Le recours à un exosquelette dans le travail de la vigne n'est ni un gadget, ni une solution idéale. Le choix à faire doit résulter d'une réflexion cohérente envers des besoins précis. Groupama Grand Est et la MSA Bourgogne livrent des conseils éclairants sur ce thème.
Les exosquelettes sont de plus en plus présents dans un grand nombre de secteurs professionnels. Ils semblent adaptés à la viticulture, un domaine qui met les corps à rude épreuve. Pour autant, constituent-ils une réponse idéale et absolue ? La réponse doit être nuancée. Groupama Grand Est, par l'intermédiaire de sa caisse locale Terre et Vin et la MSA de Bourgogne sont intervenus lors d'une soirée prévention organisée au syndicat viticole de Nuits-Saint-Georges, en Côte-d'Or, afin d'éclairer les professionnels sur les choix à faire. Les métiers de la vigne entraînent des souffrances osseuses ou musculaires qui peuvent aller jusqu'à générer des incapacités totales ou partielles. L'apparition des exosquelettes a pu laisser penser que la solution idéale, dans l'allègement de l'effort qu'elle représente, était trouvée. Mais comme souvent, la réalité est plus complexe et c'est pour permettre des choix éclairés que Groupama et la MSA ont organisé cette rencontre, en partenariat avec l'entreprise PB Sécurité, de Saint-Apollinaire, près de Dijon, spécialisée dans les équipements de protection individuelle (EPI).
Articulés, élastiques, motorisés…
« Les viticulteurs sont très sollicités par des vendeurs d'exosquelettes, précise Damien Cépéda, chargé de clientèle viti chez Groupama, mais ils doivent déterminer leurs besoins avant de faire leur choix. » Avec une trentaine d'exosquelettes essayés à ce jour, Jérôme Waeber, dirigeant de PB Sécurité, est bien placé pour en parler : « il en existe des articulés, des élastiques, des motorisés. Les questions à se poser sont : pourquoi en ai-je besoin ? Est-ce qu'il va m'être utile pour ce que j'ai à faire ? » L'éclairage apporté par Mickaël Nicolas, conseiller en prévention des risques professionnels à la MSA de Bourgogne était indispensable : « les exosquelettes sont en lien avec la problématique des Troubles musculosquelettiques (TMS), sachant qu'ils sont favorisés par le froid et l'humidité, des conditions auxquelles les travailleurs viticoles sont souvent confrontés. À la base, ces exosquelettes sont plutôt pensés pour l'industrie et pas forcément adaptés à l'agricole. La caisse centrale nationale MSA s'est positionnée et procède à des tests mais nous constatons que ces équipements, s'ils peuvent être bénéfiques, ne sont pas forcément la réponse pour tout le monde ». Aux yeux du spécialiste de la MSA, il est impératif de tester un exosquelette pendant au moins deux ou trois semaines pour se faire une idée précise. À ce jour, la MSA attend encore des résultats de tests complémentaires avant de décider si elle financera ou pas ce type d'équipement.
Avoir du recul
« L'exosquelette ne sert pas forcément à augmenter les capacités physiques, poursuit Mickaël Nicolas. Il faut surtout écouter son corps et ne pas oublier que les fournisseurs de ces équipements ne sont pas des médecins. La MSA n'est pas contre les exosquelettes mais elle souhaite faire de la veille pendant deux ou trois ans, afin d'avoir suffisamment de recul ». « On n'utilise pas un exosquelette parce qu'on a mal au dos, renchérissait Jérôme Waeber, mais pour ne pas avoir mal au dos. » En conclusion de cette réunion de prévention, si les solutions miracles n'existent pas, une approche nuancée et réfléchie de l'usage d'un exosquelette peut néanmoins être porteuse de bénéfices en matière de santé.