La récolte de tournesol affectée par la météo
Mieux vaut récolter que de laisser sur pied

Terres Inovia et Anamso
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Les semis tardifs de ce printemps, associés aux épisodes pluvieux répétés de ces dernières semaines et aux températures automnales, retardent la maturité et/ou les chantiers de récolte. Même si le mois d'octobre peut encore offrir quelques fenêtres pour moissonner, l'humidité persistante des tournesols soulève des questions concernant la faisabilité de la récolte et les coûts de séchage associés.

Mieux vaut récolter que de laisser sur pied
Il peut être préférable d’accepter de récolter un peu humide et engager des frais de séchage, plutôt que de prendre le risque de manquer une fenêtre de récolte et reporter le chantier. (Photo L. Jung/Terres Inovia).

Même si les parcelles de tournesol restant sur pied sont arrivées à maturité ou le seront courant octobre, il sera possible de rencontrer des difficultés pour atteindre la norme de 9% d’humidité, en fonction du scénario météorologique. Par conséquent, il peut être préférable d’accepter de récolter un peu humide et engager des frais de séchage, plutôt que de prendre le risque de manquer une fenêtre de récolte et reporter le chantier. Ce report pourrait en effet entraîner des pertes de rendement (verse, dégâts d’oiseaux, botrytis, etc.) et impacter les préparations de sol pour les semis de céréales.

Des frais de séchage

Quels sont les frais en cas de récolte à un taux d’humidité supérieur à la norme ?

Le tableau 1 propose des hypothèses économiques pour un rendement de 25 q/ha à 450€/t, proche du contexte de cette récolte.

Dans le cas d’une récolte à 12% d’humidité et une hypothèse de coût de séchage à 26€/t, la différence entre le produit brut (rendement aux normes x prix de vente) et les frais de récolte incluant le séchage est de 872€/ha.

Selon cette même hypothèse, si le report de la récolte devait conduire à la perte de la culture et à son broyage, le manque à gagner par rapport à une récolte dans les conditions précédemment décrites, serait de 925€/ha (tenant compte du coût du broyage estimé à 53€/ha pour détruire la plante).

En conditions de récolte humides, le taux d’impuretés peut dépasser la norme de 2% (voir hypothèses retenues dans le tableau). Dans ce cas-là, d’éventuels frais de nettoyage peuvent être appliqués mais ils ne sont pas inclus dans les calculs présentés ci-dessous.

Par conséquent, et comme dit l’adage, « Mieux vaut un tiens que deux tu l’auras ».

 

Tableau 1 : Simulations des résultats économiques liées à la récolte du tournesol selon différents taux d'humidité de graine, dans un contexte de rendement à 25 q/ha et un prix de graine de 450€/t.
AngioStop : une piste explorée pour accélérer la récolte des tournesols
Évolution du tournesol en 4 jours après application d'AngioStop, comparée sur le même délai à un témoin non traité. (Source Anamso).

AngioStop : une piste explorée pour accélérer la récolte des tournesols

Depuis plusieurs années, l’Anamso (Association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses) œuvre à la recherche d’alternatives à la disparition du Réglone, produit dessiccant aujourd’hui interdit. Parmi les différentes pistes explorées, celle de l’utilisation de l’AngioStop (engrais CE), proposée par AgroNutrition, couplée à du matériel spécifique.

Ce produit, appliqué avec un automoteur (enjambeur) sur des plantes entre 30 et 40 % d’humidité (humidité de l’échantillon brut), agit par contact et assèche le tiers supérieur de la plante ; ce qui facilite la récolte. Néanmoins, la tige et les feuilles inférieures peuvent rester vertes, ce qui nécessite l’utilisation de matériel de récolte adapté pour ne récolter que le capitule (coupe spécifique tournesol ou cueilleurs). Avec un autre type d’équipement tel que la coupe à céréales à paille adaptée avec des plateaux, le risque est de faire monter trop d’organes verts. Cela entraînerait d’importantes difficultés de battage, notamment le bouchage des grilles et une augmentation du taux d’impuretés.

Le coût indicatif de l’AngioStop est de 60 €/ha pour une application à 15 l/ha avec un volume d’eau de 100 à 120 l. L’application doit être suivie de la récolte sous 4 à 6 jours. Aucune perte d’humidité sur graine n’est à attendre de ce produit qui agit sur le taux d’humidité de l’échantillon brut. Ainsi, un échantillon brut à 30 % d’humidité peut être ramené à 18 %, uniquement lié à la perte d’eau dans les impuretés, et notamment dans les morceaux de capitules.

Cette solution, coûteuse et nécessitant l’utilisation de matériels spécifiques pour l’application et la récolte, ne peut s’adresser qu’aux situations les plus tardives. D’un point de vue économique, elle peut offrir un gain net par rapport à une destruction des parcelles. Il reste néanmoins nécessaire de s’assurer que l’organisme stockeur soit en capacité de réceptionner et de sécher la récolte.

(Source Anamso)