Installation de poulailler
Vue d'ensemble d'un projet ambitieux
Durant la porte ouverte du Gaec des Jonquilles, les visiteurs ont pu découvrir les installations, avec explications des associés présents pour l'occasion.
Les associés du Gaec des Jonquilles ont organisé une journée porte ouverte, le 25 octobre à Saint-Péreuse, pour faire découvrir leur nouveau poulailler aux voisins et autres résidents – parfois peu enclins à voir ce projet sortir de terre (1). Ils souhaitaient également éclairer leurs motivations ainsi que tous les éléments à prendre en compte pour la réalisation d'un tel projet. Ainsi, pour comprendre les raisons de l'installation de ce bâtiment, il faut remonter en 2019…
Genèse du projet
« Lors de l'installation d'Alexandra, nous n'avions ni l'envie ni l'opportunité de nous agrandir. Il fallait donc trouver un nouvel atelier peu gourmand en main-d’œuvre », détaille Cédric Bernier. Aujourd'hui à la tête de 250 ha (tout en herbe) avec 180 vaches charolaises, 110 brebis suffolk, les associés pensent à l'avenir. « Notre père voudrait prendre sa retraite, et de notre côté nous souhaitons réduire la surface et donc le cheptel. Si pour le moment nous ne savons pas dans quelle proportion, le poulailler nous semblait une bonne compensation à cette réduction ». Ainsi, en 2019 le premier poulailler est mis en place. « L'atelier avicole fonctionnait bien, et après une profonde réflexion, nous avons décidé d'en monter un second ». Même si la surface est identique (1 800 m2 pour 38 600 poussins/ bâti) quelques éléments ont été revus : « nous avons intégré des panneaux photovoltaïques pour cette nouvelle structure avec une centrale de 485 kWc soit 2 500 m2 de toiture. Nous avons opté pour de la revente d'énergie à 100 %, pour une question de simplicité. Nous sommes en réflexion pour positionner des panneaux sur le premier poulailler, mais il faut renforcer la charpente ». Le Gaec des Jonquilles a également installé des panneaux photovoltaïques sur la fumière construite en 2023. « Comme nous avons doublé la surface de production avicole, nous avons trop de fumier pour nos terres. Aujourd'hui, nous faisons de la revente, ce qui nous apporte une rentrée financière d'environ 20 000 euros/an ».
Rentrée de trésorerie
Toujours dans l'idée d'aborder le quotidien plus sereinement, les associés du Gaec stipulent : « outre le fait de ne pas être gourmand en main-d’œuvre, l'atelier avicole permet d'avoir une rentrée de trésorerie régulière, puisque le cycle de séjour des poulets est de 35 à 40 jours. De plus, cet atelier est complètement indépendant des aides Pac et des aléas climatiques. Un point à prendre en compte dans le contexte actuel ». Question commercialisation, Cédric Bernier répond sans détour : « nous ne nous occupons de rien ». En effet, le Gaec est en intégration avec Huttepain Sud Est, filiale de LDC, avec un contrat de 15 ans. « Nous avons une garantie de mise en place de sept lots par an pour chaque bâtiment, ce qui implique également une garantie de paiement. Un atout intéressant pour les financeurs… », souligne Cédric Bernier. « Le prix de revente est de 1 150 euros/tonne environ. Mais, cela ne veut pas dire grand-chose, il faut réfléchir en marge poussin/aliment, car l'important n'est pas le prix de reprise mais bien ce qui reste à la fin… ». Si ce projet semble donc un bel outil de simplification et de rentabilité économique, cela a un prix comme le martèle Cédric Bernier : « il y a un gros investissement financier derrière et nous n'aurions pas sauté le pas si le poulailler ne s'était pas, à terme, autofinancé et ce sans les recettes générées par l'installation photovoltaïque ».
Un coût non négligeable
Ainsi, pour le 1er bâtiment (de 2019), l'investissement est de 670 000 euros au total, avec 160 000 euros d'aides PCAE et 54 000 euros d'aides filière (HSE), avec un solde financé en emprunt à un taux de 1,48 % (détail qui a son importance). Pour la fumière, c'est un investissement de 120 000 euros, pour le photovoltaïque de 430 000 euros et pour le dernier poulailler, c'est un total de 815 000 euros. Cédric Bernier décortique ce dernier : « il y a environ 15 000 euros de surcoût pour la charpente afin qu'elle puisse accueillir du photovoltaïque et une augmentation des prix des matériaux de structures sur des postes principaux comme le béton, la coque… Dans les 815 000 euros, sont également compris les frais liés à l'autorisation environnementale : constitution du dossier (20 000 euros), publication au journal officiel (4 000 euros), commissaire enquêtrice (38 000 euros). Pour ce projet le Gaec a obtenu 104 000 euros d'aides PCAE et 90 000 euros d'aide filière. Le reste est un emprunt sur 15 ans à 3,77 %. En somme, il y a environ 25 % de plus pour les matériaux, deux points de plus pour le taux des intérêts et 30 % d'aides PCAE en moins… ». En parallèle, les associés du Gaec ont investi dans un robot de lavage afin de gagner du temps, pour un coût de 43 000 euros. « Il travaille la nuit afin de dégrossir le lavage, ce qui réduit le temps passé à ce poste de moitié pour nous. Pour le financement du robot, nous avons demandé une aide PSN en janvier 2024, avec une demande de complétude de dossier arrivée en août 2024. Nous avons renvoyé les éléments requis en septembre, et depuis plus de nouvelles… Nous avons droit à ce soutien financier, mais force est de constater que rien n'est fait pour accélérer ou aider à leur octroi. À mon sens, c'est encore une lourdeur administrative qui s'ajoute dont nous n'avions pas besoin ». Face à tout ceci, il conclut : « Il faut anticiper les démarches, bien réfléchir à son projet et surtout raisonner les coûts en envisageant tous les cas de figure, car il peut se passer beaucoup de choses en un an. Si on est persuadé du bien-fondé de son projet, il faut persévérer ». Pour que la porte ouverte se déroule pour le mieux, les associés du Gaec avaient prévu une dégustation de viande de volailles (fournie par HSE) avant de proposer d'assister à la démonstration du robot de lavage EVO Cleaner.
1. Voir notre dernière édition.
Transmission
La Journée porte ouverte du Gaec des Jonquilles fut également l'occasion pour Louis Accary d'annoncer la future passation de flambeau à Cédric Bernier à la tête de la présidence du Comité d’orientation régional de l’élevage (Corel), section avicole, à l'issue des prochaines élections Chambres. Il insiste : « Cette filière doit être défendue, et je suis ravi de l'engagement de Cédric. Rappelez-vous qu'il faut toujours se battre pour ses acquis et pour en obtenir de nouveau ». Cédric réagit humblement : « vous placez la barre haut, et j'espère que vous ne serez pas déçu. En tout cas je ferais tout mon possible pour défendre la filière ».