Formation
La vente directe comme école de commerce

Berty Robert
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Jules Lucotte est étudiant en commerce, mais la voie qu’il s’est choisie est atypique : il se forme en alternance dans une ferme de Côte-d’Or qui pratique le circuit court et la vente directe.

La vente directe comme école de commerce
Jules Lucotte, sur le stand de la Ferme sous la Velle, lors du pique-nique fermier, à Dijon le 8 Juin.

Samedi 8 juin, place de la République, à Dijon, Jules Lucotte est là, sur le stand de la Ferme sous la Velle, une exploitation d’élevage de bovins de l’Auxois, gérée par Rosine et Sylvain Mallet. Le jeune homme de 21 ans est tout sourire et discute avec des clients curieux des produits qu’il vend et qui participent au pique-nique fermier organisé par la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or et le réseau Bienvenue à la Ferme. À ce moment précis, Jules poursuit en fait ses études : il prépare un bachelor (bac + 3) « Responsable de développement commercial », au sein de l’école Pigier, à Dijon et sa présence sur ce marché de producteurs est la partie la plus « visible » d’une formation qu’il suit en alternance. Mi-juin, il soutiendra à l’oral le rapport qu’il a réalisé sur cette alternance et nul doute que le jury sera surpris par le choix atypique de cet étudiant. Là ou la plupart de ses congénères ont choisi la grande distribution ou les boutiques spécialisées, lui a décidé de se former dans le domaine des circuits courts pour la vente directe de produits agricoles. Un choix qui n’est pas totalement dû au hasard : Jules Lucotte est issu d’une famille d’agriculteurs, mais son appétence pour cette forme de commerce est réelle.

Trois jours par semaine

Il a longtemps hésité sur sa voie professionnelle. Sorti d’une filière scientifique au lycée, il avait d’abord entamé des études supérieures en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), en envisageant de devenir professeur de sport. En parallèle, il restait très proche du milieu agricole et réalise que le commerce qui peut y être lié l’attire. Il a alors choisi de réorienter ses études pour travailler sur la ferme du village de Beurey-Bauguay très impliquée dans ce domaine. Il a débuté à la Ferme sous la Velle en septembre 2023, où il travaille trois jours par semaine, les deux autres étant consacrés aux cours à Dijon. Ses missions sont larges : « Je ne fais pas uniquement du commerce, précise-t-il, je travaille aussi beaucoup au laboratoire. J’alterne les tâches tout en développant la partie commerciale, en trouvant de nouveaux clients ou de nouvelles activités. J’ai démarché de potentiels nouveaux clients pour notre activité de burgers fermiers. Je travaille aussi sur l’organisation des clients déjà existants ».

Réduction des coûts

Il consacre également une bonne partie de son temps à réfléchir aux moyens de faire baisser les coûts de revient. Il a notamment retravaillé le chutney de poivrons et de cassis qui intervient dans la recette des burgers de la ferme : « Il nous coûtait très cher, alors on le fabrique nous-mêmes. C’est quelque chose de très concret qui nous a permis de faire baisser notre prix de revient de 60 centimes par burger ». Il est aussi allé voir des fournisseurs et en a trouvé un qui permet d’obtenir des coûts plus intéressants pour les étiquettes appliquées sur les bocaux de plats cuisinés proposés par la ferme. Il participe à l’élaboration d’un dispositif de visites de la ferme et aux marchés auxquels elle prend part, dont quatre à Paris. Ses journées sont rythmées par les préparations de commandes, des livraisons, l’entretien du laboratoire, la préparation des marchés, la gestion des stocks, l’accueil de clientèle sur rendez-vous à la ferme… Se sentir utile, c’est ce qui compte le plus ses yeux. Il apprécie particulièrement le contact avec la clientèle sur les marchés et, c’est indéniable, Jules est souriant, à l’écoute des clients, le plaisir qu’il prend à parler des produits qu’il vend n’est pas feint, il a un contact naturel et très « commerçant ». « Le contact avec le client, j’adore ça, sur les marchés, les gens sont très agréables, ils sont heureux qu’on leur parle de ce qu’on leur vend ». L’an prochain, Jules Lucotte va poursuivre sur un Master, toujours au sein de la même école, toujours en alternance, et toujours à la Ferme sous la Velle. Mais pour l’heure, il pense aussi au grand rendez-vous qui l’attend cet été : il fait partie des bénévoles mobilisés pour les Jeux Olympiques. Lui sera chauffeur.