Architecture et paysage
Une semaine de réflexion collective expérimentale

Chloé Monget
-

Le CAUE 58 organisait pour la première fois une résidence d'architecture et de paysage intitulée « Village en questions » du 19 au 23 août à Villapourçon. 

Une semaine de réflexion collective expérimentale
Claire-Hélène Delouvée, à droite, lors de la résidence à Villapourçon, tenue à l'ancienne auberge Marie-Lou, dans le centre du bourg. Crédit photo : CAUE 58.

Dans un contexte où la vacance du bâti est de plus en plus importante dans les territoires ruraux (voir encadré), le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement de la Nièvre (CAUE 58), a souhaité réfléchir à cette problématique, tout comme à la qualité des espaces publics et à la mise en valeur du paysage lors de sa première résidence organisée à Villapourçon du 19 au 23 août.

Claire-Hélène Delouvée, directrice de l’association et paysagiste-conceptrice, détaille : « Cette initiative permet, d'une part, à l'équipe du CAUE de se réinventer dans son approche du conseil et, d'autre part, d'associer les habitants à la réflexion. Même si en cinq jours il est impossible de faire le tour de toutes les questions en termes d’aménagement, d’architecture et de paysage d’un village, cela permet de dégager des pistes de réflexion et de prendre en compte les besoins et envies de personnes partageant un même territoire ». Au total, 150 participants (habitants, élus, touristes, etc.) se sont succédé, toute la semaine, sur les différents ateliers. 

Des conseils in situ 

Ainsi, grâce aux balades-diagnostics, aux cafés-rencontres et aux ateliers collectifs organisés, quatre axes de réflexion se sont dégagés et ont permis au CAUE de proposer des conseils architecturaux et paysagers. Le premier ciblait le grand paysage et invitait à mettre en valeur certains points de vue importants, à inventorier les chemins ruraux, à s’inspirer du principe des AMAP pour l’alimentation en bois de chauffage, ou encore à contrôler les plantations forestières sur les versants du village. Le second axe se concentrait sur le bourg, en incitant à réaménager le cimetière, à végétaliser la place et certaines rues, à gérer les eaux pluviales à la parcelle, à proposer plus de services (fontaine, point infos, mobilier urbain) et à développer des activités sportives (parapente, circuits équestres, GR, etc.). Le troisième point se focalisait sur la place du bourg en encourageant la création d'une terrasse pour l'Auberge de Marie-Lou et l'ouverture de vues sur le paysage plus lointain, en réinterrogeant les circulations ou encore la place du bâti vacant périphérique. Enfin, c'est très spécifiquement sur l'ancienne Auberge Marie-Lou que les réflexions se sont portées en formulant de nouvelles affectations possibles : café éphémère, point d'informations ou encore centre numérique.... et en questionnant l'usage de l'étage du bâtiment.

Au service du bâti ancien 

Concernant la réhabilitation du bâti ancien, Claire-Hélène Delouvée suggère : « Il faut trouver des usages intelligents et innovants afin que leur pérennité soit assurée. Certains outils, comme la loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN), permettent de sanctuariser les espaces naturels et les terres agricoles afin qu'ils ne soient pas urbanisés. Mais, cela implique la concentration des bâtis tout en concevant l’accès à un espace extérieur pour les habitations de centre bourg n'ayant pas de jardin. Ce point est primordial, particulièrement dans les territoires ruraux, pour rendre ces logements désirables ». Si des solutions architecturales existent pour mettre en œuvre des solutions, il reste un frein indéniable pour leur application réelle : le critère économique. « En fonction des rénovations ou des projets, la facture peut en effet vite augmenter pour les travaux... Il faudrait donc mener une véritable politique publique pour la réhabilitation du bâti vacant ». Elle conclut : « L'architecture et le paysage nivernais ont une identité forte, marqués par un passé industriel riche. Leur intérêt patrimonial n’est pas toujours bien compris et il faut que cela évolue. Nous sommes là pour essayer de contribuer à ce changement de perception grâce à des réflexions collectives, indispensables pour faire émerger des projets solides et pleins de sens ». En attendant une nouvelle édition de la résidence architecturale et paysagère du CAUE en 2025, l'association organise régulièrement des balades villageoises pour découvrir l'architecture et le paysage autrement et conseille gratuitement les collectivités et les particuliers, notamment pour les bâtiments agricoles.

Logements vacants
Le CAUE 58 ne s'interdit pas de programmer une nouvelle résidence pour 2025. Crédit photo : CAUE 58.

Logements vacants

Dans un rapport de l'Insee de janvier 2024 (1), il est stipulé que de « En 2023, 3,1 millions de logements sont vacants en France hors Mayotte, soit 8,2 % du parc de logements. Depuis 1990, le nombre de logements vacants a augmenté de près de 1,2 million, soit une hausse de 60 %. Cette augmentation intervient essentiellement à partir de 2005 et atteint depuis 2,5 % en moyenne par an. Le nombre de logements vacants augmente ainsi 2,3 fois plus vite que le nombre total de logements entre 2005 et 2023 ». Plus spécifiquement : « Dans neuf départements de France métropolitaine, le taux de vacance des logements augmente de plus de 2,5 points entre 2009 et 2020 et atteint ou dépasse 11 % : la Creuse, la Nièvre, les Ardennes, le Cher, l’Yonne, l’Indre, la Meuse, l’Orne et les Vosges ».