Apiculture
Une récolte « ridicule » et un fort taux d'essaimage
Comme la quasi-totalité des filières, l’apiculture est fortement impactée cette année à cause des conditions météorologiques, avec pour conséquence une récolte des différents miels très faible dans l’Yonne.
Comme le souligne Christine Busson, apicultrice à Fouchères (La ferme aux abeilles), « la saison apicole a commencé par une période de froid et de pluie. On s’est retrouvé avec des ruches qui avaient du mal à se développer au printemps. Alors, au moment de la floraison des colzas, le peu que les abeilles rentraient était mis dans le corps de la ruche et non pas dans les hausses ».
Conséquence : les corps ont rapidement été bloqués ce qui a déclenché de l’essaimage, la reine n’ayant plus de place pour pondre. « L’essaimage intervient lorsqu’une ruche est bloquée. Les abeilles forment des cellules royales pour élever des reines, cela implique alors que ces nouvelles potentielles reines chassent l’ancienne de la ruche, qui part avec une grosse partie de la colonie. Dans une ruche, il y a entre 50 000 et 60 000 abeilles. Lorsqu’il y a un essaimage, la reine part avec environ 30 000 abeilles. On perd donc une grosse partie de la population d’une ruche lors d’un essaimage », explique Christine Busson.
Les abeilles restantes continuent de butiner mais autoconsomment le nectar. « Il n’y en a alors plus assez pour produire du miel », précise-t-elle, et ce pendant de longues semaines. « Une ruche qui a essaimé fait que la production de miel n’a pas lieu pendant longtemps, jusqu’à la ponte de la nouvelle reine, quinze jours après. Il faut ensuite compter 21 jours pour que les abeilles naissent. Sachant qu’au départ, les jeunes abeilles ne sont pas butineuses, elles restent dans la ruche, alors pendant plus d’un mois il n’y a pas de possibilité de récolter du miel sur ces ruches-là. Une ruche qui a essaimé est catastrophique pour nous. On considère qu’elle ne produira quasiment plus de miel pour la saison ».
Outre ce phénomène, un autre a impacté la récolte : les ruches devenues orphelines. « Avec les pluies, on a perdu plein de reines lors de la fécondation, qui se passe dans le ciel. Celles-ci n’ont pas réussi à retrouver leurs ruches, la pluie les ayant désorientées. On s’est donc retrouvé avec un fort taux de ruches orphelines. Le souci est que si les reines n’ont pas pu pondre, ce sont les ouvrières qui se mettent à pondre, cependant, elles, ne peuvent pondre que des œufs de mâles. Ce sont donc des ruches perdues », continue Christine Busson.
Nourrir les colonies pour sauver les abeilles
Alors, quel est l’impact de ces phénomènes sur la récolte ? « La récolte est catastrophique », répond l’apicultrice. « Sur le miel de printemps, on a fait en moyenne 3 à 4 kg de miel par ruche, ce qui est ridicule. Normalement, cela va plutôt de 18 à 20 kg par ruche, au minimum. C’est très faible, d’autant plus qu’avec le froid, le miel a cristallisé dans les cadres de la ruche ».
En ce qui concerne le miel d’acacia, ce n’est pas mieux, malgré une belle floraison. « Là encore, on a connu la même situation, avec des nuits froides. Aussi, la fleur a été lavée abondamment par la pluie et n’a plus donné de nectar. La récolte est donc en moyenne de 2 à 3 kg de miel par ruche contre en moyenne 25 kg de miel à la ruche habituellement ».
Quant au miel de châtaignier, bis repetita. « Les ruches ont fait une demi-hausse. Les belles ont fait jusqu’à 7 à 8 kg de miel à la récolte et beaucoup n’ont rien eu du tout. La moyenne habituelle est de 15 à 20 kg par ruche ». « Parfois, on s’est retrouvé avec des miels qui n’étaient pas operculés et qui étaient remplis d’humidité. Il a donc fallu passer les cadres au déshumidificateur pour préserver la récolte ».
Au-delà d’une récolte très faible, certains apiculteurs ont même été obligés de nourrir leurs colonies pour que les abeilles ne meurent pas. « On en est là… », déplore Christine Busson.
Désormais, les apiculteurs espèrent une meilleure récolte sur les derniers miels restant, comme celui de sarrasin ou de tournesol, voire le miel de forêt, mais comme le dit Christine Busson, « pour celui-ci, il faut beaucoup de chaleur pour avoir du miellat, et là on est mal parti ».