Benoît Byrski, le nouveau sous-préfet de Beaune, s'est rendu à Censerey chez Édouard et Anne Beurton, à nouveau sinistrés depuis notre dernière publication de septembre.
Elle ne s’attendait pas à ce coup de téléphone. Anne Beurton, éleveuse sur la commune de Censerey, travaillait dans sa bergerie lorsque son portable a sonné. Le numéro ne faisait pas partie de son répertoire. Au bout du fil : Benoît Byrski, le nouveau sous-préfet de Beaune ! En poste depuis fin août, le haut fonctionnaire de 51 ans venait de prendre connaissance des problèmes de la jeune femme : il a souhaité la rencontrer. Non pas pour lui « vendre du rêve » au sujet du loup, espèce protégée et « cadenassée » au niveau européen, mais pour lui montrer son soutien et « essayer de faire quelque chose » avec les services de la DDT. La rencontre s’est déroulée vendredi dernier en présence de plusieurs éleveurs, responsables professionnels et personnes du village dont la mairesse Geneviève Mortier. Florence Laubier, directrice de DDT et Laurent Tisné, responsable Nature au sein du même organisme, étaient également présents.
Quatre à la suite
Anne Beurton est revenue sur ses différentes attaques, en montrant et en commentant les photos de ses animaux retrouvés morts. Après deux premiers sinistres au printemps et autant de brebis tuées, l’éleveuse de 34 ans, installée en décembre 2022, a perdu une agnelle dans la nuit du 1er au 2 septembre. Une nouvelle attaque a été déplorée le 20 septembre, quelques jours seulement après sa troisième perte relayée dans Terres de Bourgogne. « J’avais ressorti mes agnelles, mais le loup n’a pas mis longtemps à recommencer, malheureusement… Il s’agit cette fois d’une agnelle de renouvellement. Je ne sais plus quoi faire… Aujourd’hui, j’ai placé mes animaux dans le pré le plus éloigné de ce site, en compagnie de vaches », confie Anne Beurton.
Un conseil aux futurs sinistrés
L’éleveuse venait tout juste d’apprendre le niveau des indemnisations : 205 euros pour sa perte de début septembre et 240 euros pour cette agnelle de renouvellement. Ces montants ne prennent pas en compte le temps de travail supplémentaire engendré par ces attaques : « rechercher les animaux manquants, éparpillés et surtout, leur apporter tous les soins nécessaires par la suite est totalement omis, de même que le risque d’avortement. C’est dommage et je l’ai bien spécifié lors de cette rencontre ». Les deux brebis tuées au printemps ne seront pas indemnisées. Anne Beurton connaît la raison et passe le message à ses collègues éleveurs : « je ne toucherai rien car je n’avais pas contacté l’OFB. À l’époque, je ne savais pas que cette action était obligatoire dans les 72 heures. Une fiche dite réflexe existe et doit être respectée. Quand cela nous arrive pour la première fois, nous ne savons pas forcément quoi faire : on se dit que ça ne se reproduira pas, on hésite et on ne fait rien. Du moins, cela a été mon cas. Après, on regrette ».
Des filets pour pouvoir tirer ?
Les indemnisations sont une chose, le « règlement » du problème de fond en est une autre. La demande de pouvoir tirer et éliminer le loup a été formulée mais la réponse ne pourra pas être favorable. En effet, pour obtenir un tir de défense, les prés où évoluent les ovins doivent être protégés avec un matériel adéquat. Telle est la condition pour pouvoir passer la « vitesse supérieure ». Le sous-préfet a donc suggéré à l’éleveuse de « tenter le coup » en s’équipant avec du matériel qui serait gracieusement mis à disposition par la DDT. Anne Beurton et ses collègues éleveurs, membres du syndicat d’élevage ovin et de la FDSEA, ont relayé le point de vue de la profession : ces filets ne sont pas une solution contre le loup, ils ne sont pas adaptés à la région et nécessitent un temps de pose et d’entretien beaucoup trop important. Anne Beurton s’est néanmoins donné un temps de réflexion.