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Contexte géopolitique

L'Europe l'a bien cherché

La guerre en Ukraine et ses conséquences en agriculture ont fait l’objet d’une réunion d’information la semaine dernière près de Dijon.

Par AG
L'Europe l'a bien cherché
Plus de 170 agriculteurs ont fait le déplacement le 4 mai à Ahuy.

La Chambre d’agriculture de Côte-d’Or vient de dédier un rendez-vous au conflit russo-ukrainien et à ses incidences sur les exploitations. Thierry Pouch, économiste spécialiste de la question, a fait la présentation d’un contexte géopolitique extrêmement tendu. Pour comprendre l’envolée des cours, l’intervenant a rappelé plusieurs données, dont les suivantes : l’Ukraine et la Russie représentent un tiers des exportations mondiales de blé, l’Ukraine en impose à elle seule avec 20 % des exportations de maïs et 50 % de la production d’huile de tournesol. Différents scenarii ont été présentés sur la « suite des évènements », le pire d’entre eux serait de voir l’Ukraine entièrement annexée à la Russie : cette nouvelle grande puissance, couplée à de probables alliances avec la Chine, l’Inde et les pays du Moyen-Orient, engendrerait une concurrence encore plus rude avec l’agriculture de l’Occident.

Que faire ?

Il paraît bien difficile, voire impossible, de se projeter dans une telle situation. Les questions sont d’ailleurs restées plus nombreuses que les réponses lors de ce rendez-vous organisé à la salle des fêtes d’Ahuy. Un élément est toutefois dans toutes les têtes : l’Union européenne est dans une impasse et « a l’obligation de revoir son mode de fonctionnement » selon Thierry Pouch : « Elle doit se projeter dans une dimension géostratégique qui inclut l’agriculture. Ce n’était pas encore le cas jusqu’à présent et oui, cela est fort regrettable car ses 27 pays membres détiennent des atouts agricoles colossaux. L’Europe s’est en quelque sorte reposée sur ses lauriers, il est dommage d’avoir attendu une telle guerre pour se réveiller ». L’économiste invite les agriculteurs à intégrer de plus en plus la dimension géopolitique dans leurs décisions : « il va falloir s’informer encore plus, suivre davantage ce qu’il se passe dans le monde, sachant qu’un conflit entre deux pays à l’autre bout de la planète peut avoir de très lourdes conséquences sur notre activité. Tous les acteurs agricoles ont un rôle à jouer : l’exploitant à son échelle individuelle, ses représentants professionnels, ses coopératives, les industriels de la transformation et évidemment les Pouvoirs Publics. Même si ce n’est pas toujours facile, l’idée est d’anticiper le plus possible pour mieux se positionner sur des marchés et tenter de sécuriser ses approvisionnements. Des exemples ? Si la récolte de blé s’annonce mauvaise à l’échelle mondiale, il paraît opportun d’en cultiver davantage, selon ses possibilités. Face à la pénurie d’huile, on peut imaginer qu’il va se faire davantage de tournesol, sous réserve d’avoir des unités de production. Il y a donc des démarches filière à adopter. Rien n’est évident, je le conçois, il peut se passer bien des choses après que l’on ait décidé son assolement ».

On positive

Thierry Pouch conclut cette réunion en adressant un message positif aux exploitants : « nous devons prendre conscience des atouts de l’agriculture française et être convaincus qu’elle a un grand rôle à jouer en matière de productions et d’approvisionnements, à l’échelle nationale mais pas seulement. Je pense notamment aux populations du bassin méditerranéen ».

 

 

 

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