Interprofession viticole
Face aux défis à relever, un budget à la hausse

Berty Robert
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L’assemblée générale estivale du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne a débouché sur l’adoption d’un budget en hausse. Ceci dans le but de faire face à des défis, commerciaux ou environnementaux, d’une ampleur inédite.

Face aux défis à relever, un budget à la hausse
Le vignoble bourguignon fait figure d'îlot de prospérité dans un monde viticole français plutôt malmené mais il est important, pour le BIVB, de s'armer face à un avenir lourd d'incertitudes.

« C’est quand tout va bien qu’il faut prendre le temps de réfléchir ». En procédant à ce rappel, le 3 juillet à Beaune, lors de l’assemblée générale du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), son président, Laurent Delaunay, soulignait un aspect du contexte viticole global français : la Bourgogne va bien, mais elle est un « îlot » dans un océan de vignobles qui souffrent économiquement. Languedoc, Bordelais, Côtes du Rhône traversent aujourd’hui des difficultés. Si la Bourgogne est encore préservée, elle ne doit pas s’imaginer qu’elle est à l’abri. Elle sort de deux campagnes (2022 et 2023) qui ont assuré de très bonnes récoltes mais 2024 s’annonce beaucoup plus chaotique, avec une pression sanitaire très forte. Le président du BIVB voulait donc insister sur le fait que l’interprofession se doit de consacrer des moyens pour rester offensive sur plusieurs fronts : le matériel végétal face au changement climatique, le changement des habitudes de consommation, les réglementations phyto, la réduction de l’empreinte carbone… Il faut, pour cela, investir dans la recherche mais aussi la communication et être vigilant sur l’évolution des prix. François Labet, président délégué du BIVB, prévenait que « dans un contexte où le « Bourgogne bashing » menace, une certaine sagesse sur les prix nous permettra peut-être de circonscrire l’incendie ».

Un budget inédit

C’est dans ce cadre qu’a été présenté le plus important budget du BIVB jamais voté, d’un montant de 18,6 millions d’euros. Une partie sera consacrée à soutenir un « plan de bataille » pour la Cité des vins qui doit encore trouver son rythme de croisière. Dans l’absolu, l’exercice 2023, qui prévoyait un déficit de 409 000 euros s’est finalement clos sur un léger excédent de 50 000 euros et depuis 2018, le BIVB a augmenté ses réserves de près d’1 M d’euros. Les trois grands pôles qui structurent son action (Marchés et développement / Technique et qualité / Marketing et communication) s’inscrivent dans une logique de remise en question, notamment dans leur approche de travail. Pour le pôle Marchés et développement, cela passe par le développement d’études sur les coûts de vinification, mais aussi sur les consommateurs de demain. Parmi les outils qui existent déjà, ceux consacrés à la gestion des volumes produits, en observant finement les ratios de stocks entre appellations, permettent des remontées de données précieuses. La préoccupation vient d’un constat : l’extrême variabilité des volumes produits depuis 2010, à propos de laquelle Laurent Delaunay avait cette réflexion : « Les aléas climatiques ne peuvent être des outils de régulation du marché ».

Le rôle croissant de la R & D

Le Pôle Technique et qualité doit, lui, répondre au défi des enjeux qui se posent à la filière d’ici à 2030, en matière de structuration, de qualité des vins, ou de lutte contre les maladies… L’ambition est de devenir un centre de ressources techniques pour l’ensemble de la filière. L’un des axes forts pour 2025 sera l’œnologie « bas intrants », ce qui va impliquer de changer les Outils d’aides à la décision (OAD), afin d’apporter des réponses à des problèmes identifiés de longévité des vins. Les actions de ce pôle réclament une hausse des moyens budgétaires qui traduisent la nécessité de faire face à des enjeux inédits : il y a dix ans, il ne disposait que d’une seule personne pour les actions de recherche et développement (R & D), aujourd’hui, elles sont six… Du côté du marketing et de la communication, on peut noter la mise en place de partenariats avec des influenceurs présents sur les réseaux sociaux comme, par exemple, le sommelier Jonathan Belhassein, mais aussi le lancement prévu d’une campagne de communication sur des médias traditionnels et numériques destinée à attirer des jeunes. Le défi en la matière étant d’approcher cette cible dont les habitudes de consommation bouleversent le monde du vin, sans pour autant se couper de la clientèle des plus de 50 ans qui constitue la majorité des consommateurs de bourgogne. L’agence en charge de cette campagne devrait être connue dans les prochains jours.

L'économie des vins de Bourgogne

La Bourgogne c’est :

- 0,5 % de la production viticole mondiale

- Une production en baisse de 10 % en 2023 par rapport à 2022 à 237,3 M d’hl

- Une consommation des vins de Bourgogne en baisse de 2,5 % en 2023 par rapport à 2022

- 19 % des volumes vendus en grande distribution en France (en progression de 2 % en volume sur les 5 premiers mois de 2024)

- 50 % des volumes exportés en moyenne, soit 87 M de bouteilles en 2023 (en progression de 5,6 % sur le 1er trimestre 2024)