Moissons
Du blé à l'image de l'orge, le colza sauve l'honneur
La moisson se poursuit dans l’Yonne, entre les averses et les orages. Si le colza semble est la seule culture à faire ses rendements, la récolte de blé, elle, est à l’image de l’orge d’hiver : mauvaise tant en quantité qu’en qualité.
C’est à Brion que nous retrouvons Fabrice Polette, agriculteur à Arces-Dilo, en pleine récolte de blé dans une parcelle de son fils Adrien. Et à l’image de l’orge d’hiver, la déception est une nouvelle fois là. « Il n’y a pas de quantité ni de qualité », confie Fabrice Polette. « Déjà en orges d’hiver, l’un comme l’autre nous avons fait environ 50 q/ha de moyenne (contre 75 q/ha de moyenne habituellement). En blé, on ne va peut-être même pas arriver à cela », estime-t-il au premier jour de sa récolte de blé, le mardi 9 juillet. « C’est une catastrophe. Dans un champ comme celui où on est, normalement c’est 80 q/ha minimum. Là, on est 30 q/ha en dessous, c’est énorme ».
Quant à la qualité, le PS tourne autour de 75 pour le blé, « le taux de protéine est, lui, plutôt pas mal, mais c’est dû aux faibles rendements ». Pour l’orge d’hiver, « on a eu un calibrage moyen entre 70 et 75 de calibrage, ce qui n’est pas exceptionnel. Habituellement, on est plutôt à 85. Le taux de protéine était juste bon, entre 10 et 10,5 ».
Comment expliquer cela ? « Le souci, c’est que depuis le 15 octobre, il n’y a jamais eu deux semaines d’affilée sans pluie. L’excès d’eau a fait qu’il y a eu un mauvais enracinement des céréales et a favorisé le développement des maladies au printemps. Sur le blé, la septoriose s’est développée sur les feuilles et la fusariose sur épis. Les deux combinées font qu’on a un mauvais rendement et un grain de mauvaise qualité ».
Une situation similaire un peu partout en France
Selon Fabrice Polette, ce phénomène est loin de toucher uniquement le département. « J’ai des amis agriculteurs dans différentes régions qui me disent que la situation dans laquelle est l’Yonne est finalement assez générale sur l’ensemble de la France. La récolte est mauvaise tant en qualité qu’en quantité partout ».
Les agriculteurs espèrent voir remonter les cours des marchés, « mais si cela est le cas, ça ne compensera pas quoi qu’il arrive la perte de rendements. Ça limiterait toutefois la casse », dit-il.
Seule satisfaction pour l’heure : la récolte des colzas. « C’est la seule bonne récolte que l’on a faite chez mon fils pour l’instant. Les miens ne sont pas encore coupés mais sont beaux (son impression au moment où nous écrivons ses lignes). Chez mon fils, les rendements sont de 35 et 40 q/ha de moyenne, ce qui est très bien vu l’année actuelle ».
Alors pourquoi le colza s’en sort-il mieux que les autres cultures ? « C’est une culture qui a un cycle très long, qui est près de onze mois en terre. Et c’est une plante qui a une forte capacité à se refaire après un mauvais coup, ce qui n’est pas le cas du blé, par exemple, qui est beaucoup plus fragile », répond Fabrice Polette.
En espérant que ce ne soit pas la seule bonne récolte de la campagne…