Essais sur des variétés
Vers plus de résistance au mildiou et à l'oïdium

Christopher Levé
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Dans l'idée de réduire d'utilisation de produits phytosanitaires sur leurs parcelles de vigne, les viticulteurs du groupe Dephy viticulture Yonne de la Chambre d'agriculture icaunaise travaillent sur diverses thématiques. L'une d'entre elles consiste à trouver de nouveaux cépages plus résistants aux maladies. Des essais sont actuellement menés par l'un d'entre eux, sur 15 ares, à Saint-Bris-le-Vineux. 

Viticulture
Le groupe Dephy de la Chambre d'agriculture de l'Yonne travaillent sur diverses thématiques liées à la réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires (photo Chambre d'agriculture de l'Yonne).

Créé en 2011, le groupe Dephy viticulture Yonne de la Chambre d’agriculture de l’Yonne compte 12 vignerons, tous basés dans le Chablisien et le grand Auxerrois. S’ils abordent depuis plus de dix ans diverses thématiques, le groupe se concentre essentiellement depuis 2022 sur la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires, « tout en conservant des rendements satisfaisants », précise Manon Pinot, conseillère en viticulture à la Chambre d’agriculture de l’Yonne.
« Plusieurs volets sont travaillés : les réglages de pulvérisateurs, le test de matériels innovants, des outils d’aide à la décision pour les aider à planifier au mieux les traitements (toujours avec l’objectif de réduire davantage les doses), l’utilisation de produits de biocontrôle plus respectueux, l’implantation de biodiversité fonctionnelle… Ainsi qu’une thématique vers laquelle ils se dirigent sur le plus long terme : la plantation de variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium ».

15 ares de floréal plantés

Pour enrichir leurs connaissances sur ce dernier sujet, le groupe a deux voyages d’étude (dans le pays de la Loire et dans le Beaujolais), pour découvrir les cépages résistants et voir leur comportement dans les vignes, ainsi que ce que cela peut donner en qualité de vins finis.
« Les viticulteurs du groupe réfléchissent à la plantation de ces variétés afin de les observer sur les terroirs icaunais. Un des membres (Thomas Sorin, du domaine des Remparts, à Saint-Bris-le-Vineux) a franchi le pas cette année et a planté 15 ares de floréal, un cépage Resdur 1 fait par l’Inrae », informe Manon Pinot.
Pour cela, ce dernier a dû planter le cépage en vin de France. « Pour l’heure, les variétés résistantes ne sont pas dans les cahiers des charges des AOP de l’Yonne », indique la conseillère en viticulture de la Chambre d’agriculture. « Thomas Sorin a également pour projet de planter 15 ares de plus de sauvignac, un autre cépage résistant ».
Si ces cépages sont intéressants, c’est parce que contrairement aux cinq à dix traitements (en moyenne) nécessaires sur les cépages que l’on trouve dans l’Yonne, ceux-ci n’en demandent que deux, sur la floraison. « C’est donc un moyen de réduire considérablement l’utilisation de produits phytos », assure-t-elle.
Et avec une année comme celle que nous sommes en train de vivre, où le risque en ce qui concerne le mildiou et l’oïdium est fort, la recherche variétale est plus que jamais importante. « Cette année, les températures sont favorables à la maladie. Alors, si on peut avoir des variétés plus résistantes à ces maladies, c’est bien. Cela permet d’envisager l’avenir plus sereinement. Mais, même si on va sur des variétés plus résistantes, on ne pourra pas retirer tous les traitements car le risque serait que les maladies contournent les résistances. Il est nécessaire de traiter un minimum pour maintenir cette résistance dans le temps », explique Manon Pinot.

Viticulture
La parcelle d'essais de floréal à Saint-Bris-le-Vineux (photo Chambre d'agriculture de l'Yonne).