Une culture à redécouvrir
Le sainfoin intéresse de plus en plus
Faire émerger une filière agroécologique autour du sainfoin, dans l’Aube, c’est l’objectif de la coopérative Sainfolia. Pour présenter les avancées scientifiques de la plante, ses débouchés de plus en plus nombreux, et créer une émulation entre les différents acteurs, dont certains en Côte-d’Or, des rencontres nationales se sont tenus en juin.
On connaissait le granulé déshydraté à base de sainfoin pour améliorer la santé animale, notamment la résistance antiparasitaire, l’amendement organique pour soigner les plantes. On connaissait les vertus agronomiques de cette culture bas-intrant, économe et résistante notamment aux aléas climatiques, mellifère (la coopérative Sainfolia, à Viâpres-le-Petit, dans le nord de l’Aube, a produit cinq tonnes de miel l’an dernier grâce aux 400 ruches implantées en bordures de champs). Ce que l’on sait moins, c’est que le sainfoin dispose de bien d’autres atouts et applicatifs, répondant pour certains à un enjeu environnemental d’actualité : celui de la médiatique et controversée réduction des rejets de méthane par les ruminants. « Le sainfoin n’est pas une plante miracle, mais elle a beaucoup de qualités et notamment la diversité des solutions qu’elle permet », soutient Pascale Gombault, présidente de Sainfolia.
Faire émerger un écosystème
C’est pour présenter ces alternatives et innovations que la coopérative, dont la partie aval est gérée par Multifolia, organisait mi-juin des rencontres nationales. « Au même titre que La Chanvrière avec le déploiement du chanvre dans la région, nous avons l’ambition de faire émerger un écosystème autour du sainfoin dans notre département », affiche Pascale Gombault. La coopérative, qui a remis la culture de cette plante à fleurs roses au goût du jour il y a une douzaine d’années, produit et commercialise 6 000 tonnes de sainfoin sous différentes formes. Le fruit d’un travail scientifique qui a été intégré à la structure : 10 % du chiffre d’affaires est fléché vers la recherche et le développement. Pour y parvenir, Multifolia travaille en étroite collaboration avec l’Inrae. Face à une demande croissante tant pour l’alimentation santé animale que pour l’amendement organique, au service notamment de la vigne, la coopérative a développé ses surfaces. Aujourd’hui, 80 adhérents cultivent 800 hectares de Sainfoin, principalement dans l’Aube mais aussi la Marne, la Haute-Marne et la Côte-d’Or.
Développement à taille humaine
« Nous avons reconstruit une filière qui avait disparu et nous voulons asseoir le leadership du sainfoin en France, ici dans notre département, complète la présidente de la coopérative. Nous travaillons avec des usines de déshydratation partenaires sur place et nos avancées scientifiques nous permettent désormais d’avoir une visibilité nationale ». La coopérative et ses adhérents ont toujours souhaité un développement à taille humaine, invitant chaque année de nouveaux membres à venir grossir les rangs, ainsi que les surfaces d’une culture intéressante aussi, en zone à enjeu eau, dont la marge nette s’affiche entre 300 et 400 euros de l’hectare. Mais alors que manque-t-il à la filière pour émerger et rayonner plus largement ? De quelles avancées techniques le sainfoin peut-il encore disposer pour étendre son rayonnement ? Comment cette culture peut-elle participer aux enjeux environnementaux tout en ayant un impact positif sur la gestion sanitaire des troupeaux ? C’est à toutes ces questions qu’ont tenté de répondre les différents intervenants lors des rencontres nationales. Parmi eux, Christian Huyghe, directeur scientifique de l’Inrae, chercheur très impliqué dans les néonicotinoïdes, a apporté sa vision sur la transition agroécologique à mener pour parvenir à structurer une filière innovante qui n’a pas fini de faire parler d’elle.