Thibaut Aubry collecte plus de 10 000 œufs chaque jour de l'année dans son élevage de poules pondeuses bio à Jours-lès-Baigneux.
Pour les éleveurs laitiers, l'astreinte, c'est la traite. Pour lui, c'est la collecte d'œufs. « C'est comme ça chaque matin, samedi et dimanche compris, depuis mon installation il y a cinq ans », présente le côte-d'orien Thibaut Aubry, qui ne s'attendait pas à notre petite visite « surprise » du 28 août, en plein pic de ponte. « En ce moment, près de 95 % des 12 000 poules donnent un œuf chaque jour, nous sommes à une moyenne quotidienne d'environ 11 500 œufs. Généralement, deux heures de travail suffisent pour les collecter via notre système automatisé, de 8 heures à 10 heures. Nous les mettons dans des alvéoles puis dans une chambre froide pour éviter tout écart de température. L'entreprise Cocorette vient les récupérer deux fois par semaine pour les amener ensuite à Amiens. Oui, Amiens, ça fait quand même un peu loin ! Avant, leur centre était à Nancy mais celui-ci a fermé », poursuit Thibaut Aubry.
On trie
Les œufs sales, fêlés, trop gros ou trop petits sont mis de côté : « ils seront déclassés mais tout de même repris par le centre de conditionnement qui les valorisera en casserie ». Le gérant de l'exploitation est épaulé depuis plus de deux ans par Aloïs Ehret, apprenti en BTSA Acse à la MFR de Quetigny : « son aide est la bienvenue car il faut avoir les yeux un peu partout et être assez minutieux, sachant que 4 millions d'œufs sont produits tous les 14 mois, durée correspondant à chaque lot de poules. Quand tout se passe bien, la collecte quotidienne ne prend effectivement que deux heures mais nous ne sommes pas à l'abri d'un problème électrique, d'une casse mécanique ou même d'un souci avec des poules qui peut nous prendre davantage de temps, parfois la journée ». La collecte pourrait se faire un peu plus tôt ou beaucoup plus tard dans la journée : « dans le premier cas, je dois reconnaître que je ne suis pas très matinal, alors ce créneau horaire me convient parfaitement ! Il nous est déjà arrivé de collecter l'après-midi, exceptionnellement, mais il y a forcément beaucoup plus d'œufs, au contraire du lendemain. Cela crée un décalage ».
Des projets
Une fois ce travail réalisé, « nous n'allons pas jouer à la pétanque pour autant », plaisante Thibaut Aubry, qui est en train de monter sa propre fabrique d'aliments : « l'idée est de gagner en indépendance… J'exploite aujourd'hui 100 ha de grandes cultures en bio : l'orge, le blé et la luzerne nourriront à terme mes propres poules. Pour être pleinement autonome, il me faudrait 600 tonnes et environ 300 ha de champs : j'en serai loin, mais ce sera déjà ça ». L'éleveur installe des cellules de stockage avant l'arrivée d'un broyeur à disque et d'automates pour faire tourner cette future fabrique. Thibaut Aubry, qui était passé dans nos colonnes en début d'année suite à une action syndicale FDSEA-JA menée dans un supermarché à Dijon, se félicite d'une évolution du prix de l'œuf : « il est passé progressivement de 15 à 17 centimes. Cette hausse est notamment due à l'augmentation des poulettes qui approchent désormais les 9 euros. Mais tout n'est pas rose pour autant car tout reste très cher. Notre fabricant nous vend l'aliment à 650 euros la tonne, alors que le blé bio nous est acheté à moins de 200 euros ! ».