Élections européennes
Huit candidats sur le « grill » agricole
Les candidats aux élections européennes étaient invités par la FRSEA et JA Bourgogne-Franche-Comté à présenter leur projet politique pour l’agriculture, dans le Jura. Huit candidats de six listes ont répondu présents.
Dans le cadre des élections européennes du 9 juin, la FRSEA et JA BFC ont invité les candidats issus de la région pour avoir une présentation des programmes agricoles des différentes listes. Cette rencontre s’est déroulée le 29 mai dans le Jura, au Gaec du Grand Meix, à Saint-Baraing, près de Dole, chez Loïc et Antonin Reverchon. L’animation de la rencontre a été assurée par Christophe Chambon, président de la FRSEA BFC et Thomas Lemée, président de JA BFC.
Trois questions ont été posées au préalable aux candidats :
- Comment améliorer le revenu des agriculteurs et assurer le renouvellement des générations ?
- Comment assurer notre souveraineté alimentaire et maintenir nos capacités de production ?
- Comment concilier conservation de la nature et production alimentaire ?
Les candidats, dont l’ordre de passage a été tiré au sort, sont intervenus à raison de 10 minutes par liste pour répondre aux 3 questions principales. La rencontre s’est déroulée dans un climat respectueux salué par les représentants de la FRSEA et JA qui ont remercié les 8 candidats de s’être prêtés à l’exercice. Nous reprenons ici une partie des réponses apportées à deux thématiques : le revenu des agriculteurs et la problématique du loup.
Sur l’amélioration du revenu des agriculteurs :
- Violaine Gillet (PS/PP) : « Notre programme répond à un défi simple : produire de la nourriture en quantité, de qualité, en proximité et à prix maîtrisé. Cela nécessite une juste rémunération des agriculteurs, une répartition de la valeur captée par l’industrie et la grande distribution et un renouvellement des générations en agriculture. Sur les 338 mesures de notre programme, 62 mesures sont en lien avec l’agriculture et l’alimentation. Nous proposons un axe fort sur la souveraineté alimentaire avec une gestion des crises efficaces, une gestion stratégique de nos stocks alimentaires, des clauses miroirs… Nous devons passer de la PAC uniquement « agricole » à une « Politique agricole ET alimentaire commune », construite de manière simple, avec les parties prenantes, et en plafonnant le versement des aides. »
- Évelyne Guillon (Alliance Rurale) : « L’Europe a été détournée de ses objectifs, il faut remettre un peu de bon sens… Nous prônons l’autonomie alimentaire : pouvoir consommer une alimentation régionale ou nationale. Arrêtons d’importer des produits qui ne souffrent pas des mêmes normes qu’en France. »
- Anne Maillard (Les Écologistes) : « Je suis soucieuse de l’alimentation et de la préservation des agriculteurs face à l’augmentation des zones construites et des grandes surfaces… Le projet écologiste pour l’agriculture est un projet en lien avec la vie quotidienne. Notre priorité est de garantir un revenu digne aux agriculteurs, une agriculture de production, qui existe déjà, avec un schéma d’aménagement qui protège de toute urbanisation… »
- Jacques Ricciardetti (Rassemblement national) : « Nous avons été les premiers à développer des idées de souveraineté alimentaire et de patriotisme économique… Nous voulons sortir l’agriculture du carcan européen pour arriver à une exception française. L’agriculture est un levier de croissance, nous ne sommes surtout pas dans la décroissance… Il faut que 100 % des cantines scolaires donnent à manger des aliments issus de la production française. Il faut réserver les marchés publics aux producteurs français. »
- Jérémy Decerle (Renaissance) : « En tant que député, je suis comptable d’un bilan. Nous avons essayé de garder un budget conséquent pour la PAC. Grâce à la profession et à la Région, nous avons pu mettre la pression pour que les pays européens soient volontaires pour garder ce budget. La France a aussi bataillé pour maintenir les paiements couplés […] Sur la simplification de la PAC, vous pouvez être exigeant. Suite aux mobilisations, il y a eu quelques mesures pour simplifier autour des 4 % de jachère obligatoires, le retournement de prairies, pour redonner une souplesse nécessaire. […] Nous souhaitons organiser une force de contrôle pour éviter de laisser entrer des produits qui ne respectent pas nos règles. Tout en restant dans les accords de commerces, avançons sur les clauses miroirs et sur la réciprocité. Pour la prochaine PAC, on veut avancer sur la question des actifs agricoles. Cela ne veut pas dire que l’on ne veut plus d’aide à la surface mais l’élément déclencheur de la PAC ce doit être les hommes et les femmes et pas les hectares […] »
- Matthieu Bloch (Les Républicains) : « On vous pond des textes, le green deal, avec des dispositions normatives, on vous pointe du doigt et on fait de l’agribashing… Vous avez toujours été des producteurs consciencieux, avec des aliments de qualité. Si la France est le pays de la gastronomie, ce n’est pas pour rien ! Il n’y aura pas de pays sans paysans, pas de France sans vous… Notre programme prévoit d’inscrire l’agriculture et la pêche dans le droit européen comme étant d’intérêt général européen majeur. Sortir de l’Europe ? Non, faisons attention, car la balance européenne est bénéficiaire et l’isolationnisme serait suicidaire. Nous ne voulons aucun accord de la part de la France si cela met en péril la production agricole française. Nous voulons ajouter un principe de non-régression économique : aucune règle ne doit être votée si elle implique une baisse de la production en Europe. »
Sur le loup :
- Évelyne Guillon : « En tant que présidente de la Fédération des chasseurs de Saône-et-Loire, je peux vous parler du loup et des attaques perpétuelles subies par les éleveurs. Le loup n’est plus une espèce en voie d’extinction, nous avons dépassé les 500 animaux sur le territoire. Le déclasser permettra aux éleveurs ou aux chasseurs, à la demande de l’éleveur, de prélever dès la première prédation. »
- Anne Maillard : « En élevage, nous pouvons regarder les bonnes pratiques de nos voisins et les adapter chez nous, installer des protections, passer du temps à dresser des chiens, réinstaller des bergers… Tout cela doit être pris correctement en charge par la collectivité. »
- Jacques Ricciardetti : « Nous n’allons pas laisser le loup pour préserver les forêts et foutre en l’air l’agriculture. »
- Violaine Gillet : « Il faut trouver des moyens de se défendre contre les prédateurs par la protection et le prélèvement quand c’est nécessaire. Apprendre à se parler en fait, il n’existe pas de solution idéale. »
Les candidats présents
- Violaine Gillet (Parti socialiste/Place publique)
- Évelyne Guillon (L’Alliance rurale)
- Anna Maillard (Les Écologistes)
- Jacques Ricciardetti (Rassemblement national)
- Jérémy Decerle, député européen (liste de la majorité présidentielle Renaissance, Modem, UDI, Horizons, Parti radical)
- Matthieu Bloch (Les Républicains-Les Centristes)
- Patricia Lime-Vieille (Les Républicains-Les Centristes)
- Thomas Ryat (Les Républicains-Les Centristes)