Élevage ovin
S'adapter au changement climatique

Chloé Monget
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Le 31 octobre, la Chambre d'agriculture de la Nièvre organisait une demi-journée sur le thème : « adapter son élevage ovin face au changement climatique » à Neuville-lès-Decize.

S'adapter au changement climatique
La demi-journée organisée par la Chambre d'agriculture se déroulait dans l'exploitation de Gaël Jacquey, à Neuville-lès-Decize.

Afin d'aborder l'adaptation d'un élevage ovin face au changement climatique, la Chambre d'agriculture de la Nièvre (CA 58) proposait une demi-journée sur cette thématique le 31 octobre dans l'exploitation de Gaël Jacquey (Neuville-lès-Decize). Étant donné que le sujet est vaste, diverses interventions étaient prévues afin de détailler les solutions possibles – dont la liste est non exhaustive. Christophe Rainon, conseiller en production ovine à la CA 58, insiste : « ces éléments peuvent, pour certains, être intégrés dans d'autres productions, c'est pour cette raison que cette rencontre était ouverte à tous. Dans tous les cas, il faut avoir une réflexion globale de son système, et une vision à long terme afin que l'intégration d'un ou plusieurs leviers soit efficace ».

Ainsi, avant de mettre en évidence les éléments mis en place par Gaël Jacquey sur son exploitation, un point général sur le changement climatique et ses conséquences était prévu. Ainsi, Benoît Giroud, conseiller changement climatique à la CA 58, débute : « Au vu des scénarios émis par le Giec, le changement climatique impliquera des chaleurs plus fortes, durant une période plus longue, avec des épisodes violents de pluies à l'image des épisodes cévenoles. La quantité de précipitations restera globalement identique à aujourd'hui. Les hivers seront plus doux avec moins de jours de gel mais sur la même période. Nous ne sommes pas à l’abri d'avoir des coups de gel courant mars mais, réchauffement oblige, ces coups de gel auront un impact sur la végétation qui aura déjà bien redémarré donc avec des soucis notamment en arboriculture/vignes/maraîchage. Tout ceci implique que les systèmes doivent se réajuster en fonction de ces contraintes ».

Sécuriser le fourrage

Plus en avant, Charles Duvignaud, conseiller spécialisé bovins allaitants à la CA 58, explique durant la rencontre : « Le changement climatique imposera, en été, moins d'herbe plus précocement et plus longtemps. De ce fait, il faudra réaliser les stocks de fourrages plus tôt, au printemps, et en quantité plus importante afin de prévoir une éventuelle redistribution estivale… En parallèle, pour ne pas pénaliser les repousses – et donc une potentielle seconde fauche – il faudra éviter les interventions mécaniques trop agressives ou réalisées au mauvais moment ou encore le surpâturage ; le pâturage tournant peut être une solution pour l'éviter. Pour ce dernier point, et afin qu'il soit efficace, un ajustement du chargement sera éventuellement à effectuer. L'autre élément à prendre en compte sera les choix en matière d'espèces à implanter dans les prairies, en ayant à l'esprit certains critères comme la précocité ou encore la dormance. Les amendements ou fertilisations seront aussi à étudier avec précision, car ils auront un impact sur la qualité de la flore et la quantité de biomasse produite ». Ensuite, toujours dans une optique de sécuriser l'apport fourrager, l'agroforesterie a été pointée comme un levier possible : « Certaines essences ont des valeurs nutritionnelles se rapprochant de celles de fourrages traditionnels à l'image du mûrier blanc qui offre des propriétés quasi similaires à celles de la luzerne. L'autre avantage de l'implantation d'arbres est l'ombrage procuré aux animaux, indispensable pour préserver leur état lors de fortes chaleurs » pointe Christophe Rainon.

Les autres outils

Ensuite, la gestion du cheptel fut aussi mise en évidence comme un élément à avoir à l'œil pour faire face au changement climatique : « Pour des questions économiques, il est préférable de ne pas garder les animaux improductifs » martèle Jean-Louis Bridier, chargé de mission IPG/EdE à la CA 58, et ajoute : « pour repérer ces éléments à exfiltrer, l'outil Oviclic peut être utile. D'ailleurs, avec près de 60 adhérents actuellement, la Chambre d'agriculture envisage des formations afin de détailler toutes les fonctionnalités d'aide à la décision que cette application offre ». Enfin, les conseillers de la CA 58 ont évoqué des ajustements à faire sur les bâtiments pour limiter la hausse des températures à l'intérieur : « Les bâtis devront être isolés et ventilés notamment pour pouvoir mener la finition des agneaux en bergerie. On peut aussi envisager l'ajout d'un débord de toit en façade sud afin de limiter le rayonnement du soleil ». Une fois cette vision générale dépeinte, Gaël Jacquey a présenté son exploitation et les diverses modifications réalisées avec cette thématique du changement climatique en tête. Retrouvez ses choix dans un prochain numéro de Terres de Bourgogne.

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Près de vingt participants étaient présents lors de l'événement.