Portrait
Raphaël Delaporte incarne la nouvelle génération qui réfléchit
Vivant dans le Loiret mais scolarisé à la MFR de Villevallier, dans l'Yonne, Raphaël Delaporte n'a beau avoir que 17 ans mais il a la tête bien ancrée sur les épaules. Il nous parle de son parcours et de son rêve de s'installer un jour comme agriculteur.
17 ans mais déjà tout d'un grand. Habitant de Saint-Germain-des-Prés, à quelques kilomètres de Montargis, dans le Loiret, Raphaël Delaporte va attaquer d'ici quelques semaines sa terminale en Bac pro CGEA à la MFR de Villevallier. Et c'est avec beaucoup de maturité qu'il revient sur son parcours. « Lors de mes deux premières années au collège, cela ne s’est pas trop bien passé pour moi. Mes notes étaient catastrophiques. J’ai alors décidé de me diriger vers une MFR afin de pouvoir apprendre un métier en parallèle des cours. J’ai alors intégré la MFR de Villevallier. Cela m’a permis de découvrir plein de métiers : j’ai fait beaucoup de stages en menuiserie, en mécanique motoculture, en mécanique agricole, en chaudronnerie, en agriculture… Tous les stages m’ont beaucoup plu, mais je trouvais souvent cela répétitif dans les tâches, ce qui me lasse rapidement », confie-t-il. « Ce sentiment, il y a qu’en agriculture que je ne l’ai pas eu. Dans le domaine agricole, on ne fait jamais la même chose d’une année à l’autre et les activités sont très variées : on peut être dans les champs le matin et se retrouver à faire de la soudure ou de la mécanique l’après-midi. Il faut savoir être manuel pour travailler dans le monde agricole et c’est ce qui me plaît », sourit-il.
Si aujourd’hui il semble avoir trouvé sa voie, il le reconnaît bien volontiers, c'est en partie grâce au système de la MFR. « Cela m'a sauvé. Si j’étais resté dans le système scolaire, dit classique, je n’en serai pas là aujourd’hui avec des projets professionnels, j’en ai totalement conscience. D’avoir l’opportunité de faire des stages en parallèle des cours cela pousse à bien travailler à l’école (lors des 19 semaines de cours) car on apprend cette notion de travail à la fois à l’école mais aussi à l’extérieur. Et quand on arrive à trouver ça voie, c’est plus motivant », assure Raphaël Delaporte.
Le rêve de s'installer
S'il apprend à effectuer les multiples tâches à faire dans une exploitation agricole (située à Château-Renard, dans le Loiret), l'agriculture ne lui était toutefois pas inconnue. « Mes arrière-grands-parents étaient agriculteurs et j’ai encore aujourd’hui quelques cousins qui le sont. J’ai passé mon enfance à la ferme ».
Et lui, ce qui lui plaît le plus, ce sont les grandes cultures. « J’aime cet aspect de gestion qu'il y a dans une exploitation céréalière. Beaucoup pourraient croire au premier abord que les grandes cultures c’est savoir planter des graines et venir les récolter quelques mois après. Mais dans les faits, c’est bien plus compliqué que ça. Il faut être capable de voir que la terre ne vit pas pareil d’un endroit à un autre, selon sa composition, et qu’en sachant cela, il faut savoir adapter son travail. Il faut aussi prendre en compte les différentes cultures et leurs variétés. En grandes cultures, la moindre décision peut avoir d’importants impacts. Il faut être très minutieux et faire attention à tout ce qu’on fait pour faire ce métier, et c’est ce qui me plaît ».
Il ne lui reste désormais qu'une petite année avant de pouvoir passer son Bac. Ensuite ? « Je pense arrêter mes études et intégrer pleinement le monde actif, toujours en agriculture. Dans un premier temps, j’aimerais être salarié avant d’envisager de m’installer. J’aimerais un jour pouvoir concrétiser ce rêve de pouvoir m’installer. Mais n’étant pas issu d’une famille agricole, et n’ayant pas de terres à récupérer, cela sera peut-être un peu plus compliqué, mais c'est loin d’être impossible », dit-il avec conviction.
Et lorsque l'on entend sa façon de voir les choses, nul doute qu'il y arrivera. « Pour travailler, aujourd’hui, dans le monde agricole, je pense qu’il faut être ouvert d’esprit et prendre quelques bonnes idées un peu partout, c’est ce qui permet de progresser. Aujourd’hui, on voit de nouvelles techniques se développer où l’idée est de travailler moins des sols pour les préserver, alors pour pouvoir y arriver, il ne faut pas rester sur des idées préconçues », développe-t-il.
Et dans le contexte climatique actuel, il est nécessaire de s'adapter pour perdurer. « Des agriculteurs, on va en avoir besoin dans les années à venir. J’ai pleinement conscience du changement de climatique et de ses impacts, mais je suis persuadé qu'on parviendra à trouver encore de nouvelles techniques pour surmonter ces problématiques climatiques. Je pense que les agriculteurs et notamment les jeunes doivent se battre pour aider à développer ses nouvelles techniques et assurer la pérennité de l’agriculture ».
À 17 ans, il a déjà tout compris.