Gestion des risques climatiques
Des engagements non tenus concernant les prairies

FDSEA de l'Yonne
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Malgré l'accumulation d'orages et de fortes pluies, le dispositif de gestion des risques climatiques pour les prairies est inopérant sur la détection des pertes liées à ces événements et aucune solution n'est proposée aux éleveurs, ce que ces derniers déplorent.

Prairie
Cette année, les prairies ont aussi subi les fortes pluies entrainant d'importants impacts pour les élevages (crédit photo : Chloé Vincent).

L'année 2024 se démarque une fois de plus par son caractère atypique, avec des conditions météorologiques plus que déstabilisantes, impactant grandement les récoltes. Contrairement aux années précédentes avec des sécheresses répétées, cette fois-ci, ce sont les orages et les fortes pluies qui se multiplient. Toutefois, le dispositif actuel de gestion des risques climatiques pour les prairies est, de l’aveu de tous, inopérant sur la détection des pertes liées à ces événements sur les prairies, et aucune solution n’est jusqu’alors proposée aux éleveurs.
Pourtant, cette situation a entraîné une accumulation d'eau importante dans les prairies, avec des pertes évidentes, ce qui suscite une véritable inquiétude chez les éleveurs français, y compris en Bourgogne Franche-Comté.
L'indice de production des prairies (IPP) se base actuellement sur des observations satellitaires à l’échelle communale, calculées tous les dix jours de février à octobre, pour évaluer les pertes sur les prairies, à la fois pour les assurances et l'indemnisation de solidarité nationale (ISN).
Il est connu que l’indice établi sur l’observation satellitaire des prairies n’a pas la capacité de mesurer d’autres aléas que la sécheresse (même si l'année 2022 avait mis en lumière des problèmes majeurs liés à la sécheresse, notamment avec les vagues de chaleur et les pics de température).

La profession alerte… mais attend toujours

Les éleveurs de ruminants ont alerté à plusieurs reprises ces dernières années l’ensemble des acteurs du dispositif de gestion des risques climatiques sur les failles de l'outil de détection des pertes basé sur les satellites. L'État avait donc lancé, début 2024, un réseau de fermes de référence pour suivre dans le temps la corrélation entre l'indice et les données de terrain, afin de renforcer la confiance des éleveurs. Seulement, ce réseau ne couvre pas l’ensemble du territoire national et sa prise en compte n’est prévue qu’à partir de l’année prochaine.
Ainsi, à la suite des fortes mobilisations de début d’année, les pouvoirs publics avaient pris des engagements auprès des éleveurs de ruminants afin d’améliorer la gestion des risques climatiques sur prairies, avec l'objectif d'informer les producteurs de l’évolution de l’indice satellite, au fur et à mesure de l’avancée de la campagne ; de déployer totalement le réseau de fermes de référence, y compris dans les zones non couvertes en 2024, via le suivi de 200 fermes supplémentaires ; de faire évoluer les modalités de recours contre l’indice, afin de permettre aux éleveurs de solliciter une réévaluation de leur perte, sur la base de la réalité de terrain, et en s’appuyant sur les données des fermes de référence ; et d'améliorer l’indice satellite dans sa reconnaissance des pertes en cas d’évènement climatique.
Malgré ces engagements, les éleveurs de ruminants déplorent qu’aucune avancée ne soit à noter. Face à l’absence d’un dispositif fonctionnel pour cette campagne, notamment pour la gestion des pertes liées à la grêle ou aux excès d’eau, les représentants des éleveurs de ruminants appellent les pouvoirs publics de se saisir du problème, en lançant si nécessaire des expertises de terrain et des résultats des fermes de référence, afin d’indemniser tous les éleveurs qui auront subi des pertes lors de la campagne 2024.