2024 : « pour ma part, c'est du jamais vu en trente ans de carrière… Ce cocktail mélangeant un déficit immunitaire, un parasitisme exceptionnel et de la FCO-3 par-dessus a engendré beaucoup de mortalité chez les ovins ». Tout ne doit pas être « attribué » à la FCO, prévient la vétérinaire : « en effet, mieux vaut éviter ce raccourci… La FCO était absente dans un certain nombre d'analyses que nous avons réalisées. Encore une fois, le poly-parasitisme était très élevé, il restera l'un des tout premiers facteurs de mortalité ovine pour 2024 ».
Un peu de « chance »
Il y aura toujours des contre-exemples, mais les effets de la FCO sur la reproduction des ovins semblent moindres que dans d'autres départements : « ce n'est qu'une constatation de ma part, il y a énormément de dégâts dans certaines fermes mais nous aurions pu en avoir encore davantage, comme c'est le cas plus au nord de la France. Certaines dates d'agnelages ont permis à des éleveurs côte-d'oriens de passer entre les mailles du filet. En août, quand la FCO-3 est arrivée, les luttes pour les agnelages précoces étaient terminées, tout s'est donc à peu près bien passé. Pour les prochaines naissances, au printemps, la lutte s'est opérée à l'automne : nous croisons les doigts, mais nous pouvons espérer que les conséquences de la FCO-3 seront là aussi limitées. Il a été constaté, dans des départements situés plus au nord, que les béliers malades retrouvaient leur fertilité au bout de deux ou trois mois : les luttes d'automne se sont peut-être bien passées, nous l'espérons, tout reste à confirmer ». L'état des lieux est en revanche « tout autre » chez les bovins : « beaucoup de femelles sont rentrées vides ou ont avorté au pré… Dans d'autres cas, des veaux sont nés avant le terme. La reproduction chez les bovins semble être plus impactée que celle des ovins, un peu comme nous l'avions déjà constaté avec la FCO-8. Mais là encore, il ne faut certainement pas tout attribuer à la fièvre catarrhale, ce serait sans doute une erreur ».
D'autres impacts
Edwige Bornot évoque une autre conséquence de la FCO avec les chutes de production laitière : « nombre d'éleveurs enregistrent des baisses entre -2 et -4 litres de lait par vache et par jour. Je connais même un producteur qui est tombé à -8 litres mais là encore, la FCO n'est pas la seule cause. La mauvaise qualité des fourrages était, pour lui, responsable de la moitié de ses pertes. En retrouvant une alimentation de bonne qualité, la chute était remontée à -4 litres. Ces baisses de production tendent heureusement à diminuer depuis plusieurs semaines, la plupart des élevages remontent en effet la barre depuis mi-décembre ». La vétérinaire termine l'échange en évoquant la vaccination : « elle a fait ses preuves si les animaux ont été vaccinés avant le passage du virus. Tout s'est très bien passé dans ces cas-là. En revanche, d'après ce que je peux constater à mon échelle, les résultats sont moins bons qu'attendus si l'acte a été réalisé en pleine circulation de la FCO. Ce n'était pas ce que nous avions constaté à l'époque avec la FCO-8 ».