De nombreux Côte-d'oriens misent sur leurs récoltes d'automne pour « relever la note » de l'année.
Bon, ça ne fera pas oublier les déceptions du mois de juillet, mais ce sera déjà ça. « Avoir les silos remplis et se dire que nous aurons assez de nourriture pour les vaches laitières est déjà un très bon point », affiche Emmanuel Sommant, agriculteur à Lamargelle. Cet exploitant de 34 ans imagine réaliser l'une de ses plus belles années en maïs : « avec tout ce qu'il est tombé, une chose est sûre : la culture n'a pas manqué d'eau comme d'habitude... La seule lacune de cette campagne de maïs viendrait peut-être d'un manque d'ensoleillement à un moment donné, mais on ne peut pas tout avoir... Par le passé, les plantes ont déjà été aussi hautes mais jamais d'une façon aussi régulière que cette fois. Les rendements pourraient monter jusqu'à 15 tMS/ha selon les analyses que nous avons faites. En plus de la quantité, la qualité devrait être aussi au rendez-vous avec les deux panouilles que nous trouvons sur chaque pied ».
C'est peut-être fait
Rencontré la semaine dernière, Emmanuel Sommant envisageait d'ensiler ce mercredi 11 septembre, selon l’évolution de la météo. Pour son tournesol, prometteur lui aussi, il faudra très certainement attendre la fin du mois voire un peu plus : « les têtes sont belles, je n'aime pas me lancer dans des estimations hasardeuses mais la barre des 20q/ha devrait être atteinte, ce qui serait plutôt correct compte tenu des faibles potentiels des parcelles où le tournesol se trouve cette année. Après, il faut bien le reconnaître, si les cultures d'été ne marchent pas bien après de telles précipitations, il vaut mieux arrêter tout de suite ! ». La troisième et dernière culture encore sur pied d'Emmanuel Sommant est à mettre à l'actif de son sarrasin, testé pour la première fois sur son exploitation : « je n'ai pas le moindre recul sur cette production, mais il a l'air plutôt joli. Dans tous les cas, ces récoltes d'automne devraient être bien meilleures que leurs homologues d'été avec des rendements de 47q/ha en orges d'hiver, 48 q/ha en blé et 36 q/ha en orges de printemps. En plus des aléas climatiques qui ont secoué tout le département, je suis persuadé que nous avons eu du gel à la méiose, ce qui nous a fait perdre entre 5 et 10 q/ha dans les orges. Encore pire que la quantité, la qualité est bien le plus gros point noir de 2024... Bien peu de contrats seront honorés ».
Tout le monde sur le pont !
Emmanuel Jager (au centre, à côté de Priscillia son épouse et derrière leurs deux filles Léna et Clélie) a ensilé ses 30 hectares de maïs les 3 et 4 septembre à Chaume-lès-Baigneux. L'éleveur de vaches laitières a pu compter sur les services des membres de sa famille, de la SARL Geliquot et de plusieurs collègues venu travailler en entraide. Patrick Baroche, Jean-Luc Ravier, Romain Sirot, Philippe Della Casa, Yan Champonnois, Ghislain Gallois et Hugo Perrauquin (salarié sur la ferme) avaient chacun une benne pour mener à bien le chantier : « Nous étions dix au total, avec Damien Sirot et moi pour tasser et Lucas Géliquot au volant de l'ensileuse. Oui, c'est une année à maïs ! Il en faudrait tout le temps des comme ça : les silos sont remplis et nous sommes bien parés pour l'hiver. Il y a de la qualité et de la quantité, nous devons tourner entre 40 et 45 tonnes brutes à l'hectare. Je n'ai pas fait le calcul mais cela devrait donner 15 tMS/ha, ce qui fait partie des très bonnes années ».
En contrepartie de l'aide reçue de ses collègues, Emmanuel Jager ira à son tour « donner un coup de main » à d'autres agriculteurs, pour la récolte de maïs ou d'autres travaux. De son côté, Lucas Geliquot, installé sur la ferme familiale voisine et salarié de l'ETA dirigée par Jean-Marc et Corentin, son père et son frère, continue d'ensiler du maïs pour d'autres clients : « Oui, la culture est plutôt belle cette année mais je n'ai pas encore de chiffres précis. Des récoltes comme celle-ci, il en faudrait plusieurs d'affilée ! Mais cela est rarement constaté... Les agriculteurs ont plutôt tendance à se décourager compte tenu des frais engagés et des résultats souvent décevants. Même si nous allons ensiler près de 800 hectares cette année dans un périmètre de 50 km autour de Chaume-lès-Baigneux, les surfaces en maïs sont en assez nette diminution, au profit de l'herbe ».