Maïs
Méfiance face à la chrysomèle
Arvalis fait un point sur les populations de chrysomèles en Bourgogne-Franche-Comté. Les larves de ce ravageur attaquent les racines du maïs à la fin du printemps ou début de l’été sur maïs. Il n’y a pour l’heure pas de dégâts observés dans la région. Toutefois, le réseau d’épidémiosurveillance du Bulletin de santé du végétal (BSV) note un doublement des populations entre 2022 et 2023.
En 2023, 33 pièges chrysomèles ont été suivis en Bourgogne-Franche-Comté (BFC) de début juillet à début septembre (figure 1). Ces pièges ont été posés dans les zones à risques (monoculture ou quasi-monoculture de maïs, autour des zones où avaient déjà été piégés des insectes). L’année 2023 marque une nette progression des captures. Jusqu’en 2019, aucune ou peu de chrysomèles étaient observées dans le réseau. Le piégeage a fortement progressé à partir de 2021, avec, chaque année, un quasi-doublement des populations observées (figure 2). Par ailleurs, en 2023, c’est dans le département du Jura qu’on observe le plus d’insectes capturés. Si, à ce niveau de piégeage, aucun dégât n’est encore signalé, le retour d’expérience des régions maïsicoles d’Alsace et de Rhône-Alpes nous indique toutefois qu’il faudra être particulièrement vigilant ces 4-5 prochaines années, pour limiter au mieux la progression.
Comment repérer les dégâts ?
Les adultes sont attirés par les maïs en fleur : pollen, soie, jeunes feuilles semblent bien appétentes ! Les premières parcelles à fleurir peuvent donc concentrer des densités de populations adultes importantes. Cependant, les éventuels dégâts observés sur feuilles et sur les soies restent dans l’immense majorité des cas sans incidence pour les parcelles de maïs grain. Les dégâts les plus importants sont invisibles puisqu’ils impactent les racines : les premières couronnes de racines sont nécrosées, pénalisant l’ancrage et la nutrition en eau et en minéraux des maïs. Les pressions les plus importantes peuvent conduire à de la verse, très impressionnante. Cependant même en l’absence de verse, les dégâts sur racines peuvent provoquer une perte de rendement : un impact de l’ordre de 10 % a été observé sur une parcelle d’essai à potentiel élevé en irrigation non limitante en Alsace en 2023, sans symptôme visible. L’estimation des dégâts sur une parcelle nécessite dès maintenant de prélever plusieurs pieds de maïs, de nettoyer le système racinaire et de l’observer attentivement, en particulier les couronnes racinaires les plus anciennes, en coupant les racines plus récentes si nécessaire.
Quelles sont les situations à risque en 2024 ?
Les situations à risques correspondent aux parcelles en monoculture ou quasi-monoculture de maïs, qui ont présenté une population abondante de chrysomèles adultes l’année dernière. En effet, les adultes observés en vol l’an passé ont pondu dans les parcelles en maïs l’été 2023. Leurs larves s’alimentent des racines des maïs semés ce printemps dans ces mêmes parcelles. Il est trop tard aujourd’hui pour intervenir contre ces larves, les éventuels dégâts sur les maïs 2024 ont déjà eu lieu. Les conditions de culture à venir pourront soit amplifier l’impact de ces dégâts racinaires (stress hydrique fort) ou limiter leur expression (bonne alimentation hydrique). Par ailleurs, il est possible que les excès d’eau et l’ennoiement de certaines parcelles au printemps 2024 aient impacté la survie des larves, la chrysomèle étant sensible à l’hydromorphie de l’éclosion aux stades larvaires.
Comment limiter la progression de l’insecte ?
Seule la rotation culturale à l’échelle de la petite région agricole permet de contenir significativement la progression de l’insecte. Des travaux réalisés par Arvalis il y a quelques années ont par ailleurs mis en évidence que l’application d’insecticide au semis ne permet pas de contenir les populations de chrysomèle dans la durée dans les territoires où la monoculture de maïs est prépondérante, mais seulement de retarder la progression de l’insecte et l’apparition des dégâts de quelques années.