Redonner vigueur à la vigne
La taille durable préconisée

Christopher Levé
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Après une année climatique des plus compliquées et une pression mildiou très élevée, la Chambre d'agriculture de l'Yonne préconise une taille dite durable, dans le but de redonner de la vigueur aux pieds de vigne et espérer que les récoltes prochaines soient bien meilleures qu'en 2024.

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La grêle et le mildiou ont causé des dégâts sur les bois.

La grêle et le mildiou, favorisé par un excès d'eau, sont les deux principaux facteurs d'une année viticole des plus délicates, voire jamais observée jusqu'alors. Manon Pinot, conseillère à la Chambre d'agriculture de l'Yonne, revient sur le contexte de cette année. « La pression maladie était exceptionnelle. On a observé une première sortie de tache sur feuille autour du 15 mai et sur grappe fin mai, au début de la floraison. Ce qui était compliqué, c'est que la campagne de traitement a commencé très tôt, certains ont dû faire des passages dès la fin avril ».
La floraison s'est alors faite dans de mauvaises conditions. Et les pluies survenues ensuite n'ont pas arrangé les choses. « D'avril à août, il y a eu 500 mm de pluie, là où y a eu entre 300 et 350 mm sur la même période en 2023, et entre 200 et 250 mm en 2022. Cela a favorisé le développement de la maladie et n'a pas laissé beaucoup de possibilités aux vignerons pour traiter, ce qui a eu pour conséquence une contamination jamais vue auparavant », continue Manon Pinot.
Pour beaucoup, 2024 est la pire année jamais enregistrée en viticulture. « Certains domaines, dans certains secteurs, ont jusqu'à 100 % de pertes à cause de la maladie », confie la conseillère de la Chambre.
« En plus du mildiou, il y a eu des épisodes de grêle très importants, notamment le 1er mai et en juillet. Cela a posé des problèmes de retard de stades de développement, en plus des pertes de récolte. La vigne a été stressée cette année ».

La production passe par la santé des ceps

Pour ne rien arranger, le mildiou s'est également attaqué aux bois, en plus des feuilles et des grappes. « On voit des écorces noircies, fissurées, comme nécrosés », constate Manon Pinot. « Et certains bois n'ont pas aoûté à cause de cela, c'est-à-dire qu'ils sont restés verts ».
Pour les viticulteurs, il est donc nécessaire d'adapter leur technique de taille pour redonner de la vie aux pieds de vigne. Ainsi, la Chambre d'agriculture de l'Yonne préconise, pour les vignerons icaunais, la taille durable. « L'objectif, avec cette technique, est de respecter les flux de sève et de pérenniser les pieds de vigne, certains manquant un peu de vigueur. L'idée est d'adapter la charge à la vigueur. Concrètement, si quatre bois ont poussé sur une baguette de l'année dernière, il faut tailler à quatre yeux (bourgeons), en laissant deux coursons à deux yeux, ce qui permettra à la vigne de récupérer un peu de vigueur pour assurer une récolte l'année d'après et les suivantes », détaille Manon Pinot. « Il est important de se concentrer sur l'idée de redonner de la santé aux pieds avant de récupérer de la production. Si on ne le fait pas, les productions à venir ne seront pas de qualité et le rendement ne sera pas forcément plus intéressant », assure-t-elle.
Aussi, la Chambre préconise une plus grande vigilance lors de la taille. « Il est essentiel de vérifier si les baguettes sont bien vivantes, car elles peuvent parfois être nécrosées à certains endroits mais être encore alimentées. Le plus important est donc de vérifier de la viabilité des baguettes aoûtées et des bourgeons. C'est assez simple à vérifier, en coupant le haut de la baguette. Il est nécessaire de vérifier également si les bourgeons sont viables car un bourgeon mort ne donnera rien ».
La conseillère de la Chambre le souligne : « La taille est un très bon outil pour choisir la production, mais aussi pour redonner de la vie et de la vigueur aux ceps ».

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Il faut faire attention a bien faire des coupes transversales sur les bois pour vérifier de leur viabilité (photo : Chambre d'agriculture de l'Yonne).