Formation
Des métiers en tension et attractifs mais...
Consacrée au thème de la formation, la dernière session de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire a donné la parole à Vivea Bourgogne-Franche-Comté pour la formation continue des agriculteurs.
Lors de cette table ronde, le directeur d’AgroBioCampus Davayé, en Saône-et-Loire, Jean-Philippe Lachaize, avait pour tâche de dresser le panorama de l’enseignement agricole et viticole. Un exercice que la profession réalise et met à jour plusieurs fois par an pour anticiper les besoins de formations. Dans ce domaine, le contexte évolue vite comme le prouvent les intentions de fermetures du lycée du Velet ou la réduction de l’offre de formation dans des lycées agricoles ou CFPPA. Pourtant, en agriculture, comme en viticulture, les métiers en tension sont légion et cherchent de la main-d’œuvre compétente. Les chiffres 2023 du ministère de l’Emploi sont symptomatiques en Bourgogne-Franche-Comté (BFC) : 4 600 salariés viticoles ou arboricoles sont recherchés, 500 agriculteurs salariés, 200 salariés en maraîchage ou horticulture, 70 éleveurs salariés et c’est parfois pire pour des métiers spécialisés comme conducteurs d’engins agricoles et forestiers où 40 offres d’emploi sont non pourvues. Idem pour les 20 techniciens d’encadrement sur une exploitation agricole.
À chacun ses atouts
La concurrence entre secteurs d’activité ou filières se fait de plus en plus forte. Le préfet de Saône-et-Loire, Yves Séguy, met en garde l’agriculture et la viticulture : « vous n’êtes pas les seuls à être en recherche pour des métiers en tension ». Chaque filière fait valoir ses atouts. On retrouve de fortes demandes d’ouvriers non qualifiés en industries agro-alimentaires, d’employés de libre-service, d’aides à domicile… Le problème est qu’il y a une double urgence : avec 1 500 agriculteurs de Saône-et-Loire partants en retraites prochainement, les transmissions et reprises sont loin d’être assurées. Se pose la question des passerelles, avec des salariés qui peuvent être intéressés pour reprendre tout ou partie de l’exploitation. Il y a aussi la « perte » programmée de 10 000 lycéens dans les dix prochaines années en BFC. La démographie de la Région est mal embarquée. Sans réelle politique d’aménagement des territoires, les campagnes ne réussissent pas à combler le vide. La Région vient de lancer une initiative en ce sens, mais dans le même temps, l’État et le Conseil régional ont beau jeu de faire des économies sur la carte des formations agricoles ou d’investir pour moderniser les établissements. La profession agricole appelle les nouveaux députés à rapidement se repencher sur une loi d’orientation agricole ou non, pour « concrétiser une politique volontariste qui va chercher les élèves là où ils sont pour les convaincre qu’il est possible d’avoir des carrières et des parcours qualifiants, évolutifs et valorisants… » en agriculture.
« Formez-vous régulièrement »
En parlant justement de carrière qui évolue, les chef(fe)s d’entreprise agricole ont aussi plusieurs vies. De l’installation à la cessation, mille et un métiers sont pratiqués. Les vignerons disent souvent enchaîner les métiers dans une journée : chef d’entreprise le matin, commercial le midi, tractoriste l’après-midi ou encore secrétaire administratif le soir… et le week-end. Autant dire que les compétences sont larges. Mais sont-elles bien maîtrisées faute de formation initiale sur tous ces postes ? Tout le monde n’aime pas faire de la vente auprès de clients ou inversement se mettre dans la comptabilité. C’est pourquoi le président de Vivéa BFC, Anton Andermatt, invite ses confrères à se former régulièrement. Ce n’est actuellement pas le cas. Sur 30 534 contributeurs en BFC, seuls 6 401 en bénéficient. Et ce, en comptant les formations obligatoires (Certiphyto, Bien-être animal…). Évidemment, la réponse la plus fréquente étant : « je n'ai pas le temps », regrette Vivea qui ne ménage pas ses efforts pour rendre son offre de formation continue adaptée aux besoins et réalités terrains. Les stagiaires apprécient les échanges entre confrères, les cas pratiques. Vivea essaye d’anticiper les besoins futurs en proposant des formations sur la transmission, la résilience de l’entreprise par des pratiques adaptées au changement climatique, la création de valeur ajoutée ou, dernière nouveauté : l’humain au cœur du travail pour limiter la pénibilité avec des volets sur la gestion des salariés, des conflits internes.