Interprofession
Vigilance nécessaire à tous les niveaux pour Interbev

Berty Robert
-
Lors de son dernier conseil d’administration, tenu le 25 février en visio, Interbev Bourgogne Franche-Comté s’est notamment intéressé au flux d’abattage des bovins et à la montée en puissance des protéines végétales. Deux thématiques qui réclament une attention particulière.
Vigilance nécessaire à tous les niveaux pour Interbev
Cette illustration montre les flux d’abattage bovins en Bourgogne Franche-Comté. L’évolution à la baisse depuis deux ans semble nette.
Les chiffres des abattages bovins en Bourgogne Franche-Comté (BFC) interpellent, au minimum, au sein de l’interprofession régionale bétail et viande Interbev. Réunis en conseil d’administration en visio le 25 février, ses membres ont découvert les chiffres 2020 émanant de Normabev, et ceux-ci ne sont pas bons. Par rapport à 2018, le nombre de bovins produits et abattus en BFC affiche une baisse de plus de 42 000 unités (voir illustration). Difficile de comprendre la ou les raisons d’une telle évolution, comme le soulignait Jean-Pierre Fleury : « Il se passe quelque chose, c’est indéniable, mais on ne sait pas quoi… » Yves Largy, président d’Interbev BFC, rappelait pour sa part que toutes les régions de France sont aujourd’hui devenues exportatrices de broutards. Une orientation des flux qui pourrait, en partie, expliquer cette baisse des abattages.
Abattoirs et Plan de relance
Cette baisse laisse d’ailleurs sceptique puisque, par exemple, Didier Touillon, dirigeant de la Sicarev, constatait qu’à son niveau, du moins, les abattages ont été stables en 2020. En annexe de cette thématique, les membres d’Interbev sont aussi revenus sur le nombre de projets concernant des abattoirs régionaux, déposés dans le cadre du Plan de relance. Ils seraient au nombre de 11, dont un abattoir mobile. Un point d’étape est prévu sur ces dossiers à la mi-mars entre la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) et la Région, sachant que les critères mis en avant touchent à l’amélioration du bien-être animal et à des investissements sur de la première transformation.
Autre sujet important abordé lors de ce conseil d’administration : l’avancée du dossier Label rouge. Cinq axes ont été validés :
- L’accompagnement à la conversion des rayons traditionnels en grandes et moyennes surfaces (GMS). À ce jour, en Bourgogne, on compte 16 GMS engagées dans le Label rouge ainsi que 14 artisans bouchers et, en Franche-Comté, 14 GMS et 13 artisans bouchers.
- L’accompagnement à la conversion des artisans bouchers.
- L’expérimentation du steak haché et de l’Unité de vente consommateur industrielle (UVCI) en rayons libre-service
- La mise en œuvre de la contractualisation à tous les maillons
- La facilitation de la mise à disposition de l’offre.
Il y a protéines et protéines
Il est une autre thématique qui préoccupe particulièrement au sein d’Interbev BFC aujourd’hui : celle de la place des protéines végétales. La question a été évoquée parce que se profile un concours portant sur ces protéines, au niveau régional. Or, ce qui inquiète, c’est l’éventuelle mise en concurrence des protéines végétales et des protéines animales. Les éleveurs sont conscients qu’au plan national, il y a une volonté de faire monter en puissance les protéines végétales. Une approche politiquement payante vis-à-vis des écologistes, mais qui, si elle devait se confirmer, agirait comme une menace supplémentaire pour un monde de l’élevage bovin déjà dans la tourmente. Au sein d’Interbev BFC, on se dit d’accord pour accompagner une campagne de communication concernant ce concours, mais pas au détriment des productions animales. Ce qui inquiète, c’est l’impression de flou autour de ce concours. « Personnellement», précisait Jean-Pierre Fleury, «je crains que l’on nous prépare à une substitution des protéines animales par les protéines végétales. La complémentarité promue dans le flexitarisme, c’est entre les protéines et les fibres, alors que là, on est plutôt sur protéines contre protéines… » Beaucoup, au sein de l’interprofession, ont le sentiment que le gouvernement entretient un flou sur cette thématique. Un flou qu’il sera important de lever si l’on souhaite une réelle implication de la filière.
La crise sanitaire a « asséché » le flot des manifestations diverses et variées qui permettait à Interbev de promouvoir ses métiers et ses productions. L’interprofession n’est pourtant pas demeurée inactive face à ce contexte, redéployant des actions auprès des milieux scolaires. Les élèves d’établissements agricoles ont ainsi pu découvrir les rôles et les missions d’Interbev tout au long de l’année 2020. « Ces interventions», précisait Yves Largy, président d’Interbev BFC, «sont d’autant plus utiles à la lumière des débats récents sur la place de la viande dans les cantines ». Interbev est aussi intervenu au sein d’une école de diététiciens du Territoire de Belfort et l’interprofession développe des liens avec ces professionnels de la santé dont le rôle est aujourd’hui très important. Dans le prolongement de ces questions sociétales sur la place de la viande dans l’alimentation, Michel Joly, éleveur bovin de Saône-et-Loire a insisté, lors de ce conseil d’administration, sur la nécessité d’inviter des responsables de collectivités ou d’administrations « afin d’expliquer qu’on peut faire des repas de qualité à base de viande. » Yves Largy a également souligné qu’Interbev comptait rencontrer les candidats aux prochaines élections régionales pour aborder ces thèmes avec eux et connaître leurs positions.