« S'installer en… petits fruits »
Entre demande et possibilité
Pour son troisième volet de formation « S'installer en… », la Chambre d'agriculture de la Nièvre proposait de se focaliser sur la production de petits fruits.
Après noix (1) et les bambous (2), le troisième et dernier volet des formations « S'installer en… » de la Chambre d'agriculture de la Nièvre, se concentrait sur la production de petits fruits le 22 octobre dernier avec un focus plus particulier sur les fraises et les framboises. Ainsi, la rencontre débuta avec une première partie en salle, et l'intervention de Léa Nisolle, conseillère maraîchage de la Chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire. Les échanges ont débuté sur la mise en exergue des prérequis à avoir en tête avant la mise en place d'un atelier. De nombreux sujets liés à la production ont été abordés: les variétés à privilégier, les besoins en eau, la récolte avec la question du nombre de personnes nécessaires à avoir selon les canaux de commercialisation (libre-cueillette, marché de proximité, grande distribution…) ou encore le terroir et les caractéristiques agronomiques requises pour ce genre de production. Pour ce dernier point, les conseillers Chambre sont unanimes : une étude de sol est indispensable avant toute implantation. Des réflexions plus techniques ont été abordées notamment le fait de privilégier les tunnels de 4-5 m de large pour pouvoir faire les buttes (terre moins basse pour les travaux culturaux et pour la récolte, mieux drainée, …) ce qui est impossible à faire avec des tunnels nantais. Malgré tout, en maraîchage les surfaces cultivées ne sont pas extensibles, or la question de la rotation culturale doit être sérieusement abordée. La production hors-sol fut ensuite dépeinte comme une solution pour éviter les maladies du sol ou encore obtenir des périodes de production modulables. Après cette présentation axée sur la conduite technique d’un atelier fraise, Élora Petitgenet, conseillère diversification, circuit court à la Chambre de la Nièvre a présenté la réglementation en vigueur notamment sur la transformation des petits fruits via le « paquet hygiène ». Ainsi, pas d’agrément sanitaire obligatoire pour les produits végétaux mais bien une obligation d’avoir des produits sains et sûrs. Un dernier rappel concernant le plan de maîtrise sanitaire a été fait par la conseillère toujours dans le but d’avoir une bonne maîtrise de la sécurité alimentaire de ces produits transformés.
Sur le terrain
Afin d'illustrer les différents éléments présentés dans la matinée, la journée s'est poursuivie par une visite de l'exploitation de Mathilde Lafaye, à Sauvigny-les-Bois. Cette dernière propose, entre autres, des petits fruits et légumes à la cueillette. Mathilde Lafaye détaille l'implantation de fraises hors-sol : « nous avons fait ce choix car les sols s'épuisaient et nous aussi… Avec ce procédé, l'entretien est plus aisé pour les salariés et pour les clients la cueillette est plus facile, d'ailleurs, dans les serres, j'ai opté pour un jardin suspendu ». Quelle que ce soit le mode de production (hors-sol ou sous serre), «il faut bien réfléchir vos outils avant de s'engager, car ces investissements ne sont pas anodins. Il faut aussi faire vos choix en fonction de vos inclinations ».
Outre l'apect production, elle évoqua également l'accueil de la clientèle. « Il faut avoir une certaine philosophie pour recevoir des inconnus dans votre exploitation. Cela demande une ouverture d'esprit et un sens de l'accueil. Il faut aussi prendre le temps de leur expliquer simplement ce que l'on fait, avec pédagogie. De plus, il est important de les accueillir dans de bonnes conditions, dans une exploitation rangée… ce qui peut prendre du temps quotidiennement ». Elle pointe également la charge mentale qu'une installation peut engendrer : « pour s'installer en petits fruits ou en légumes, il faut un sacré mental, car vous aurez votre lot de moments écœurants. Pour tenir bon, il ne faut pas rester seul, il faut vous entourer. À mon sens, c'est l'énergie collective qui nous fait avancer, alors autant la choyer ». Enfin elle conclut : « actuellement, il y a une véritable demande de la clientèle en petits fruits que ce soit pour les fraises, les framboises ou les myrtilles. Le problème étant de pouvoir les produire à des coûts raisonnables et les proposer à un prix attractif pour le client...».
1. https://www.agribourgogne.fr/articles/26/04/2024/Avoir-la-noix-93580/
2. https://www.agribourgogne.fr/articles/17/05/2024/Bambou-a-l-infini-93724/