Vie professionnelle - vie personnelle
Trouver la juste place du temps de travail
La Chambre d’agriculture de la Nièvre a réalisé une étude sur le temps de travail des agriculteurs. Ses résultats montrent une grande difficulté à déterminer précisément un point d’équilibre à atteindre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Aptimiz est le nom d’une application destinée à permettre aux agriculteurs de mieux gérer leur temps de travail. Elle a fait l’objet d’une présentation, récemment, au Marault, près de Nevers, à l’occasion d’une réunion du Comité orientation transmission-installation et c’est également dans ce cadre que la Chambre d’agriculture de la Nièvre a présenté une étude sur le temps de travail. C’est un fait, la question est aujourd’hui centrale dans la quête de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Que l’on se penche dessus à travers des études et qu’une start-up y consacre une application est significatif. Armand Sachot, l’un des cofondateurs d’Aptimiz soulignait, lors de sa venue au Marault, que se préoccuper de son temps de travail n’est pas forcément le fait des jeunes qui se lancent en agriculture : « Quand on a 20 ans, constatait-il, ce n’est pas à ça qu’on pense d’abord, mais c’est problématique puisqu’à cet âge, on en prend pour 20 ou 25 ans… »
Disposer de références
En décidant de consacrer une étude à cette question, la Chambre d’agriculture poursuivait plusieurs objectifs : redonner une valeur au temps de travail des agriculteurs et faire évoluer les références techniques et économiques dont elle peut disposer dans ce domaine. Réfléchir à l’amélioration de la gestion du temps de travail c’est déjà en avoir une connaissance fine et précise. L’enquête s’est appuyée sur un questionnaire envoyé par mail à des agriculteurs de la Nièvre au début du mois de février. Pour 62 % des personnes ayant répondu (126) la question de l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle donne lieu à des remarques négatives. 56 % des répondants affirment avoir des loisirs, et donc, 44 % n’arrivent pas à se ménager du temps pour cela. Globalement, beaucoup se disent insatisfaits de la place prise par le temps de travail mais sans pouvoir chiffrer précisément le déséquilibre qui en résulte. 70 % des personnes interrogées affirment prendre des vacances, mais pour la majorité d’entre elles, cette période ne va pas au-delà d’une semaine par an.
Rentabilité et passion
Se ménager du temps hors du travail ne se limite pas aux loisirs ou à la détente : nombre d’agriculteurs mettent à profit cet « espace » pour s’engager, que ce soit dans la vie associative ou la vie communale, deux notions qui participent, malgré tout, à un équilibre global. Ainsi, 58 % des répondants s’affirment engagés, que ce soit dans des responsabilités agricoles (syndicalisme), en tant qu’élu local, comme parent d’élèves ou encore dans un comité des fêtes. La majorité des personnes engagées consacre à cette activité entre une demi-journée et une journée par mois. Autre point important de cette enquête : une grande majorité des interrogées estime que son temps de travail a augmenté depuis son installation. Dans ses conclusions, l’enquête de la Chambre note que, quelle que soit la situation, l’intérêt pour le sujet du temps de travail est important. De manière générale, le milieu agricole est traditionnellement très engagé sur son territoire. La priorité est donnée au calcul des marges plutôt qu’à celui du temps de travail et globalement, malgré une certaine insatisfaction ressentie sur le plan de l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle, la mesure précise du temps de travail reste l’exception. D’ailleurs, pour expliquer la difficulté à mesurer cet aspect, certains invoquent… le manque de temps ! Pour les services de la Chambre, deux clés déterminent la question du temps de travail en agriculture : la rentabilité et la passion. Lorsque l’activité agricole est peu rentable, il est difficile de se libérer du temps. Par ailleurs, ce métier rime souvent avec passion, et lorsqu’on fonctionne selon une logique passionnelle, compter son temps n’est pas une priorité. La noblesse du métier d’agriculteur, mais aussi sa fragilité, sont tout entier résumées dans ce constat.