Bienvenue à la ferme
La clef de la stabilité ?
Laurent Auboussu (Ferme de Lolo à Saint-Hilaire-en-Morvan) a eu l'agrément Bienvenue à la ferme récemment. Il revient sur ce choix.
Installé au 1er janvier 2001 (en Gaec avec son père André, puis à son départ en 2008 en EARL), Laurent Auboussu, 45 ans, a reçu l’agrément Bienvenue à la Ferme en février. Un choix qui découle d’un remaniement global de sa vision de son exploitation : « je suis persuadé que cela est une plus-value pour mon activité » pointe-t-il. Pour comprendre sa position, il faut revenir un peu en arrière.
Le jeu en vaut la chandelle
La ferme de Lolo se compose de 165 ha (25 ha de cultures : blé, avoine, triticale pour de l’autoconsommation et de la vente ; 15 ha de prairies temporaires et le reste en permanentes), 110 Charolaises (non inscrites) et 100 brebis croisées Texel et Charollaises. Seul à la tête de l’entreprise, il commence à rencontrer des difficultés financières suite aux épisodes de sécheresse notamment : « Il fallait que je trouve une solution pour me dégager des revenus, car la situation devenait intenable avec un fonds de roulement devenu inexistant. J’ai donc décidé de monter un atelier de diversification en avril 2023 pour mes bovins (transformation en rillettes, pâtés, plats cuisinés), et aujourd’hui j’arrive à m’y retrouver même s’il faut avoir conscience de l’investissement nécessaire ». Sur ce point, il évoque l’argent alloué pour ce domaine : « Mis bout à bout, j’ai 6 800 euros / vache en diversification. Cela comprend : les frais d’abattoir (Luzy), l’accompagnement de Nature et région et la mise en bocaux (Luzy), avec le soutien de l’institut de l’élevage de Charolles pour la mise au point des recettes. Et, malgré cela, je commence à sortir la tête de l’eau financièrement ». Il espère retrouver un fonds de roulement confortable pour son entreprise d’ici trois ans.
Présence locale
En plus, il souligne le temps nécessaire à la diffusion des produits : « j’ai ouvert la boutique à la ferme, et je fais les marchés locaux à partir d’avril jusqu’à octobre, dans un rayon de 100 km autour de la ferme. Je suis également présents lors des marchés « l’Amour est dans le pré » puisque j’ai participé à l’émission. C’est d’ailleurs cette dernière et les contacts que j’ai eus avec d’autres collègues qui ont été un déclic pour me lancer dans la diversification ». Question rentabilité, il pointe que les retours économiques sont plus développés via les ventes en ligne et les marchés : « la boutique est loin derrière en la matière. Mais, je pense qu’avec l’agrément Bienvenue à la ferme cela sera amené à évoluer. Mon but est de me faire connaître localement afin que mes produits deviennent presque un réflexe d’achat pour les voisins et touristes séjournant dans les environs ». Pour lui, l’importance de la proximité est indéniable : « c’est le contact humain que j’ai retrouvé avec la vente de mes produits. Cela me permet de sortir un peu la tête du guidon et de créer des liens avec les gens. Le public a une écoute particulière pour nous, et salue notre travail. Je pense qu’il n’y a pas de reconnaissance plus importante que celle-ci ».
Envie d’un avenir
Malgré un enthousiasme sans borne pour son métier, et pour la vie en général, Laurent s’assombrit un peu lorsque l’avenir à long terme de la ferme est mis sur la table : « Mes enfants (17 et 15 ans aujourd’hui) ne reprendront sûrement pas l’exploitation. Ma fille n’est pas spécialement intéressée par la profession et mon fils voit le peu de retombées malgré les investissements fournis. Je pense que si nous ne trouvons pas de nouveaux débouchés à nos productions, et donc avec a minima des revenus assurés, plus aucun jeune ne souhaitera s’installer – ce que je peux comprendre. Il faut donner envie, et donner à voir l’avenir qu’une exploitation peut offrir ». Pour le moment, si Laurent se donne corps et âme pour son métier, il espère faire évoluer son EARL afin de dégager un peu plus de temps pour ses proches : « je pense réduire un peu le cheptel et me séparer des parcelles les plus éloignées. Je suis tout seul et sans main-d’œuvre cela devient un peu complexe à gérer. Avec la diversification et les retombées que Bienvenue à la ferme peut offrir, je pense que cette réduction sera bénéfique pour moi en termes de temps ». En attendant, Laurent continue de courir partout pour assurer ses engagements, avec un souvenir bien ancré dans son cœur pour tenir tous les jours : « moi avec mon grand-père pour mes premières leçons de conduite de tracteur… un souvenir simple mais qui marque ».
Renseignements : earl-de-la-chaume1@orange.fr ou au 06 27 58 64 27. Pour le réseau Bienvenue à la ferme : Clémence Guillaumet à clemence.guillaumet@nievre.chambagri.fr ou 06 47 86 89 21.